Devilman Madness : La Flamme Éternelle

Chapitre 19

Chapitre 19

-Rin-

22 Juillet 2006, Village des Purs

Quelques jours plus tard, nous nous levons tous à la même heure le soir. Après un repas copieux, nous nous préparons pour les cours à l’Académie.

Finalement, selon Jo, le karaoké fut un désastre alors qu’Asuna et moi étions dans la forêt. De plus, Asuna et moi nous ne nous sommes pas reparlés depuis, du moins nous n’abordons pas le sujet du moment dans la forêt. C’est encore tendu entre nous, mais je sais qu’elle me cache quelque chose d’important. Et c’est sûrement à cause de ça qu’elle a essayé la méditation.

D’habitude, je faisais le trajet avec Eater et les autres, cependant aujourd’hui la température était agréable. Malgré tout, ce n’était pas ma véritable motivation : j’espérais plutôt rattraper Asuna, qui est partie beaucoup plus tôt.

Sans donner d’explications à Jo, je pars de mon côté, sur les chemins de terre traversant les marchés et les rangées résidentielles. Une légère brise fraîche vient me fouetter le visage, mais cela ne m’empêche pas d’avancer plus vite. Seules la Lune et les lanternes sur les clôtures me permettent de voir où je mets les pieds; seulement quelques autres étudiants sont sur les chemins et très peu d’habitants, puisqu’il est encore très tôt le matin.

Arrivé là-bas, je traverse les grandes portes, m’engouffrant dans le rez-de-chaussée avec une rafale de vent. Sur l’immense tableau de bord, des affiches de travails dans tous les genres étaient accrochés; mais plus que tout, Asuna était debout, en face, à lire les annonces. J’accoure jusqu’à elle, à peine essoufflé.

-Tu es partie plus tôt ce matin, fis-je, plus une affirmation qu’une question.

-Oui, réponds-t-elle, en se tournant vers moi. Je voulais regarder les nouveautés, pour Neliel et moi. Mais mon frère dormait encore comme s’il s’apprêtait à hiberner.

Encore une fois, l’entendre parler de ce démon comme son frère m’étonnait; je n’avais pas encore réussi à m’y habituer, malgré toutes ces semaines qui avaient passées depuis cet événement. De plus, son choix d’expression me fait hausser un sourcil, surpris. J’allais lui donner des conseils et quelques petits règlements stricts sur ces missions, cependant un étudiant arrive et nous bouscule.

-Monstre, crache-t-il dans ma direction. Va te cacher dans ton village.

Il ne fait même pas un troisième pas qu’Asuna l’attrape par son chandail, par derrière, la tête baissée.

-Hé, toi…

Stupéfait au son menaçant de sa voix, je recule d’un pas; quant au gars, il se retourne vers elle en repoussant brusquement son bras dans un clac!

-Ah, parce que la nouvelle protège le gars impur ? s’écrie-t-il, en balançant les bras. Si c’est juste pour te faire de lui un ami, tu fais vachement pitié.

Elle le prend par le col de l’uniforme, mais avant que j’aie pu l’arrêter, Asuna le frappa d’un coup de poing, l’envoyant valser au sol.

-Bastard, tu ne devrais traiter de monstre quelqu’un qui a sacrifié sa famille et son passé pour prouver à son shikai ainsi qu’aux autres qu’il est prêt à tout pour être de votre côté.

Puis, elle repart à l’extérieur de l’Académie, furieuse. Je ne sais pas exactement ce qui l’a mise en colère à ce point sur mon compte, mais j’en avais une petite idée.

-Vous… allez le payer, dit l’autre, du sang sortant de sa bouche.

Je soupire en fermant les yeux, découragé. Cette fille ne savait donc pas comment minimiser sa force. De plus, cet étudiant était Vrael, un cinquième année comme moi, mais de classe première. Les classes premières étant les plus douées, Vrael était donc un orgueilleux et vaniteux, se croyant meilleur que tout. Il n’allait donc pas tarder à répliquer, ce qu’il avait le droit de faire comme l’était retranscrite la règle numéro trois dans la liste des règlements. Je devais absolument retrouver la fille de Satan. Cependant, je commençais à deviner son endroit favori : la forêt.

C’est là-bas, adossée à un arbre, que je la trouve avec peine et misère, car la lumière ne se rend presque plus dans cette région inhabitée.

-Il y a juste trop de gens méprisants, marmonne-t-elle en m’entendant arriver.

-En tout cas, je peux te dire que tu as bel et bien assommé son amour-propre, dis-je avec un rire nerveux. Cependant, je…

Je m’arrête, surpris. Asuna s’était approchée de moi, la tête baissée, en posant sa main sur mon cœur. Je ne pouvais pas voir les émotions dans ses yeux à cause de ses longs cheveux sur son visage, mais je les devinais en entendant sa voix, enrouée et douce.

-Ashal m’a raconté, à propos de ton passé. S’il te plaît, Rin, ne redeviens pas comme avant et ne te laisse pas piétiner par les autres. Reste comme tu es.

Je fais une grimace au son de la première phrase, mais par la suite je me mets à sourire, toujours plus étonné. Finalement, quoi qu’un peu hésitant, je lui prends le poignet pour l’attirer vers moi et je l’enlace; nous restons ainsi pendant quelques secondes, silencieux.

Soudain, le son de bombardements et de cris se font entendre. Asuna se détache de moi, inquiète.

-Qu’est-ce qu’il se passe ?

-C’est mauvais, répondis-je.

Ensuite, une alarme résonne à partir de l’Académie; toutes les lanternes et les lumières extérieures sans exception se mettent à clignoter et s’éteignent en moins de dix secondes, laissant les ténèbres engloutir le village entier. Un deuxième rire nerveux me monte à la gorge.

-Ce sont… les Impurs. Ils viennent d’attaquer le village.