La Princesse Exilée

Chapitre 1

— Aïe ma tête ! s'écria Sorsha en s'éveillant. J'ai dû abuser du champagne... ou alors de la vodka... ou alors, c'est le mélange des deux...

Oui, ça doit être le mélange ! Bon sang, il me faut une aspirine ou je ne me rendormirais jamais.

Un rayon de soleil se posa sur son visage. Oh flûte ! J'ai oublié de fermer les volets. Je devais être sacrement ivre hier. Elle remua un peu dans son lit et grimaça en sentant quelque chose de dur pénétrer dans la chair de son dos.

—  Ouille ! Zut Simba ! Ne ramène pas tes jouets dans mon lit !

Elle attrapa ledit objet et le trouva lourd. Elle n'arrivait pas à le remettre : la souris jaune qui fait du bruit, ou la chenille qui avance quand on lui tire la queue ? Sa balle en caoutchouc peut être ? Elle décida finalement d'éclaircir le mystère et ouvrit les yeux :

— Un caillou ? Comment a-t-il pu arriver dans mon lit, alors que j'habite au 2°étage ?

Elle se releva sur son séant en plissant les yeux et se rendit compte qu'elle était en pleine nature. Sa tête lui cognait de plus en plus fort !

— Maudite vodka ! jura-t-elle. Bon sang mais où est ce que je suis ?

Elle se regarda : elle était encore habillée avec ses vêtements de soirée, en touchant ses cils, elle s'aperçut qu'elle ne s'était pas démaquillée. Chose étrange, elle avait encore ses Louboutin aux pieds. Mais je jurerais m'être couché dans mon lit... pensa-t-elle.

A part sa tête, elle n'avait mal nul part. Elle regarda ses membres, toucha ses cheveux, compta ses dents. Non, tout paraissait normal !

C'est une blague de Julie, à tous les coups ! Elle tenta de se mettre debout, chose peu facile, perchée sur des talons aiguilles de 14 centimètres. Puis elle s'arrêta, effrayée. Oh non, c'est un psychopathe qui m'a droguée puis enlevée ! Il est là, il m'observe, puis il va me violer et m'assassiner ! Elle regarda autour d'elle, l'air inquiète. Puis, elle pensa à son altercation de la veille avec Brad. Oui, c'est lui qui a manigancé tout ça ! Il veut se venger !

- Au secours ! J'ai peur ! pensa-t-elle à voix haute.

Sorsha avait beaucoup d'imagination, elle lisait beaucoup. Et son imagination avait tendance à se débrider lorsqu'elle avait peur. Et c'était précisément le cas.

Son mal de tête n'avait pas cessé. Et elle se maudissait d'avoir des talons aux pieds. Elle avançait comme un escargot dans cette forêt. Elle ne savait pas où elle était, mais une chose était sûre, elle n'allait pas laisser ses escarpins Louboutin sur ce sentier.

— Alors ça non, hors de question !

Elle marchait dans la forêt depuis une bonne demi-heure. Elle se parlait à voix haute pour s'encourager, car Sorsha n'était pas téméraire. Courageuse à ses heures perdues, peut-être, mais téméraire, ça, non !

Elle ne reconnaissait rien. Elle n'entendait pas le bruit des voitures sur une route, proche ou lointaine, elle ne voyait pas d'avion dans le ciel. Bref, elle était vraiment perdue. Elle se dit qu'en marchant encore un peu, elle trouverait bien quelque chose qui la ramènerait à la civilisation. Tout à coup, sans qu'elle s'y attende, un cavalier noir déboucha d'une clairière. Sorsha fut un peu effrayé par ce cavalier tout en noir, avec un cheval noir à l'allure patibulaire. Elle ne distinguait pas son visage, dissimulé sous sa capuche. Elle recula instinctivement puis se décida à lui demander son chemin :

— Pardon, monsieur, euh... je suis perdue et euh... je ... Excusez-moi ! S'il vous...

Le cavalier mit à terre et brandit son épée, avançant menaçant vers elle. Elle hurla et tenta de fuir à l'opposé de ce psychopathe moyenâgeux. Mais d'où il sort celui-là ? Sorsha trébucha et s'étala de tout son long. Le cavalier n'était plus qu'à un mètre d'elle. Elle hurla à nouveau, incapable de bouger, tétanisée par la peur.