Été 1979 Partie3

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« Où est-ce que tu vas, Bill ? » chuchota le petit garçon en redressant sa tête de l'oreiller.

« Chuuuuut ! J'ai entendu du bruit en bas. Je crois que c'est une autre réunion de tu sais quoi. Je veux aller voir, » répondit le sus-nommé sur le même ton que son frère.

Charlie regarda son aîné s'avancer à pas de loup vers la porte de leur chambre qu'il ouvrit sans faire le moindre bruit. Bill était vraiment doué ! L'enfant ne réfléchit pas plus et souleva ses couvertures pour se lancer à la poursuite du plus grand.

« Qu'est-ce que tu fais, le gobelin ? » demanda Bill en se retrouvant avec le petit corps pressé contre le sien.

« Je viens avec toi, quelle question ! » fit Charlie en roulant des yeux.

Son frère pouffa et ils se glissèrent, l'un dernière l'autre, dans le couloir. Leurs petits pieds nus ne faisaient pas le moindre bruit sur le parquet alors qu'ils marchaient lentement.

Ils arrivèrent aux premières marches de l'escalier et commencèrent à les descendre avec encore plus de précaution. Certaines grinçaient, heureusement, Bill les connaissaient parfaitement. Ils s'accroupirent l'un à côté de l'autre dans la pénombre, suffisamment proches du rez-de chaussée pour entendre et apercevoir les membres de l'Ordre, mais sans être vus.

« ... peux comprendre, Arthur, » faisait la voix douce de Dumbledore. « Toutefois, pour quelles raisons exactement, si je puis me permettre ? »

« C'est à cause de mes enfants, Albus. Bill et Charlie ont compris que des réunions se tenaient ici et qu'elles avaient trait à la guerre que nous menons contre le Seigneur des Ténèbres. Je ne pourrais peut-être pas le faire indéfiniment, j'en ai bien conscience, mais tant que je le peux encore, je souhaite protéger et préserver mes fils de ce chaos. »

« La guerre les rattrapera pourtant un jour, Weasley ! »

« Peut-être, Fol Œil, mais pour le moment ce n'est pas le cas. Je suis navré mais c'est ma décision, » rétorqua le père de famille.

« Nous comprenons, Arthur, comme l'a dit Albus. Nous avons d'autres lieux de conseil, cela n'est pas important, » lança James Potter.

« Je suis d'accord. De toute façon, les temps deviennent de plus en plus durs. Je n'ai pas du tout envie que ma sœur et mes neveux soient mêlés à l'Ordre. Non, tais-toi Maugrey ! Molly est enceinte et elle a déjà cinq jeunes enfants à élever. Ces enfants ont besoin de leur mère et d'un foyer ! Tu n'as pas à redire à quoi que ce soit ! Le fait qu'Arthur fasse partie de l'Ordre, même de façon informelle, met suffisamment cette famille en danger ! »

Fabian avait parlé et Charlie sentit son frère se redresser à ses côtés face aux paroles de son parrain. Bill était fier de lui.

« La maison de Muriel remplacera le Terrier désormais, » décida l'héritier Prewett.

« Fabian, tu as conscience que nous ne laisserons jamais ta famille dans le besoin si un malheur arrivait, » dit gentiment Alice Londubat.

Le petit cœur de Charlie rata un battement à cette annonce. Un malheur ? Non ! Il ne voulait pas que le cauchemar qu'il avait fait quelques jours auparavant devienne réalité. Il ne voulait pas que son papa meurt ! Ni sa maman ! Ni ses frères ! Il glissa sa main froide dans celle de son frère. Ce dernier se retourna vers lui et lui caressa le dessus de la main avec son pouce, en un geste de réconfort.

« Les pertes seront inévitables et vous le savez tous... » ajouta Gideon.

« Allons, allons, inutile de parler de telles choses à cette heure. Arthur a évidement raison. De jeunes oreilles sont présentes ici et pourraient entendre des choses qu'elle ne devraient pas, » le coupa prestement Dumbledore. « À ce propos, vos enfants sont bien endormis, n'est-ce pas Molly ? »

Les deux enfants se dévisagèrent en pensant la même chose : Alerte ! Ils ne savaient pas si le vieux professeur avait réellement découvert ou non qu'ils se cachaient dans l'escalier, mais ce qu'ils savaient avec certitude, c'était qu'il était hors de question que les adultes dans le salon, surtout leurs parents, le découvrent. Sans mot dire, en silence et aussi vite que leur permettaient leurs jambes, ils détallèrent pour se précipiter dans leur chambre. Charlie s'enfouit sous ses draps, le cœur battant la chamade.

Moins d'une minute plus tard, sa mère entrait à son tour dans la pièce.

« Bill ? Charlie ? Vous ne dormez pas les enfants ? » demanda la matriarche en venant entre leurs deux lits.

Bill se redressa dans le sien.

« Non, pas tout à fait. Mais j'étais en train de m'endormir. Pourquoi tu viens, maman ? »

Charlie se redressa tout en gardant sa bouche prudemment fermée. Il n'était pas sûr de pouvoir mentir avec autant d'assurance que son aîné.

« Je suis venue voir si vous n'aviez besoin de rien, » répondit Molly en embrassant le front de son premier fils. « Ça va, Charlie ? » dit-elle en se tournant ensuite vers son cadet.

Le petit ne répondit pas mais hocha simplement la tête. Les rideaux de leurs fenêtres n'étaient pas complètement tirés, ainsi, à la lumière blafarde du croissant de lune, Molly put voir les grands yeux bleus inquiets de son cadet. Il était pâle et semblait si petit, si fragile dans son lit.

« Viens là, mon chéri » fit la mère en s'asseyant sur le matelas de son fils et en ouvrant ses bras.

En moins de temps qu'il n'en fallait pour dire Quidditch, le garçon se précipita contre la poitrine maternelle en quête de réconfort. Molly le serra contre son cœur.

« Ne t'inquiète pas, mon chéri. Maman est là. »

Elle le berça en le tenant toujours fermement, tout en passant sa main dans les cheveux doux de son bébé. Puis sa voix s'éleva dans la chambre pour chanter la berceuse qui avait déjà endormi chaque enfant de la famille Weasley un nombre incalculable de fois. Bientôt, les respirations de ses deux fils se firent plus lentes, plus régulières. Le petit corps contre elle se faisait lourd et tout mou. Elle caressa tendrement une dernière fois la tête rousse de son garçon et l'allongea dans son lit. Puis elle le borda avec amour.

Avec un pincement au cœur, elle constata que Charlie avait repris son pouce. À cette vision, Molly comprit qu'Arthur avait raison. Charlie était perturbé par toute cette noirceur qui envahissait le monde sorcier et dont il sentait la présence. Elle embrassa le front de son fils adoré et se promit de tout faire pour protéger ses bébés.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant