Années 1976-1978

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Juin 1976

Alors que l'immense crocodile aux dents longues et pointues allait se jeter sur lui, l'enfant se réveilla en sursaut. Son petit cœur battait à une vitesse folle, il respirait vite et ses larmes autant que son cri d'effroi ne demandaient qu'à sortir de son corps.

Affolé, le petit cligna des yeux en essayant de se calmer. Dans ces conditions, il ne put rien faire quand il sentit un liquide chaud l'inonder ainsi que son lit. La sensation le réveilla tout à fait, le faisant gémir. Oh non, il venait de faire pipi au lit, comme un bébé ! Le petit garçon se retint de pleurer. Il avait encore peur et en plus, il était trempé. Il ne savait plus trop quoi faire. D'habitude quand il faisait un mauvais rêve, il allait directement dans le lit de Bill. Là, avec son pyjama souillé, c'était hors de question. L'enfant avait envie d'appeler sa maman, mais s'il criait, il allait réveiller tout le monde, ce n'était donc pas une très bonne idée non plus. Surtout que papa avait bien dit qu'il fallait laisser maman se reposer, à cause du bébé dans son ventre.

Charlie resta donc de longues minutes dans son lit sans bouger. Son pipi finit par refroidir, le faisant trembler. Il n'aimait vraiment pas cela et se sentait sale. Il n'avait plus le choix, impossible de se rendormir comme ça.

Sans faire de bruit, il s'allongea sur le matelas, la tête en bas, afin de regarder sous le lit. On ne savait jamais, il pouvait très bien y avoir un crocodile caché dessous ! Ne voyant rien d'anormal, il descendit de son lit, ses pieds nus sur le plancher. Bien que se trouvant pour le moins courageux, le petit rouquin attrapa néanmoins son doudou au passage et fourra son pouce dans sa bouche, éprouvant un vrai réconfort dans la succion. Il avança ensuite prudemment, ouvrit la porte de sa chambre sans faire trop de bruit puis la referma derrière lui avec tout autant de précaution. Tremblant un peu de froid malgré la douceur de cette nuit de juin, mais aussi de peur, l'enfant s'approcha à pas de loup jusque devant la chambre de ses parents. La porte était entrebâillée et il entendait son père ronfler.

Le petit garçon entra, son doudou contre lui, le pouce toujours dans la bouche et un doigt dans ses cheveux qu'il entortillait. Il s'approcha de sa maman, qui dormait avec plusieurs coussins autour d'elle.

« Maman, » chuchota le tout petit. Pourtant sa mère ne bougea pas. Est-ce que le crocodile l'avait blessée ? Non, ridicule, son père ne ronflerait pas tranquillement à côté, sinon.

« Maman ! » fit-il un peu plus fort.

Cette fois, la mère de famille grogna, ainsi que son père, puis leva un œil maussade sur lui.

« Charlie, file dans ton lit ! » grommela-t-elle.

« Ze peux pas, » répondit l'enfant. « Y'a un 'rorodile dans ma chambre et z'ai fait pipi, » il murmura la fin de sa phrase, craignant la réaction de ses parents.

Molly grogna de nouveau en se retournant dans son lit, lui tournant le dos. « Mais c'est pas vrai, je venais juste de m'endormir ! Arthur ! Occupe toi de ton fils, je suis fatiguée, ramène-le au lit, » râla-t-elle d'une voix éteinte par la fatigue.

Charlie attendit en se balançant d'un pied sur l'autre, le pyjama froid lui collant désagréablement sur le ventre et les cuisses. Il téta plus fort son pouce alors que ses doigts entortillaient toujours une mèche de ses cheveux, son doudou dans son cou.

« Papa, » geignit-il au bout de quelques secondes.

Son père bougonna et finit par se lever. Il contourna le lit et s'avança vers la porte en le poussant par l'épaule au passage.

« Allez, viens, mais je t'assure, il est trois heures du matin, retourne au lit. »

« Mais, papa, » protesta le petit alors qu'ils se retrouvaient dans le couloir. « Papa ! » Charlie s'arrêta tandis que son père allait ouvrir la porte de sa chambre.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant