Entre les murs.

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4738 jours.

Les murs étaient froids.

Le sol était dur.

L'odeur qui flottait dans les airs était nauséabonde.

4738 jours.

Bellatrix Lestrange avait passé 4738 jours enfermée quand elle se réveilla ce matin de janvier. Ses os lui faisaient mal, son estomac vide la lançait, et sa migraine ne la quittait plus depuis des années. Sa cellule était insalubre, et il était impossible à la sorcière de maintenir une hygiène de vie correcte. Elle le sentait au goût âpre dans sa bouche, ses dents avaient pourri. Elle le remarquait quand elle touchait la peau de son visage, celle-ci était couverte d'une épaisse couche de crasse. Ses boucles brunes autrefois souples et brillantes étaient désormais sèches, et parsemées de cheveux blancs. Ses lèvres gercées par le vent salin de la Mer du Nord qui entourait Azkaban étaient toujours coupées et s'infectaient régulièrement.
Le temps et les mauvais traitement infligés par les détraqueurs lui avaient ravi sa beauté, Bellatrix le savait. Son corps n'était plus celui d'une jeune femme active, mais celui d'une quarantenaire qui n'avait pas quitté sa prison depuis plus d'une décennie. La mangemort, pourtant, s'était appliquée à se maintenir en forme. Dans sa cellule étroite, elle entretenait ses muscles du mieux qu'elle pouvait. Chaque jour, c'était la même routine. Elle commençait par courir sur place, enchainait avec des abdos, des pompes, des squats, et finissait par des mouvements de duel à répétition. Il ne fallait pas perdre la main. Surtout pas.

N'importe qui qui serait condamné à une peine de prison à perpétuité perdrait naturellement foi en la vie, et se laisserait volontiers aller aux misères de la mélancolie. Il n'était pas rare que les pauvres âmes qui terminaient à Azkaban ôtent leur propre vie au bout de quelques mois d'enfermement tant les conditions de vie y étaient dures.
Mais Bellatrix, elle, était restée persuadée qu'un jour elle retrouverait sa liberté. Elle avait toujours su, au plus profond d'elle, que le Seigneur des Ténèbres reviendrait. Et Bellatrix Lestrange ne s'était pas trompée.

Le soir du 24 juin 1995, les hurlements de joie de la sorcière avaient résonné entre les murs d'Azkaban, et ceux des frères Lestrange leurs firent écho. Bartemius Croupton Jr était mort il y a déjà plusieurs années dans sa cellule, aussi Bellatrix n'entendit pas sa voix. La brune se fichait guère de ce qui était arrivé au garçon. La dernière fois qu'elle l'avait vu, il suppliait son père de ne pas l'envoyer à Azkaban. Elle le méprisait de tout son être.
Ce soir là, la marque qui ornait son avant-bras, et qui était restée endormie pendant de trop nombreuses années, s'était réveillée. Bellatrix, en regardant le dessin du crâne vomissant un serpent virer au noir, comprit immédiatement ce qui arrivait.

Lord Voldemort était de retour.

203 jours s'étaient écoulés depuis, mais Bellatrix continuait d'attendre patiemment. Les détraqueurs lui avaient arrachés ses souvenirs les plus heureux, avaient pris ce qui lui restait de bon sens. Mais jamais ces créatures démoniaques n'étaient parvenues à lui ôter la foi qu'elle avait en son Maître et Seigneur.
Et aujourd'hui, quand elle se réveilla, sa marque la brûlait plus que jamais, et la plus fidèle servante du Seigneur des Ténèbres se délecta de cette douleur qui lui avait tant manqué.
Il approchait.
Bientôt, elle serait libre.
Bientôt, elle pourrait à nouveau utiliser la magie, sentir le vent dans ses cheveux et surtout, surtout ; servir son Maître bien-aimé.

Toute la journée, Bellatrix fit les cent pas dans sa cellule comme un lion en cage, plus nerveuse que jamais. Et enfin, alors que le soleil se couchait à travers l'épaisse brume qui entourait l'île d'Azkaban, une énorme explosion retentit, et les murs de pierre s'écroulèrent dans un fracas sonore. Le cœur battant, Bellatrix escalada les débris pour s'approcher du bord et regarda instinctivement sa marque. Elle était devenue plus noire que le plumage d'un corbeau, et le serpent qui ornait son bras semblait se mouvoir avec grâce à l'intérieur du crâne sinistre. À l'extérieur, les détraqueurs s'affolaient, mais aucun ne sembla prêter attention aux prisonniers. Un rire dément s'échappa de la poitrine de la sorcière alors qu'elle se tenait au bord du trou béant provoqué par l'explosion. Le vent amena à ses oreilles les cris victorieux de ses compères, et Bellatrix sut immédiatement quoi faire.

La sorcière rassembla toute l'énergie qu'il lui restait, et, dans un nuage de fumée noire, s'envola droit vers les cieux.

L'heure était venue.

Bellatrix Lestrange allait retrouver Lord Voldemort.


****


Narcissa Malefoy tournait en rond dans sa chambre. La veille, Lucius lui avait annoncé que le Seigneur des Ténèbres ferait libérer une dizaine de mangemorts enfermés à la prison d'Azkaban. Parmi eux, il y aurait sa sœur ainée, Bellatrix.
La dernière fois que Narcissa l'avait vue, c'était quelques heures après la disparition du mage noir. Bellatrix lui avait demandé de venir avec elle, mais elle avait refusé. Puis, Lucius avait été arrêté, et s'en était sorti en prétextant avoir été soumis au sortilège de l'Imperium, suivant les conseils de son épouse. Mais Bellatrix, elle, n'avait jamais cessé de se battre. Lorsque, presque deux ans après la chute de Lord Voldemort, elle avait enfin été retrouvée par les aurors et trainée devant le Magenmagot, elle avait continué de lutter et d'affirmer que le Seigneur des Ténèbres reviendrait.
Désormais, elle était libre, et se dirigeait très certainement vers le Manoir Malefoy afin de retrouver son Maître. Et Narcissa devait l'accueillir.

À quoi ressemblait Bellatrix désormais ? Elle avait quarante-quatre ans... avait-elle conservé sa beauté, que Narcissa lui avait secrètement envié durant de longues années ? Était-elle toujours aussi charismatique et pleine de vie ? Se souvenait-elle de sa sœur ? Avait-elle toujours en tête les souvenirs heureux qu'elles avaient partagés étant enfants ?

Et...

Lui en voulait-elle de ne pas l'avoir suivie ?

Narcissa s'était sentie seule, très seule, après le départ de Bellatrix. L'imaginer entre les murs d'Azkaban l'avait rendue malade, et la vision de sa grande sœur recroquevillée dans la saleté, enfermée et à la merci des détraqueurs avait hanté ses nuits.

Se souvenait-elle de Draco ? Son fils avait bien grandi depuis. Il avait quinze ans désormais. La dernière fois que Bellatrix l'avait vu, il n'avait que seize mois.

Narcissa sentit son cœur se serrer dans sa poitrine à mesure qu'elle réalisait tout ce que Bellatrix avait manqué. Leurs parents, Cygnus et Druella, étaient morts. Leur tante Walburga aussi. Le 12, square Grimmaurd avait été légué au traitre Sirius Black. Oh et, leur nièce Nymphadora était devenue auror. Bellatrix n'allait pas aimer cela.

Aimait-elle toujours le thé à la rose ? Narcissa s'empressa d'aller regarder en cuisine si elle en avait encore. La rose avait toujours été le parfum préféré de Bellatrix.

- Ils sont là.

Narcissa fit volte-face. Lucius se tenait dans l'encadrement de la porte, et la regardait l'air grave. Il n'était plus le même depuis le retour du Seigneur des Ténèbres. Le mage noir s'était senti trahi par ses partisans, qui avaient préféré se sauver eux-mêmes plutôt que de continuer à le chercher. Il estimait qu'aucun d'eux ne méritait son pardon tant que treize ans de service n'auraient pas passé, et était encore plus exigeant qu'il ne l'avait jamais été.

- As-tu ce que je t'ai demandé ? dit Narcissa.
- Oui.

Lucius sortit une boite rectangulaire de la poche de sa longue cape noire, et la tendit à Narcissa. La sorcière saisit délicatement l'objet, comme si c'était la chose la plus précieuse du monde, puis regarda son époux d'un air fébrile. D'un hochement de tête, il lui fit comprendre qu'il était temps d'y aller, et les deux se dirigèrent vers le hall d'entrée.


****


Le Manoir n'avait pas changé. Les mêmes paons albinos ridicules des Malefoy se pavanaient toujours dans le même jardin à la française, et les mêmes murs abritaient les mêmes individus. Bellatrix ne put réprimer un sourire moqueur alors qu'elle se dirigeait vers l'immense porte d'entrée, suivie de plusieurs autres mangemorts, dont les frères Lestrange. Ils ne s'étaient pas adressés la parole depuis l'évasion quelques heures auparavant, et le visage de Rodulphus était plus fermé que jamais.

Lorsque Bellatrix se retrouva devant les portes d'entrée, celles-ci s'ouvrirent majestueusement et dévoilèrent le couple Malefoy, qui les attendait l'air solennel. Bellatrix se figea. Narcissa et elle se regardèrent longuement sans rien dire, incapables de bouger. Chacune observait la nouvelle apparence de l'autre et essayait d'adopter l'attitude la plus convenable.
Que dire après quinze ans de séparation ?

Finalement, tous entrèrent dans le Manoir, et les portes se refermèrent derrière eux. Les mangemorts se dirigèrent en silence jusqu'à la grande salle qui avait été utilisée pour les réunions lors de la première guerre. Instinctivement, Bellatrix prit place à sa chaise habituelle ; celle qui était placée à droite de la place qu'occupaient auparavant Lord Voldemort.

- J'ai soif, finit par dire Bellatrix en brisant le silence embarrassant qui s'était installé. Où est l'elfe de maison ?
- On a eu quelques soucis avec, répondit Lucius après s'être raclé la gorge.
- Oh, les pauvres, ils n'ont pas d'esclave pour les servir, répondit Bellatrix avec une voix enfantine.

Le reste des mangemorts qui s'étaient évadés avec elle accompagnèrent ses propos de rires moqueurs. Les Malefoy ne dirent rien, sachant pertinemment que chacun de leurs invités les maudissait secrètement. Après tout, ils venaient de passer plus d'une décennie à Azkaban tandis qu'eux étaient restés dans leur somptueux manoir, gardant tous leurs privilèges.

- Je vais vous chercher de l'eau, dit Narcissa en se levant de sa chaise.

Bellatrix le regarda s'éloigner en levant le menton, se donnant un air supérieur. Pourtant, elle n'avait pas fière allure, dans sa robe de détenu, avec ses cheveux sales et mal coiffés et ses dents jaunes. Lucius ne put retenir un rictus de dégoût lorsqu'il posa trop longuement les yeux sur elles. Bellatrix avait été magnifique et terrifiante lorsqu'elle avait la vingtaine. Maintenant, elle était juste terrifiante.

- C'était comment la vie de traitre, Malefoy ? fit une voix masculine.

Bellatrix émit un léger rire en entendant la question posée par son époux. Rodulphus avait du cran, pour s'adresser ainsi à Lucius.

- Je t'interdis de me parler de la sorte dans ma propre demeure, siffla Lucius.
- Ah oui ? Et que vas-tu faire, blondinet ? répondit Rodulphus en se levant.

Bellatrix prit alors le temps de regarder plus en détail le sorcier qu'elle avait épousé il y a vingt-cinq ans de cela. De la même façon qu'elle, il avait considérablement maigri. Ses muscles s'étaient atrophiés, son regard était vide, ses joues étaient creuses et ses cernes étaient presque violets. Ses cheveux presque entièrement gris étaient désormais longs et collés les un aux autres par la crasse. Une épaisse barbe grisonnante encadrait sa mâchoire. Il était loin du somptueux jeune homme qu'il avait été, mais conservait pourtant un charme que rien ne semblait pouvoir lui retirer.
Tout avait changé entre eux. Rodulphus avait trahi Bellatrix, Bellatrix avait quitté Rodulphus. Tout ce qu'ils avaient partagé avait volé en éclat, et les deux mangemorts ne partageaient désormais plus que leur nom de famille : Lestrange.

- Bellatrix ? Puis-je te parler un instant ?

La brune tourna paresseusement la tête vers Narcissa, qui lui tendait son verre d'eau. Bellatrix le prit en le termina en trois longues gorgées avant de le reposer bruyamment sur la table puis de suivre sa sœur dans une autre pièce.

- Tu peux t'asseoir si tu veux, dit Narcissa d'une petite voix en désignant un fauteuil. Tu dois être épuisée.
- Je suis bien debout, répondit sèchement Bellatrix.
- Oh...très bien... hum. Je ne sais pas par où commencer... mais d'abord, je voulais te rendre ceci, dit la blonde en tendant à Bellatrix la boite rectangulaire. Lucius a eu énormément de mal à la récupérer mais...c'est bien l'originale. J'espère qu'elle fonctionnera aussi bien qu'avant.

Bellatrix lui lança un regard suspicieux, puis prit la boite et l'ouvrit. Ses yeux s'écarquillèrent et, d'une main tremblante, elle sortit l'objet qui se trouvait à l'intérieur.

- Ma baguette...

La brune contempla émerveillée la baguette recourbée, en bois de noyer et ventricule de dragon, qu'elle avait reçu à l'âge de onze ans. Narcissa était contente de ne plus avoir à la garder avec elle, car la seule pensée de tout ce que sa sœur avait fait avec la mettait extrêmement mal à l'aise. Bellatrix ferma les yeux et caressa lentement le manche de l'arme avant de la poser doucement sur la table en face d'elle.

- Je ne peux pas me présenter comme cela devant le Seigneur des Ténèbres. As-tu récupéré mes affaires ?
- Non... elles ont été détruites... mais j'ai fait faire plusieurs robes, qui ressemblent à ce que tu portais avant de...de...
- D'être enfermée à Azkaban, compléta Bellatrix en levant les yeux au ciel. Ce n'est pas parce que tu as agi comme une lâche qu'il faut que tu continues à en être une. Assume tes erreurs, Cissy, et passe à autre chose. Où sont les robes ? Oh et, je vais avoir besoin de pas mal de potion pour tout ça, dit-elle en désignant à la fois son visage et ses cheveux.

Narcissa lança un regard affolé à la crinière de sa sœur, et hocha la tête.

- Je dois avoir ce qu'il faut...hum...j'ai la même potion de jeunesse que mère utilisait et...
- Comment va-t-elle ? demanda tout à coup Bellatrix.
- Comment va...oh...oui...

Narcissa prit une profonde inspiration, et s'assit sur la chaise la plus proche.

- Bella... père et mère...
- C'est bon, répliqua froidement Bellatrix. Alors, tu me les amènes ces produits ? Je ne vais pas attendre mille ans.

La blonde acquiesça en silence, et alla chercher ce que son aînée lui demandait, tête baissée. Elle retrouva Bellatrix quelques instants plus tard. Celle-ci s'était déjà installée dans une des suites inoccupées du Manoir et était dans la salle de bain en train de se déshabiller. Narcissa ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil à travers la porte entrebâillée pour observer sa sœur un court instant. Son cœur se serra lorsqu'elle vit à quel point celle-ci avait maigri. Ses côtes ressortaient de façon monstrueuse. Sa peau pâle était bleuie d'hématomes et de cicatrices.

- Tu vas me fixer encore longtemps ?

Narcissa sursauta, et la porte s'ouvrit. Bellatrix apparue totalement nue devant sa sœur, et ne paraissait pas le moins du monde embarrassée par la situation.

- Oui, Cissy, je suis horriblement laide, merci de me le rappeler. Il n'y avait pas de spa à Azkaban. Tu as ce que je t'ai demandé ?
- Ou...oui.

Narcissa tendit à sa sœur trois fioles remplies de potion.

- La violette, c'est pour la peau. La bleue, pour les cheveux, et la rouge... la rouge c'est aussi pour la peau. Enfin, c'est un anti-âge.
- Quelle délicate attention, siffla Bellatrix. Ça te dérangerait de me laisser tranquille maintenant ? À moins que tu veuilles aussi me laver ?
- J'y vais, répondit aussitôt Narcissa. Et...la robe est posée sur le lit.

Bellatrix soupira et lui fit un signe las de la main pour qu'elle s'en aille. Narcissa devint écarlate et sortit rapidement de la suite envahie par la mangemort.

****

Bellatrix se regarda dans la glace, et ne se reconnut pas. Ses joues étaient si creuses, ses yeux si sombres, que son visage désormais émacié avait pris l'apparence d'une tête de mort. Ses cheveux tombaient jusqu'au bas de son dos, et étaient si emmêlés qu'ils ne formaient qu'une seule masse de boucles immondes et sèches comme de la paille. Son corps... son corps était semblable à celui d'un cadavre. Là où, auparavant elle avait admiré ses propres courbes gracieuses, elle voyait désormais des angles secs, dépourvus de douceur. Même sa poitrine, qui n'avait pourtant jamais été bien large, était devenue rachitique. Elle se rappelait pourtant avec précision la façon dont ses seins tenaient pleinement dans les grandes mains de son Maître. Maintenant, il n'y avait rien à tenir du tout.
Le Seigneur des Ténèbres allait la trouver hideuse.
Bellatrix avisa les trois flacons posés sur le rebord du lavabo. Elle n'espérait pas grand chose de ces potions, mais se plaisait à croire qu'elles pourraient limiter les dégâts. Après tout, elle avait quarante ans passés. Elle ne pouvait plus se permettre de simplement se lever et être belle. Ce genre d'artifices deviendraient son quotidien, si elle souhaitait conserver un minimum de charme en dépit de l'âge.

La sorcière fit couler de l'eau chaude dans la baignoire, et y entra. Elle resta longtemps immobile, plongée dans ses pensées.

Ses parents étaient morts. Elle ne leur avait jamais dit au revoir. Il ne lui était jamais venu à l'esprit qu'en partant, elle risquait de ne jamais les retrouver. Elle se demanda quand cela était arrivé, et comment. Étaient-ils tombés malades ? Avaient-ils été tués ?
Mieux valait ne rien savoir. Bellatrix ne pouvait pas revenir en arrière, et les regrets étaient une perte de temps. Désormais, il fallait aller de l'avant, et oublier ce qui s'était passé ces dernières années.

Le Seigneur des Ténèbres était de retour, et Bellatrix devait faire ce qu'elle avait toujours fait : le servir. Coûte que coûte. Cette fois, aucun faux pas ne serait toléré, et la sorcière le savait pertinemment. Il n'y aurait pas de seconde chance.

Quand l'eau devint froide, Bellatrix se pressa pour se laver. Ses cheveux lui prirent un temps fou, mais lorsqu'elle sortit de la baignoire, elle se sentait infiniment mieux. La peau de son visage était légèrement plus lisse, son teint était un peu moins cadavérique, et sa chevelure était plus ordonnée. Elle alla ensuite dans la chambre, et regarda la robe que Narcissa lui avait apportée. Bellatrix dût avouer que sa sœur avait bon goût, car la robe était parfaite. Elle était noire, avec des manches découpées au niveau des épaules et un décolleté plongeant. À côté, il y avait un corset de cuir qui allait avec. Bellatrix revêtit les vêtements, chaussa une paire de bottes de cuir noir, et descendit.

Quand elle arriva devant la salle de réunion, son souffle se coupa, et l'émotion lui serra la gorge.

Il était là.

Devant elle.

Même avec cette apparence si étrange, elle le reconnaissait.

Lord Voldemort se leva lorsqu'il aperçut sa mangemort, et les deux s'observèrent longuement, sous le regard intrigué des autres présents dans la pièce. Des larmes étaient montées aux yeux de Bellatrix, et sa voix était tremblante lorsqu'elle s'adressa pour la première fois depuis des années à son Maître.

- J'ai toujours su que vous reviendriez...

Le Seigneur des Ténèbres s'avança d'un pas fluide vers elle, et Bellatrix put mieux distinguer les traits de son visage. Elle fut frappée de voir à quel point il avait changé. Sa peau était devenue totalement lisse, extrêmement pâle, presque translucide. Il était entièrement chauve, et ses yeux étaient écarlates. Mais le plus étrange, c'était la forme nouvelle de son visage. Lord Voldemort ressemblait presque...à un serpent. Il n'avait plus de nez, mais seulement de fentes en guise de narines. Il était bien plus grand que dans les souvenirs de Bellatrix, mais aussi plus fin, et se mouvait avec une fluidité quasi inhumaine. Quand il se déplaçait, c'était comme s'il flottait au-dessus du sol. Lorsqu'il s'arrêta à quelques centimètres de Bellatrix, celle-ci frissonna de peur. Elle venait entendre une sorte de sifflement lugubre, et sursauta quand elle sentit quelque chose lui effleurer la jambe. Elle baissa les yeux et découvrit avec effroi un énorme serpent qui rampait jusqu'à son Maître. Lord Voldemort tendit une main, et le serpent grimpa jusqu'à lui pour aller s'enrouler sur ses épaules. Le mage noir amena alors sa main vers le visage de Bellatrix, et souleva son menton en encadrant sa mâchoire de ses doigts fins.

- Ma plus fidèle servante... dit Lord Voldemort à voix basse, ses yeux plongés dans ceux de Bellatrix. Tu seras récompensée au-delà de tes plus grandes espérances pour ta loyauté sans faille.

A Black Tale II : the Dark Lord ascendingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant