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— Tu m'en veux?

Je fronce les sourcils. Pourquoi je lui en voudrais, moi?

— J'aurai pu demander de ses nouvelles plus tôt. développe-t-il.

— Hé. Je sais que t'es chargé à la capital. Pourquoi je te reprocherais quoi que ce soit Yoongi?

— Je ne sais pas. On ne parle pas vraiment tous les deux, même si on a grandi ensemb...

— Même si je t'appréciais énormément, je le coupe, tu étais l'ami de mon frère. Pas le mien.

— Hé. Ne parle pas au passé. J'ai l'impression qu'il y a eu un mort. À moins que tu ne m'apprécies plus, mais je reste l'ami de ton frère.

Je ne peux m'empêcher de sourire.

— Ça fait quatre ans que je ne t'ai pas vu.

— En effet, c'est assez long, pour entretenir une appréciation totale.

Je secoue la tête, toujours le sourire aux lèvres.

— Je pense que je t'apprécie encore, Yoongi. Disons qu'entre toi et SUGA, j'arrive à faire une différence conséquente.

Il fronce les sourcils, sourire en coin.

— Comment ça? Ça m'intéresse, tu es une des rares personnes que je connaissais d'avant et qui me parle de SUGA.

Je réfléchis un instant et lorsque je sens le regard trop insistant de Yoongi sur moi, je me décide à parler.

— Je vais t'avouer quelque chose que toutes les personnes m'entourant savent. Tu oublieras ça à la minute où je te le dis, ok?

Son regard se fait amusé.

— Je fangirl à la minute où je vois ton groupe sur un écran.

Mon interlocuteur explose de rire, de manière plutôt discrète.

— Ta façon de le dire est extraordinaire. se moque-t-il.

— Hé. Tu peux oublier maintenant.

Il secoue la tête, un énorme sourire scotché aux lèvres. Je lève les yeux au ciel et reprend mon explication.

— Je peux te voir, toi, Min Yoongi, en 유기 (Yugi), mais je n'arrive pas à te voir en SUGA. Tu fais pas des aegyos toutes les trente secondes. Tu ne fais pas hurler des filles et gars dans la rue. Tu n'es...

Son regard se plisse et son sourire s'agrandit.

— Ne me fais pas de aegyo. Je ne fondrai pas devant ta tête flippante.

— Tu dirais ça à ton idole? se moque-t-il de nouveau.

Je lève les yeux pour croiser le regard de ma patronne. Oups. J'ai dû dépasser ma pause.

— Min Yoongi, arrêtes tes âneries.

Je lui tire la langue et me lève.

— Je dois retourner bosser, idol.

Je pose ma main sur son épaule.

— Tu veux manger ou boire quelques choses? On a de la viande.

Il sourit à ma remarque.

— Je veux bien une bouteille d'eau gazeuse et ce sera tout.

Je pince les lèvres et souris légèrement sans relever. Je ne me permets aucune remarque sur sa mâchoire saillante et la perte de poids qu'il a dû subir ces dernières années.

— Je t'emmène ça.

Je rejoins le bar et remet mon tablier et mon foulard en place. Je récupère la commande dans le réfrigérateur et l'emmène à Yoongi avant de prendre des nouvelles des tables alentours.



Yoongi est parti vingt minutes plus tard, laissant derrière lui son numéro de téléphone sur une serviette en papier. Il s'est amusé à commenter mon service avant de s'en aller. Malgré son changement physique plutôt visible, il n'a pas l'air d'avoir changé des masses au niveau de son attitude et son caractère.

— Alors, c'était qui ce type? parvient à me demander Luhan quand la clientèle se fait moins nombreuse.

Il devait être une heure du matin. J'avais dû prendre deux verres de boisson énergisante et un café noir pour me booster. J'avais un peu de mal à rester en place maintenant. Et j'avais une forte envie de fumer. Je suis le genre de fumeuse compulsive. Je fume parfois en soirée, verre d'alcool à la main, je fume lorsque je suis énervée, fatiguée ou stressée, et je fume aussi quand je m'ennuie.

— Un ami de mon frère.

— Il a toujours un look comme ça ?

Je souris.

— Il a du mal avec le regard des autres.

C'est la première excuse que j'ai trouvé. Ce n'est pas la pire et c'est loin d'être la mieux. Luhan ne relève pas, étant pertinemment au courant que c'est une connerie. On continue notre travail en silence. Une heure plus tard, le dernier client ferme la porte. Je suis adossée contre le comptoir, ayant fini de le nettoyer.

— Allez vous changer. nous lance la patronne en s'étirant et en retirant son tablier.

On ne la fait pas répéter et on file aux vestiaires. Luhan n'est pas long à attendre pour une fois. En même temps, il doit rentrer directement. Son chéri avait une affaire familiale ou je ne sais quoi ce soir. Peut-être avait-il fini?

— Tu vois Junyun?

— Il me rejoint chez moi après sa soirée.

Je hoche la tête.

— Et toi, tu vois l'ami de ton frère?

— Je le vois demain matin. Il va voir mon frère à l'hôpital.

Madame Kun nous salue, chose que nous lui rendons avec un sourire.

— C'est quoi son nom?

On sort du restaurant et on commence à marcher. Dans quelques mètres, nos chemins se séparent. J'allume une cigarette sous le regard réprobateur de mon ami.

— Yugi.

— Que Yugi? Je m'attendais à un truc tellement plus... mystérieux.

Je rigole devant son air déçu avant de lui faire un clin d'œil.

— À demain ?

— Tu es sûre que tu ne veux...

Tous les soirs c'est la même. Demander si je ne veux pas un accompagnateur.

— Non. Je me dépêche de rentrer.

Je lui envoie un bisou avec la main.

Bye princesse.

Comme je lui ai dit, je me dépêche de rentrer. Ce n'est pas parce-que je suis éveillée à souhait que je ne flippe pas d'être dans la rue la nuit, seule.

Un idol dans ma ville (D-Town life)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant