Chapitre 8

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Je le suivis avec un peu d'appréhension. Je savais pertinemment que sa pseudo courtoisie allait prendre fin quand nous ne serions plus que tous les deux. De ce fait, j'avançais le plus  lentement possible afin de retarder ce moment. C'était comme un enfant qui devait être battu par son père mais qui se décalait à chaque fois que celui-ci voulait lui administrer un coup. C'est stupide dans la mesure où ce qu'on fuit finit toujours par nous rattraper. Et en pire même, parfois.

Lukman ne me pressait pas. Il allait à mon rythme. Il arborait toujours le masque du gentil malgré le fait qu'on était loin de son village. Je me demandais à quel moment il allait le retirer pour se venger. En effet, j'étais persuadé qu'il le ferait. Je lui avais quand même fait un doigt d'honneur. Pour le peu que j'avais vu de lui, il ne semblait pas être du genre à laisser filer ce genre de provocation.

À un moment donné, on emprunta une voie différente de celle que la bonne dame et moi avions prise à l'aller.

– Lukman, tu es sûr que c'est par là ?

– Oui oui, c'est un raccourci. Peu de personnes le connaissent.

La voie passait par une forêt. Dès qu'on y pénétra, Lukman se jeta sur moi. Vu que je m'y attendais, je réussis à lui échapper de justesse. Il me poursuivit férocement. Malheureusement, il maîtrisait la forêt mieux que moi. De ce fait, il arrivait à anticiper tous mes faits et gestes. J'étais à sa merci.

Je m'étais caché derrière un arbre. Mais, il me retrouva en un clin d'oeil. Je tentai de lui échapper avant qu'il ne me fasse perdre l'équilibre en plaçant son pied entre mes jambes. Je me retrouvai au sol, le visage enfoui dans un nid de fourmis. Il me plaça sur le dos et s'installa à califourchon sur moi.

– Aujourd'hui, tu ne m'échapperas point.

Il me fixa droit dans les yeux. On respirait tous les deux par la bouche dû à l'épuisement provoqué par la mini course poursuite. L'air qui s'échappait de nos orifices se rejoignit dans l'espace. C'est la première fois que nos enveloppes humaines étaient aussi proches. Pendant que je reprenais peu à peu mes forces, il me donna une violente claque.

– Aïe !

– Tu n'as encore rien vu connard !

– Ce doigt d'honneur que je t'ai fait, c'était pour rigoler hein ! Je m'en excuse.

– Idiot là, moi je suis pas ton pote hein ! Donc, pas d'amusements de ce genre avec moi !

– Pardon. J'ai compris. Je ne le referai plus. Est-ce que tu peux te lever maintenant s'il te plaît ? Tu es lourd et tu vas commencer à m'étouffer là.

– Tu vas d'abord le payer.

Il m'asséna de coups de plus en plus violents. Mes hurlements montaient crescendo. Après quelques minutes, il fit une pause. Il était toujours assis sur moi. Je me sentais vraiment mal à l'aise. C'était horrible.

Il tua avec une pierre une scolopendre qui faisait son bonhomme de chemin près de ma tête. Je profitai de ce moment pour me libérer de son emprise. Mais, il se coucha littéralement sur moi en me serrant dans ses bras.

– Tu n'iras nulle part !

C'est à cet instant précis que des images de Modou, en train de me violer, surgirent dans mon esprit. Alors, je me mis à hurler et à me mouvoir de toutes mes forces.

– MODOU ARRÊTE ! LÂCHE-MOI ! LÂCHE-MOI ! ARGHHH MODOUUU !

Lukman, pris de panique, me relâcha aussitôt. Les images disparurent, puis,  je me mis à chialer.

– Hey ! Ça va. Je ne vais pas te faire de mal. Calme-toi !

Il me fit asseoir sur un vieux tronc d'arbre et mima des exercices de respiration pour m'aider à me relaxer. À la suite de profondes inspirations et expirations, je revins dans mon état normal.

BOO BAH !BxB! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant