Chapitre 6

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Dès le lendemain matin, la Communauté se dirigea vers le Col de Caradhras. Sorsha s'était enveloppée dans sa cape elfique, cadeau d'Arwen, et regardait avec inquiétude le fameux col. Ils allaient avoir si froid ! Un frisson la parcourut à l'idée de tous les degrés qu'ils allaient perdre au cours de l'ascension. Elle soupira et maudit une fois de plus le Semi-Elfe de Fondcombe.

— Ne vous inquiétez pas, nous y arriverons, fit Legolas, derrière elle.

Elle se tourna vers lui et haussa un sourcil :

— Vous semblez bien sûr de vous !

Il ne répondit rien, se contentant de plonger ses yeux dans les siens. Une nouvelle fois, Sorsha ne put soutenir le regard bleu de l'elfe. Elle se mit à rougir, tourna les talons et avança sans mot dire.

La neige se faisait de plus en plus épaisse au fur et à mesure de leur ascension. Il faisait froid, très froid, mais tous avançaient noblement. Les Hobbits et Sorsha étaient les plus fatigués. Leurs petites jambes ne les portaient presque plus. Marcher dans la neige était vraiment l'une des pires choses tant au niveau des sensations que des efforts qui étaient multipliés par dix !

Frodon tomba. Sorsha était loin derrière tout le monde, mais il lui sembla que Boromir faisait encore des siennes car elle vit Aragorn s'agiter. Ils continuèrent à grimper tandis que la jeune femme soupira en les voyant reprendre la route. Elle n'avait pas eu le temps de les rattraper. Sorsha s'assit dans la neige, n'en pouvant plus. Elle était exténuée, n'avait pas assez dormi et mal, son corps était peu habitué à faire autant d'effort physique, et de manière si intensive.

Tant pis, pensa-t-elle. Je vais me reposer un peu, je les rattraperais plus tard. Je ne peux plus avancer ! Cinq minutes, je me repose juste cinq minutes ! se justifia-t-elle.

Il lui semblait que nul ne faisait attention à elle. Ils tentaient tous d'avancer, ils n'avaient pas besoin d'un poids supplémentaire alors que chaque pas qu'ils faisaient leur coûtait. Une larme roula sur sa joue. C'était une larme de peur, de fatigue et de découragement.

Legolas se retourna et vit que Sorsha ne les suivait plus. Il l'aperçut une trentaine de mètres en contrebas. La distance était trop importante. Jamais elle ne les rattraperait !

— Aragorn ! cria-t-il.

Le descendant d'Isildur se retourna et vit Sorsha assise dans la neige tandis que Legolas avait déjà dévalé la pente.

La jeune femme le vit arriver près d'elle mais elle n'eut pas la force de se relever. Il la regarda : des sillons de larmes barraient encore ses joues. Il éprouva de la pitié pour cette femme, qui arrivait d'un autre monde, et à qui on demandait de détruire l'armée de Sauron. De plus, Gandalf avait choisi le chemin le moins facile, surtout pour une femme et des Hobbits.

— J'ai si froid ! dit-elle pour s'excuser.

Sans mot dire, il passa une main sous ses genoux et l'autre derrière son dos. Sorsha le regarda, surprise, les mains en l'air, n'osant pas le toucher.

—Reposez-vous un peu, dit-il. N'ayez crainte.

Elle voulut protester, lui dire de la poser par terre, qu'elle allait marcher, mais elle n'en eut pas la force. Alors elle décida de suivre son conseil et se blottit contre le torse musclé de l'elfe. Elle ferma les yeux : Legolas émettait une douce tiédeur, plus que bienvenue. Elle sentit son désespoir s'apaiser et tous ses muscles se relâcher.

Plus la troupe avançait et plus la neige se transformait en tempête. Le vent, le froid entouraient les membres de la Communauté.

Sorsha se réveilla en sursaut. Lové contre le torse de Legolas, elle avait bien moins froid. Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle et se rendit compte qu'Aragorn et Boromir portaient les Hobbits qui avaient dû eux aussi s'écrouler de fatigue. Elle remarque qu'à la différence des autres, Legolas ne s'enfonçait pas dans la neige ou si peu.

La Princesse ExiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant