Année 1998-2001, Partie 2

563 46 1
                                    

Les dragonniers n'étaient pas connus pour être discrets. Surtout les hommes. Les rares femmes qui choisissaient ce métier n'étaient quant à elles pas particulièrement connues pour leur féminité. Attention, cela ne signifiait en rien qu'elles n'étaient pas femmes et qu'elles ne savaient pas s'habiller avec classe en dehors de la réserve. Cependant, aucune femme dragonnier ne se mettra à hurler parce qu'elle s'est cassé un ongle, parce qu'elle doit avancer dans de la boue et de la bouse de dragon en risquant ainsi de se tacher, ni gémir de désespoir parce qu'elle n'a pas eu le temps de se maquiller ou de se coiffer le matin avant de partir au travail.

Toujours était-il que le groupe de dragonniers dans l'immense bar de Sibiu n'était donc ni discret, ni sobre. Les autres occupants des lieux savaient que la vingtaine d'hommes et les cinq ou six femmes attroupés vers le jeu de fléchettes et à la gauche du bar étaient des dragonniers, fiers de l'être et s'en fichaient éperdument de faire un vacarme infernal. Leur métier se voyait du premier coup d'œil, la grosse majorité d'entre eux étant habillés avec les tenues de dragonniers, les jambes, bras et torses serrés dans du cuir de dragon. Ils devisaient dans au moins trois ou quatre langues, riaient fort, tout en se frappant les épaules et en buvant divers alcools. Le groupe semblait fort content et les autres consommateurs parlant roumain ou anglais comprirent qu'ils avaient réussi à maîtriser un couple de Pansedefer en pleine parade amoureuse, ce qui était très rare pour cette espèce particulièrement féroce et imposante. Les dragons menaçaient un petit village Ukrainien et ils n'avaient déploré aucune perte.

Charlie, accoudé au bar, riait avec ses équipiers. Le secteur trois était au grand complet, ainsi qu'une grosse partie du secteur six. Le cadet Weasley était particulièrement heureux. Leur mission avait été un franc succès et son équipe félicitée.

Cela faisait deux ans et demi que la guerre était finie. La première année était passée si vite que Charlie s'était cru revenir en 1991. Il voulait faire ses preuves en tant que chef d'équipe et n'avait pas sorti la tête du chaudron. L'effervescence suscitée avec la fin de la guerre s'était tassée peu à peu, pour son plus grand plaisir.

Certaines personnes inconnues le saluaient encore de temps en temps mais sans plus. Néanmoins, il devait avouer qu'il avait honteusement profité de son ancien statut de chef de la résistance européenne, combiné à ses habits en cuir si typiques, pour avoir une vie sexuelle plutôt intense. Il avait varié les amants et les positions, au gré de ses envies et besoins. Cela aussi aurait pu ressembler à ses premières années en tant que dragonnier, à la différence qu'il se sentait beaucoup plus libéré depuis la fin définitive de son histoire avec Adrian. Il était sorti plusieurs mois avec un jeune grec mais avait rompu, ne se sentant pas assez amoureux pour poursuivre la relation.

Il était aussi l'heureux parrain d'une adorable petite blondinette de presque six mois. Bill et Fleur venaient de passer quelques jours à Sibiru avec Victoire, pourtant, ils lui manquaient déjà. Sans compter qu'il aurait aimé pouvoir les accueillir un peu plus dignement. La colocation avait bien quelques avantages et les appartements des chefs d'équipe plutôt confortables, mais l'idée d'avoir un chez lui bien à lui se faisait de plus en plus séduisante.

Cette année encore, il retournerait en Angleterre pour la Toussaint et attendait avec impatience la fin du mois et le début de celui de novembre pour retrouver les siens. Il était déjà convenu qu'ils fêteraient tous ensemble les six mois de Victoire, les trente ans de Bill et ses vingt-huit ans. Son père lui avait dit que toute la famille serait présente, plus les amis. Son père aussi lui manquait atrocement. Toute sa famille lui manquait pour être franc, bien qu'il n'aurait changé sa vie pour rien au monde.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant