Chapitre 2

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Modou se retira complètement de mon intimité et retourna sur sa natte. Pour la première fois, il ne m’avait pas souillé de sa semence. Je croyais rêver. Durant tout ce temps, j’avais eu peur de m’opposer à lui et pourtant un simple « pitié » a suffi à mettre fin à mon calvaire. Je ne savais pas comment se passeraient les jours suivants mais j’avais bon espoir pour la suite.

Mon sommeil fût écourté par ma mère. Elle me réveilla pour la prière de Fajr qui se déroulait aux alentours de 5h du matin. Elle le faisait depuis ma plus tendre enfance mais j’avais toujours du mal à me tenir debout. Les yeux clos, je me dirigeai en titubant dans les toilettes. Je m’accroupis au-dessus du trou chargé de recueillir mon urine puis, je fis ce que j’avais à faire.

Modou, derrière la porte, m’attendait. Je le constatai lorsque je sortis des toilettes. La tête baissée, je filai vers l’endroit réservé aux ablutions quand il me saisit par l’arrière de mon t-shirt.

− Rajoute un peu d’eau, m’ordonna-t-il.

Muni de ma bouilloire, je retournai dans les toilettes. Il y avait en effet, encore un peu d’urine. Par conséquent, je renversai le peu d’eau qu’il me restait dans ma bouilloire pour le diluer dans le liquide jaunâtre que j’avais laissé. Ce fût suffisant pour faire disparaître toute l’urine. Je m’en allais quand l’unique enfant de ma deuxième maman me retint une fois de plus.

– Ce qui s’est passé cette nuit, tu ne le racontes à personne. T’as compris ?

Je hochai docilement la tête. De toutes les façons, il m’avait violé une pléthore de fois et je n’avais jamais rien dit. Ce n’est pas cette fois que j’allais déroger à la règle. Je n’en avais parlé à personne car j’estimais justement que personne ne me croirait. On ne me prendrait pas au sérieux parce que face à Modou, je n’étais qu’un plaisantin. Lui, il travaillait, il était beaucoup plus âgé et en plus, il se donnait l’image de quelqu’un de saint. Qui dans ce village pourrait croire que ce mec serait allé jusqu’à abuser de son demi-frère ? Dites-moi ! Qui ?

Je fis mes ablutions le plus rapidement possible. En 30 secondes chrono, j’avais déjà fini. Je ne voulais pas me retrouver aux côtés de Modou, une fois de plus. Je fis ma prière par la suite. Je pris bien le soin de remercier Allah pour toutes les grâces dont Il me faisait bénéficier en mettant l’accent sur le viol qui ne fût pas allé à son terme.

La journée allait de bon train. Je devais me rendre dans le champ de mon père pour y déterrer les mauvaises herbes. Je n’aimais pas m’y rendre. J’aimais encore moins y travailler. Mais, c’est grâce à ce champ qu’on avait quelque chose à se mettre sous la dent. Je m’habillai donc pour la circonstance. Je mis comme d’habitude mon vieux t-shirt d’EPS de Première, un jean court délavé, et au bas de tout ça, il y avait mes légendaires « lêkê » dont je ne me séparais jamais. Je pris avec moi un ancien sac de riz au sein duquel il y avait mes instruments de travail.

Vu que le champ était situé à mille miles de toute terre habitée, je m'y rendais toujours à vélo. Je sortis l’engin d’où je l’avais laissé avant de partir en vacances. Mais, je fus surpris de constater qu’il était complètement abimé. Les pneus étaient dégonflés, les chaines ont été sectionnées. Bref, c’était une vraie catastrophe !

A ce moment-là, personne ne pouvait me donner d’explications sur ce qui s’était passé. En effet, mes mères étaient au marché, mes petits-frères jouaient dans je ne sais quel village voisin, mon père lisait le Coran dans sa chambre et je ne pouvais pas l’interrompre et Modou était sur son lieu de travail.

J’entamai par conséquent le parcours à pied. Un groupe de fourmis attira mon attention en chemin. Elles étaient plus grosses que celles que j’avais l’habitude de voir. Je m’assis donc en plein milieu de la voie principale pour les contempler quand tout à coup, une voiture surgit. Je me fis insulter violemment par le conducteur qui klaxonnait à outrance. Pendant qu’il me traitait de tous les noms d’oiseaux, mon regard se posa sur les nerfs qui s’étaient dessinés sur son front. J’éclatai aussitôt de rire avant de m’écarter de la voie. Il me faisait penser à un personnage de dessin animé avec ses gros nerfs là. Son passager et lui me regardèrent avec air ébahi. Ils devaient probablement me prendre pour un fou.

BOO BAH !BxB! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant