Chapitre 9

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– Parce que...

– Oui ? Parce que quoi ?

– Parce que...parce que je..., articula-t-il avant de s'écrouler.

Modou était là, juste sous mes yeux, couché comme un mort. Littéralement pris de panique, je courus prévenir sa mère. Elle n'hésita guère à venir s'enquérir de son état.

– Mais...mais qu'est-ce qui s'est passé ?

– Il se comportait bizarrement. Il frappait dans le mur, il pleurait. Il s'apprêtait à me dire quelque chose mais il s'est évanoui.

Elle s'assit à côté de lui et passa délicatement sa main sur son front. Elle tenta tant bien que mal de retenir ses larmes. Quand bien même il respirait, son unique fils avait l'air d'être dans un état pitoyable. J'avais énormément de peine pour ma deuxième maman. Mais dans ce genre de situations, je ne savais ni quoi dire, ni quoi faire.

Elle le secoua, tout en hurlant son nom, à plusieurs reprises. Mais Modou resta plongé dans son sommeil. Au fond, j'espérais que ce sommeil l'emporte. Oui ! Jusque dans les profondeurs de l'enfer.

Je ne sais pas qui les a averti mais toute la cour était désormais avec nous dans la case. On avait ou plutôt ils avaient tout tenté pour réveiller mon demi-frère. Mais leurs efforts furent vains. Par conséquent, le lendemain, mon père fit venir Nan Adja Kouyaté, la meilleure guérisseuse du village.

Elle resta dans la case avec Modou. Au bout d'une trentaine de minutes, elle hurla mon prénom. J'avais peur mais, je suis tout de même rentré afin de savoir ce qu'elle me voulait.

– Ton grand frère a une maladie de l'âme.

– Une maladie de l'âme ?

La guérisseuse me fixa tout à coup, les yeux grandement ouverts. On aurait dit une sorcière sur le point de lancer un sort maléfique.

– Oui, une maladie de l'âme. Et seul ton pardon pourra le guérir.

J'avais du mal à croire en ce genre de choses. J'avais pratiquement fait toute ma vie au village, et de facto, j'avais assisté à des témoignages surprenants, des décès étranges, ainsi qu'à des tours de force inimaginables. Mais malgré ça, je refusais de croire à tout ce qui touchait au domaine de l'irrationnel.

– Comment ça une maladie de l'âme ? Pouvez-vous m'en dire plus ?

– Moi, j'ai fait ce que je pouvais. Il va se réveiller dans un instant. Si tu veux qu'il guérisse, tu sais ce qu'il te reste à faire.

– À bien vous suivre, si je ne le pardonne pas, il va...il va...

– Mourir ?

Je hochai la tête en guise de réponse.

– Seul Allah le sait.

Elle sortit de la case par la suite. Modou ouvrit les yeux et je fus la première personne qu'il vit. Je me sentais quelque peu gêné.

– Bouba ?

– Je vais dire à ta maman que tu t'es réveillé.

– Tu la préviendras plus tard. Je veux qu'on parle tous les deux. Viens près de moi, s'il te plaît, dit-il en tapotant le sol.

Je m'assis à côté de lui. Il prit ma main dans la sienne. Je le fixai d'un air médusé avant de la retirer de ses paumes. Malade ou pas, je refusais tout contact physique avec cet individu. Je n'arrivais même pas à ressentir un semblant d'empathie pour lui.

– Je sais que tu me détestes. Mais, j'aimerais vraiment que tu me par...

– Avant de t'évanouir, tu t'apprêtais à me dire pourquoi tu me faisais tout ce mal, coupai-je.

BOO BAH !BxB! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant