BOO BAH !BxB!

Chapitre 15

– Papa, j'ai finalement pris ma décision.

– Je t'écoute mon fils.

– Je préfère rester ici. Je suis conscient que ça veut dire que je mettrai un terme à mes études. Mais, je préfère ça que de quitter le village.

Cette décision, je l'avais prise en grande partie pour Lukman. Je venais de me mettre en couple avec lui et je l'aimais plus que tout. Raison pour laquelle, je ne me voyais absolument pas le quitter. Ça me briserait le cœur. C'est vrai que j'aurais certainement eu de meilleures conditions de vie à Abidjan. Mais Lukman valait pleinement ce sacrifice.

– D'accord ! Tu es un grand garçon et je présume que tu sais vraiment ce que tu fais.

– C'est le cas.

– Demain, Abdoulaye retourne sur Abidjan. Je vais de ce pas l'informer que tu ne seras pas du voyage. Il sera déçu car il aurait vraiment voulu t'accueillir chez lui.

Je compris automatiquement ce que mon père essayait de faire. Il tentait de me prendre par les sentiments. Mais, je n'étais pas dupe. J'étais fermement décidé à ne pas revenir sur ma décision.

Lorsqu'arriva le moment de dormir, je me rendis dans la case que je partageais avec Modou. C'était la première nuit que j'allais passer avec lui depuis sa curieuse maladie. Je ne pouvais dormir ailleurs vu qu'on avait un invité.

Lorsque je rentrai, il était déjà allongé sur sa natte. Mais, il ne dormait pas car il avait sciemment laissé la lumière allumée.

– Je t'attendais, annonça-t-il.

Je pris panique. Sa phrase me glaça jusqu'au sang. Mais, je fermai les poings pour me donner du courage. S'il voulait recommencer ces affreuses pratiques, j'étais prêt pour me défendre.

– Ne me touche surtout pas ! menaçai-je.

Il s'assit en tailleur et me regarda.

– Je ne vais pas te toucher. J'en ai bien envie. Mais, je te promets que je ne vais rien faire. Assieds-toi à côté de moi. J'veux juste te parler.

L'air sérieux qu'il prit me calma. Je m'assis face à lui, curieux de savoir ce qu'il voulait bien me dire.

– Tu as pris quelle décision ? demanda-t-il subitement.

– Une décision ? Par rapport à quoi ?

– Par rapport à Tonton Abdoulaye. Tu iras avec lui demain ?

– Comment tu...

– Papa m'en a parlé avant même qu'il arrive. Je sais que ce Monsieur a la possibilité de t'héberger chez lui à Abidjan.

– Ah !

– Alors ?

– Alors quoi ?

– Tu pars avec lui ou pas ?

– Tu le sauras demain.

– S'il te plaît, dis-moi sinon je n'arriverai pas à dormir.

– Comment ça ?

– J'ai peur que tu t'en ailles Bouba. Je veux que tu restes. Dis-moi que tu vas rester !

Ce personnage m'intriguait énormément. Je n'arrivais vraiment pas à le déchiffrer. Je préférais même ne pas m'y aventurer.

– Eh Modou, j'ai sommeil.

Il me retint par le bras.

– Tu as pris quelle décision ? Dis-moi putain !

– J'ai décidé de rester. Maintenant, laisse-moi dormir !

Il hurla de joie et me donna un baiser sans que je ne m'y attende. Il osa embrasser les lèvres qui n'appartenaient qu'à Lukman. J'étais rouge de colère.