J'avais décidé de me rendre chez Xender afin de le prévenir qu'on m'avait consigné chez moi. Mais Modou m'en empêcha. Il m'a formellement interdit de mettre les pieds hors de la cour. J'étais retenu prisonnier dans ma propre maison.
La nuit tombée, sans surprise, mon demi-frère me viola. Ce fût éprouvant car j'ai tenté de me défendre. J'étais tellement en colère contre lui que je ne me contrôlais plus. Je l'ai griffé, mordu, tapé. Bref, j'ai fait tout ce qui était de mon possible pour lui faire comprendre que je ne voulais pas qu'il abuse de moi. En retour, il me l'a bien fait payer. Je m'en suis sorti avec une plaie sur la cuisse gauche, un œil au beurre noir et une énorme bosse sur le front. Mais, cette fois, je ne regrettais pas de m'être battu. Au contraire, j'étais plutôt fier de moi. Je n'avais plus peur de lui.
Quand ma mère me réveilla le lendemain, elle remarqua aussitôt les marques que Modou m'avait laissées.
- Aboubakar ! Comment est-ce que tu t'es fait tout ça ? hurla-t-elle morte de panique.
Modou me fit un regard de travers. Mais, j'étais bien décidé à tout révéler à ma génitrice. Je m'en foutais des conséquences que ça aurait pu provoquer. Je ressentais le besoin de tout avouer. Ma deuxième maman, alertée par les cris, nous rejoignit aussitôt. Elle hurla, elle aussi, avant de mettre ses mains sur sa bouche.
- Eh Bouba ! Qui t'as fait ça ? demanda-t-elle inquiète.
Je la regardai et je vis dans ses yeux que mon état l'affectait énormément. Je ne voulais pas en rajouter une couche en lui révélant que c'est son fils qui était à l'origine de tous mes maux. Je ne voulais pas la blesser. Je me demandais même si elle me croirait. C'est vrai qu'elle me témoignait son affection au quotidien, mais c'était quand même son fils. J'avais peur que cette vérité sème une division entre nous.
- Ne vous inquiétez pas ! J'ai juste trébuché. Ce n'est rien !
- Pfff ! Quand je te dis de rester tranquille, tu ne m'écoutes pas. Voici le résultat !
- Aïssata, toi aussi ! Je trouve que tu es trop dure avec lui. C'est un accident. Ça peut arriver à tout le monde.
Ma mère ne répondit pas et préféra quitter la chambre. Elle ne supportait pas de me voir avec des blessures. C'était son totem, comme on dit chez nous. De ce fait, elle rejetait toujours la faute sur quelqu'un ou quelque chose.
- Ne fais pas attention à ce que ta maman a dit hein, conseilla ma belle-mère. Toi-même tu sais qu'elle s'énerve vite quand elle voit ce genre de choses.
- Oui oui.
Après la prière, elle massa mon front avec du beurre de karité et posa une poche de glace sur mon œil qui était tout enflé. Ma deuxième maman ignorait que j'avais une blessure sur la cuisse car mon pantalon la recouvrait. J'ai préféré ne rien lui dire car le traitement des deux autres maux était déjà assez douloureux.
Pendant qu'elle me soignait, une voisine vint lui rendre visite. Elle confia son rôle à Modou et fila s'entretenir avec la visiteuse. Le porc qui me servait de demi-frère inséra son pouce dans le pot de beurre de karité. Il tenta de me masser le front mais je le repoussai violemment à l'aide de ma main. Il ne paraissait pas surpris par mon geste. Je lui avais montré bien pire cette nuit. Mais pour ce qui est de la colère, là par contre, il en fût pénétré.
- Si tu refais ça encore une fois, je vais...
- Tu vas faire quoi ? Me frapper ? Me violer ? Tu m'as déjà fait tout ça. Donc, trouve autre chose !
Il regarda autour de lui avant de s'en aller le visage couvert de honte. Il venait de se rendre compte que ma riposte durant la nuit dernière n'était pas éphémère. Sa mère revint quelques minutes plus tard.
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BOO BAH !BxB!
Romance« Je n'arrivais pas à fermer les yeux. Inconsciemment, mon esprit l'attendait. Je me posais mille questions en une seule. Et s'il recommençait ? Mes souvenirs me tiraillaient de tous les côtés. Cependant, j'essayais tant bien que mal de rester opti...