Devilman Madness : La Flamme Éternelle

Chapitre 24

Chapitre 24

-Rin-

12 Août 2006, Village des Purs

Deux semaines plus tard…

Je m’éveille enfin, et la douleur à la tête m’est insupportable. J’ai l’impression d’avoir tapé dans le mur plus d’une centaine de fois. Peu à peu, mes paupières se soulèvent, s’adaptant à l’excès de lumière dans la pièce. Ma vue est encore brouillée, mais je distingue facilement le soleil à travers les rideaux de la fenêtre. Lentement, je me relève sur mes deux jambes et parviens jusqu’à la fenêtre en titubant. J’ouvre en grand les rideaux pour laisser filtrer correctement le soleil et mes yeux se plissent par réflexe. Combien de mois, voir combien d’années, avais-je donc vu le soleil, l’énergie qui nourrit tout être vivant ?

En me tournant la tête vers la porte, je vois le calendrier. Il affiche le mois d’Août, et toutes les cases jusqu’au douzième jour sont encerclés en rouge. Pourquoi… des cases rouges ? S’était-il passé quelque chose de grave… pour que je ne m’en souvienne pas ?

Je laisse les rideaux et ouvre tranquillement la porte pour ne pas réveiller tout le monde. Pourquoi je ne dormais pas comme eux ? Avais-je donc fait une trop grosse sieste et séché les cours à l’Académie ? Ce devait être à cause de ça.

Je me rends jusqu’à la salle de bains, car mon visage est étonnamment collant. J’active le jet d’eau froid et prend une petite serviette. Après m’être lavé fraîchement le visage, je lève la tête pour me regarder dans le miroir. Rien ne semblait avoir changé.

C’est à ce moment-là que mes souvenirs reviennent, tout d’un coup. Une lumière blanche m’aveugle soudainement; en moins d’une seule seconde, je me remémore les actes d’Aki, puis le départ d’Asuna. Ses paroles, après m’avoir embrassé le front, me rendent nerveux.

J’écarquille les yeux de stupeur. Idiote ! Elle était partie, simplement comme cela; Satan avait gagné. Il allait avoir ce qu’il voulait pour prendre le pouvoir : La puissance que possédait sa fille, l’unique obstacle qui pouvait mener à sa perte.

Je m’élance vers la porte, mais je n’ai le temps que de voir une queue noire me fouetter le visage avant qu’une main me retienne par la gorge. Neliel.

-Tu t’en souviens, n’est-ce pas ? dit-il sèchement, sans me lâcher.

Je hoche la tête le plus vivement possible, et je me retrouve les deux pieds sur terre, la gorge à peine douloureuse. J’enviais définitivement la force exclusive des démons.

-Neliel, nous ne pouvons pas la laisser comme ça, Satan…, dis-je en haletant.

-Ça fait deux semaines, Rin.

En me souvenant du calendrier et tous les jours gribouillés d’un X en rouge, je me crispe et je n’y peux rien quant à ma réaction instantanée : j’agrippe le chandail du jumeau d’Asuna. Je me mets à hurler contre lui, puisque plus rien n’importe.

-Tu… tu l’as laissée seule pendant tout… tout ce temps ? Seule avec lui… et mon psychopathe de frère ?!

-Rin, je…

-Tu n’es pas digne d’être son frère !

Je le lâche, craignant d’aller plus loin, et je me retourne vers ma chambre pour aller me changer, mais je ne sens qu’une douleur à la nuque avant de m’écrouler.

***

Je reviens à moi une vingtaine de minutes plus tard, allongé sur le sofa dans le salon au rez-de-chaussée. En voyant le visage de Jo, penchée si près de moi, je sursaute et me relève subitement en position assise tout en l’accrochant au passage. Elle porte sa main à son front en échappant une plainte, une grimace sur le visage. Je recule le plus que je le peux en la voyant prendre un air aussi mécontent que je connais assez bien.

-Ohé, petit con…

Heureusement, Eater l’arrête alors qu’elle me prenait par le col de mon chandail.

-Jo. On a d’autres problèmes plus importants que ta crise colérique.

-…Petit con, tu n’as même pas été capable de la protéger de ton démoniaque de frère, me crache-t-elle au visage avant de me lâcher.

Cael la pousse au passage avant de s’asseoir près de moi. Son devoir envers son maître impliquait le fait qu’il devait toujours être près de moi, prêt à me soutenir à n’importe quel moment contre n’importe qui. Elle lâche un soupir, ayant compris, puis va rejoindre Eater, son propre maître, calmée. Resté silencieux et discret depuis le début dans l’ombre, Neliel allait parler lorsque je l’interromps, la tête baissée.

-…Je comprends. Je sais bien que j’ai échoué à veiller sur elle ! Ne pensez pas qu’à vos sentiments, mais aussi aux miens, à ce que je dois bien ressentir depuis ce jour ! Et s’il lui arrivait de quoi là-bas, ce serait de ma faute… et je ne crois pas que je me le pardonnerais.

Par la suite, Jo s’excuse, culpabilisée. Un silence de malaise s’ensuit.

-Alors… On fait quoi, chef ? demande Eater, une pointe de sarcasme dans la voix.

-J’ai déjà un plan, répond Neliel, mais avant tout Lucam a demandé à parler à Rin dès qu’il se réveillera. Cela dit, c’est le moment.

Sans pouvoir retenir mon exclamation de surprise, je me lève du sofa, inquiet.

-Lucam ? Pourquoi ?

-Ah, je crois qu’il veut te demander une grande faveur… et parler de ma sœur. C’est important, je crois. Il est faible, vieux, et il n’y a plus une trace de puissance en lui.

-Tu veux dire…?

Il hoche la tête, mais sa voix reste indifférente.

-Rin, il est mourant.