Chapitre 20

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Devant l'entrée de Minas Tirith, Sorsha se tenait devant Susanoo qui avait récupéré son corps. Il n'était pas très grand, bruns avec de longs cheveux retenus en chignon, des yeux bridés. Il portait son armure rouge et son katana. Un vrai guerrier nippon. Mais il ne portait pas de barbe et n'avait point d'ongles.

— Mais comment avez-vous fait pour avoir un corps ? s'écria Sorsha, surprise.

— Orochi et moi sommes éternels ensemble. C'est grâce à cela que j'ai retrouvé ma forme terrestre.

— Je suis contente pour vous !

Sorsha regardait ses mains et le fait qu'il n'ait pas d'ongle l'intriguait beaucoup. Demander la raison serait malpoli. Oui, mais ne pas avoir d'ongles était étranges. Elle se lança.

— Dites Susanoo, pourquoi vous n'avez plus d'ongles ?

Le guerrier sourit face à la curiosité de la jeune femme.

— Une vieille chamaillerie familiale sans importance ! Nous devons partir à présent. Merci, Princesse Sorsha de nous avoir réunis ! Nous vous devons une dette ! Mais nous serons toujours en vous !

Le dragon, qui avait repris son apparence normale (une seule tête) et le guerrier Susanoo partirent, vers de nouvelles aventures, sans savoir que bien plus tard, ils se déchireraient. Sorsha les regarda longtemps, jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un point à l'horizon.

Sorsha se tourna enfin vers Aragorn, Legolas et Gimli. L'Elfe se jeta sur elle, la saisit sous les bras et la souleva, mettant le visage maculé de sang de la jeune femme au-dessus du sien :

— J'ai eu si peur ! Te perdre m'aurait été fatal ! Je t'aime, Sorsha !

La jeune femme sourit. Ils avaient réussi ! Sauron n'était plus, tous allaient bien, et elle était encore en vie ! Elle s'était libérée de la malédiction du Tatsu. Elle regarda Legolas, qui ne la quittait pas des yeux. Il fallait qu'il le sache. Elle avait failli mourir sans qu'il connaisse les sentiments qu'elle éprouvait pour lui.

Melon le, Legolas, murmura-t-elle au creux de son oreille avant de baisser les yeux.

Legolas n'en croyait pas ses oreilles : Sorsha venait de lui avouer ses sentiments en elfique ! Elle l'aimait ! Il était fou de joie ! La femme qu'il aimait l'aimer en retour, Sauron était vaincu, c'était le plus beau jour de sa vie !

Il la fit à nouveau tournoyer dans les airs avant de la reposer et de l'embrasser passionnément sous les regards de Gimli et Aragorn, amusés.

Ils marchèrent main dans la main vers eux.

— Vous nous avez fait très peur ! Princesse ! s'écria le nain.

— J'ai eu encore plus peur que vous ! avoua la jeune femme. J'ai cru que j'allais mourir ! C'est horrible comme sensation ! Mais, où sont Gandalf et les Hobbits ?

— Ils sont partis à l'infirmerie soigner Frodon et Sam. Rien de grave, mais tout de même, ils ne sont pas au mieux de leur forme ! dit Aragorn.

Il prit Sorsha dans ses bras.

— Je suis content que le Tatsu n'ait pas pris ta vie. Mais je crois que tu as pleins de choses à nous raconter. Entre autres cette légende d'Orochi et de Susanoo.

Elle leur expliqua alors la légende de ce guerrier nippon puis ajouta :

— Je pense qu'ils sont arrivés en Terre du Milieu lorsque l'on m'a envoyé sur Terre. Cependant, cela n'étant pas prévu, Orochi s'est figé dans ma chair et Susanoo a perdu son corps, devenant un simple esprit. En gros, Galadriel a bugué ! Erreur de manip' quoi !

Aragorn, Legolas et Gimli la regardaient terminer son discours :

— Oui, dit Legolas en réfléchissant. C'est certainement ce qu'il s'est passé !

— Tout est bien qui finit bien, mes amis ! s'exclama Gimli avec son air jovial habituel. Je boirais bien une petite chopine, moi !

— Allons ! Retournons à l'intérieur de la citadelle, dit Aragorn d'un ton paternel. Rentrons chez nous, Sorsha, Princesse du Gondor !

Sorsha sourit. Ça sonnait plutôt bien. Elle regarda la Cité Blanche, puis son frère.

— Dis Aragorn, je vais avoir une couronne ? Avec des gros diamants ! J'aimerais bien un spectre aussi !

— Et dire que je pensais que tout cela l'avait rendue plus mature !

Les trois hommes éclatèrent de rire devant la mine déconfite de la jeune femme.

Ils arrivèrent enfin à l'intérieur du palais. Tous étaient là : Gandalf, Eomer, Eowyn, Merry, Pippin, Sam, Farmer...

Frodon se reposait encore, il dormait, veillé par Gandalf. Il se réveilla enfin heureux d'être encore envie et de voir que son cher Gandalf l'était aussi, lui qui était pourtant tombé avec le Balrog dans la Moria.

Merry et Pippin se jetèrent sur le lit et entourèrent Frodon de leur petit bras. Gimli, Legolas, Sorsha et Aragorn passèrent enfin la porte de la chambre. La communauté de l'Anneau était presque réunie. Seul Boromir manqua à l'appel. Ils eurent tous une pensée pour le fils du Gondor.

Sauron était vaincu. Le bonheur se lisait sur tous les visages. Ils avaient traversé de nombreuses épreuves et enfin, leur quête touchait son but. Mais un pli sur le front d'Aragorn montrait qu'il était soucieux.

Comment allait Arwen ? Et qu'allait devenir Sorsha ? Il n'avait pu se confier à personne et il sentait que ces attentes interminables le rongeaient petit à petit. Dès demain, il ferait partir une missive pour Fondcombe, demandant des nouvelles d'Arwen Undomiel et des informations supplémentaires sur le futur mariage de sa sœur.

(Merci à Wikipédia : wiki/Mythologie japonaise

Susanoo et le dragon à huit têtes :

Exilé du royaume des cieux, Susanoo vint à Izumo Il y trouva un vieil homme et sa femme pleurant le sort de leur fille nommée Kishiwada. Susanoo leur en demanda la raison. Le vieil homme expliqua qu'ils avaient à une époque huit filles, mais qu'un dragon otocéphale et octocaudal nommé Yamata-no-orochi, Yamata-no-orochiavait mangé leurs sept premières filles et réclamait à présent que l'on lui donnât la huitième en pâture.

Susanoo tomba amoureux de la jeune fille et promit à ses parents de la sauver en échange de sa main. Il transforma alors la jeune fille en un peigne qu'il cacha dans ses cheveux, et construisit autour de la maison une muraille percée de huit ouvertures. Il ordonna que l'on place dans chaque ouverture une table avec sur chacune d'elle un grand vase rempli de saké distillé huit fois.

Attiré par l'odeur du saké, le dragon but tant et tant qu'il sombra dans le sommeil. Susanoo en profita alors pour anéantir l'ignoble bête. En découpant le monstre, son sabre buta sur une épée miraculeuse cachée dans l'une des queues du dragon. Pour se racheter auprès de sa sœur Amaterasu, Susanoo lui offre par la suite cette épée, Kusanagi no tsurugi.)

* Susanoo s'est fait arracher les ongles et coupé la barbe par les Dieux lors de son bannissement.

La Princesse ExiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant