Chapitre 16

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– Bouba...Bouba...ça va ?

– Hein ?!

– Tu m'as l'air d'être ailleurs. Il y a quelque chose qui ne va pas ?

C'était le cas de le dire. La révélation de ma meilleure amie m'avait fait l'effet d'un électrochoc. J'étais anéanti. Ce retournement de situation était semblable à un coup de massue. J'avais mal. La douleur que je ressentais à ce moment-là était insoutenable. Mais, je me devais de garder la face. Je ne voulais pas qu'Aminata se doute de la nature de la relation qui me liait à Lukman. Dieu merci, je n'éprouvais pas l'envie de pleurer.

– Ça va oh ça va ! Ne t'inquiète pas pour moi.

– Tu as une tête bizarre depuis que je t'ai informé que Lukman doit se marier.

– Comme je m'évertue à te le dire, il n'y a rien.

Elle semblait peu convaincue mais abandonna quand même le sujet.

– Tu m'accompagnes chez le couturier ?

– J'ne pourrai pas. J'ai des trucs à faire.

– Tu vas faire des trucs de garçons avec Lukman, c'est ça ? demanda-t-elle en me tapotant l'épaule.

– Tu m'as entendu parler de Lukman ? Je pense que tu ferais mieux de te rendre chez ton couturier, continuai-je d'un ton antipathique.

Ma meilleure amie haussa les épaules et se rendit avec précipitation chez celui qui allait lui coudre son fameux boubou. Quant à moi, je retournai dans ma cour. La joie des enfants qui y jouaient tout autour me fendit le cœur. J'étais inquiet pour eux. En effet, je n'arrêtais pas de me demander s'ils seront, un jour, trahis comme je l'ai été. Ils étaient tellement innocents que c'est la dernière chose que je leur souhaitais. C'est quelque chose que je n'aurais souhaité à personne. Peut-être qu'à Modou, un tout p'tit peu !

Je fonçai dans ma chambre sans chercher à voir qui que ce soit. Il m'était impératif de me retrouver un peu seul. J'étais allongé, perdu dans mes pensées. Je tentais de me convaincre que ce mariage était faux. Je me disais que j'avais cru Aminata un peu trop facilement. C'est vrai qu'elle se trompait rarement voire jamais, mais je priais pour que ce soit le cas. Je faisais tout pour rester optimiste. Et pourtant, je demeurais stressé, triste mais surtout brisé.

– Aboubakar...tu es malade ?

Ma mère venait de s'introduire dans la chambre sans même que je ne m'en rende compte.

– Non maman. Je n'ai rien.

– Mais pourquoi tu es couché comme ça ?

– C'est parce que je suis fatigué.

– Fais un effort ! Notre invité s'en va. Viens au moins lui dire au revoir !

Je la suivis. Lorsque je sortis de la case, Tonton Abdoulaye hurla mon prénom. Il n'attendait que moi apparemment.

– Si tu veux changer d'avis, c'est maintenant, me glissa-t-il dans l'oreille.

Je me contentai de secouer la tête d'un air triste. J'étais beaucoup trop déprimé pour voyager. J'avais fait mon choix et je pensais pouvoir l'assumer jusqu'au bout.

– C'est pas grave. J'aurais tout essayé. Allez, ciao Bouba !

– Au revoir, répondis-je faiblement.

Il grimpa dans son tout-terrain et fonça à toute vitesse vers la capitale économique de notre pays. Sur le coup, je ne ressentais aucun remords. Bien sûr que j'étais triste que Lukman m'ait caché sa double vie mais je ne me voyais pas aller à Abidjan pour ça. La peine qui m'habitait était trop immense.

BOO BAH !BxB! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant