L'Atrium.

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- Ainsi tu as brisé ma prophétie ? dit Voldemort à mi-voix, ses yeux rouges au regard implacable rivés sur Harry. Non, Bella, il ne ment pas... je vois la vérité dans son esprit méprisable... des mois de préparation, des mois d'efforts... Et mes Mangemorts, une fois de plus, ont permis à Harry Potter de contrarier mes plans...
- Maître, je suis désolée, je ne savais pas, je combattais Black, l'Animagus ! sanglota Bellatrix en se jetant aux pieds de Lord Voldemort qui s'approchait lentement. Maître, il faut que vous sachiez...
- Tais-toi, coupa Voldemort d'un ton menaçant. Je m'occuperai de toi tout à l'heure. Crois-tu donc que je suis venu au Ministère de la Magie pour t'entendre pleurnicher des excuses ?
- Mais, Maître... il est ici... en dessous...

Le Seigneur des Ténèbres ne lui accorda aucune attention.

- Je n'ai plus rien à te dire, Potter, reprit-il à voix basse. Tu m'as exaspéré trop souvent et trop longtemps, AVADA KEDAVRA !

Soudain, la statue du sorcier décapité s'anima et sauta de son piédestal pour atterrir lourdement sur le parquet, se dressant de toute sa hauteur entre Harry et Voldemort. Le sortilège de mort rebondit sur la poitrine de la statue qui étendit les bras pour protéger Harry.

- Quoi ? s'écria Voldemort en regardant autour de lui. Dumbledore ! dit-il alors dans un souffle.

Le directeur de Poudlard se tenait devant les portes d'or. Les yeux écarquillés, Bellatrix regarda son Maître lever sa baguette et lancer un jet de lumière verte en direction de Dumbledore qui se retourna et disparut dans un tourbillon de sa cape. Un instant plus tard, il réapparut derrière Voldemort et agita sa baguette vers ce qui restait de la fontaine. Les autres statues s'animèrent à leur tour. Celle qui représentait une sorcière se rua en direction de Bellatrix qui poussa un hurlement. Elle essaya de l'arrêter, mais ses sortilèges rebondissaient sur la poitrine d'or de la statue qui plongea vers elle et la plaqua au sol. Pendant ce temps, la statue du centaure qui n'avait plus de bras se galopait en direction de Voldemort. Celui-ci se volatilisa aussitôt et réapparut au bord du bassin. Une autre statue éloignait Harry du combat tandis que Dumbledore marchait sur Voldemort, le centaure galopant autour d'eux.

- C'était une idiotie de venir ce soir, Tom, dit Dumbledore d'un ton très calme.

Pendant une fraction de seconde, le regard du Seigneur des Ténèbres se posa sur sa servante prise au piège.

- Les aurors sont en route...
- Et quand ils arriveront, je serai parti... et tu seras mort, répondit Voldemort d'un ton létal.

Il envoya aussitôt un autre sortilège de mort à Dumbledore mais il le rata. L'éclair frappa un bureau et y mit le feu.
Dumbleodre remua légèrement sa baguette magique et la force du sortilège qui en sortit fut telle que les boucles brunes de Bellatrix se soulevèrent quand elle en sentit le souffle. Cette fois, Lord Voldemort fit apparaître un bouclier d'argent étincelant pour dévier le jet de lumière. Sous le choc, une note grave, semblable à celle d'un gong, s'éleva et résonna dans toute la salle en un son étrange, à glacer le sang.

- Tu ne cherches pas à me tuer, Dumbledore ? lança Voldemort, ses yeux écarlates plissés au-dessus de son bouclier. Tu ne t'abaisses pas à de telles brutalités, n'est-ce pas ?
- Nous savons tous les deux qu'il existe d'autres moyens de détruire un homme, Tom, répondit Dumbledore, toujours aussi calme.

Il continuait d'avancer vers le Seigneur des Ténèbres comme s'il n'éprouvait pas la moindre peur, comme si rien ne s'était passé qui pût interrompre sa marche à travers le hall.

- Me contenter de prendre ta vie ne me satisferait pas, je l'avoue...
- Il n'y a rien de pire que la mort, Dumbledore, gronda Voldemort avec hargne.
- Tu te trompes complètement, répliqua le vieillard. En vérité, ton incapacité à comprendre qu'il existe des choses bien pires que la mort a toujours constitué ta plus grande faiblesse...

Un autre jet de lumière verte jaillit de derrière le bouclier. Cette fois, ce fut le centaure manchot, galopant devant Dumbledore, qui reçut l'éclair de plein fouet et se brisa en mille morceaux. Mais avant que les débris aient eu le temps de retomber sur le sol, Dumbledore avait brandi sa propre baguette comme s'il s'agissait d'un fouet. Une longue flamme mince fusa alors de son extrémité et s'enroula autour de Voldemort et de son bouclier. Pendant un instant, il sembla que Dumbledore avait remporté la victoire, et Bellatrix retint son souffle. Mais soudain, la corde enflammée se transforma en serpent qui relâcha aussitôt son étreinte et se retourna vers Dumbledore en sifflant avec fureur.
Voldemort se volatilisa. Le serpent se dressa, prêt à frapper...
Une gerbe de flammes explosa dans les airs, au-dessus de Dumbledore, juste au moment où Voldemort réapparaissait, debout sur le piédestal, au milieu du bassin où, quelques minutes plus tôt, se dressaient les cinq statues. Puis, le mage noir attaqua. Un jet de lumière verte jaillit de sa baguette et le serpent de mit en action...

Un large volatile apparut soudain devant Dumbledore, sous le regard ébahit de Bellatrix. Un phénix. L'oiseau fondit et, le bec grand ouvert, avala le rayon de lumière tout entier. Le phénix se consuma alors dans un jaillissement enflammé et tomba au sol dans une petite boule de plumes ratatinées. Au même moment, Dumbledore brandit sa baguette et décrivit dans les airs un long mouvement fluide. Le serpent majestueux, qui était sur le point de planter ses crochets dans sa chair, s'envola et s'évapora en une volute de fumée noire tandis que l'eau du bassin s'élevait brusquement et enveloppait Voldemort comme un cocon de verre fondu.
Pendant quelques secondes, Voldemort ne fut plus qu'une silhouette sombre, ondulante, dépourvue de visage, dont la forme indécise et luisante se débattait sur le piédestal pour essayer d'échapper à la masse vitreuse qui l'étouffait.
Soudain, il disparut et l'eau retomba avec fracas, déferlant sur les bords du bassin, inondant le parquet verni.
Bellatrix fut alors prise d'une peur panique. Elle n'avait aucune idée de ce qui était advenu du mage noir.

- Maître ! hurla la mangemort avec une voix déséspérée.

Toujours prisonnière de la statue, Bellatrix fut tout à coup secouée de sanglots. Peut-être que le Seigneur des Ténèbres avait disparut une seconde fois. Peut-être qu'il était encore en vie, mais qu'il s'était enfui et l'avait laissée là, à la merci des aurors. Peut-être qu'elle allait retourner à Azkaban, et qu'il ne viendrait pas la chercher cette fois-ci.
Soudain, un cri attira son attention.

Au centre du vaste hall, Harry se contorsionnait au sol comme un ver, les yeux révulsés, et sa mâchoire se mit à remuer pour laisser échapper une voix étrange :

- Tue-moi, maintenant, Dumbledore...

Bellatrix, bouche-bée, réalisa aussitôt ce qui se passait. Lord Voldemort avait possédé Harry Potter. Ce genre de magie demandait une puissance exceptionnelle, et un talent immense. C'était une très ancienne forme de magie, que plus personne n'osait utiliser depuis des siècles tant elle était dangereuse.

- Si la mort n'est rien, Dumbledore, tue ce garçon...

Puis, Bellatrix se figea, et son cœur se mit à pulser dans sa poitrine. Une quinzaine de personnes venaient d'arriver dans l'Atrium par les cheminées enchantées, et à leur tête ; il y avait le Ministre de la Magie lui-même.

Au moment où Cornelius Fudge posa les yeux sur elle, Bellatrix se rendit compte que la statue avait disparut, et sentait des bras l'envelopper. Alors que ses dernières larmes coulaient le long de ses joues, Bellatrix esquissa un sourire ému. Son Maître ne l'avait pas abandonnée. Une fois encore, il était revenu pour elle. Sous le regard effaré du Ministre qui réalisait son erreur, le Seigneur des Ténèbres et sa plus fidèle servante se volatilisèrent.


****


Lord Voldemort jeta Bellatrix à terre dès qu'il posa les pieds sur le sol. La mangemort s'écrasa dans un bruit sourd, et tâcha de se relever immédiatement. Ils étaient devant le Manoir Malefoy.

- Tu as une minute pour prendre le nécessaire et prévenir ta sœur que nous ferons profil bas pour les semaines qui suivront, siffla le mage noir à sa mangemort.

Le souffle court, Bellatrix se hâta de lui obéir. Elle se précipita à l'intérieur du Manoir, utilisant sa baguette pour faire venir à elle un sac et toutes les affaires dont elle pourrait avoir besoin. Narcissa, en entendant le remue-ménage, accourut aussitôt.

- Bella ! Enfin tu es là !

Bellatrix restait muette, les dents serrées, occupées à réunir ses affaires.

- Où est Lucius ? demanda Narcissa, l'air grave.
- En prison, très certainement. On fait profil bas pour les prochaines semaines. Tâche de tout faire disparaître, toutes les preuves, toutes nos affaires. On reviendra quand il sera temps, et Lucius sera très certainement libéré. Je dois y aller, Cissy.
- Quoi ? mais, attends ! Bella !

Narcissa courut après sa sœur jusque dans le jardin, mais s'arrêta net quand elle vit le Seigneur des Ténèbres. Bellatrix, d'un regard sévère, fit comprendre à sa benjamine qu'elle devait faire demi tour, et Narcissa ne trouva pas la force de lui désobéir. Le cœur serré, elle rentra à l'intérieur de son immense Manoir, qui était maintenant bien vide.

Bellatrix la regarda s'éloigner, et frissonnait encore de peur quand Voldemort passa un bras autour de sa taille. Il n'y avait aucune délicatesse, aucune tendresse dans son geste. Il l'avait attrapée comme un attrape un sac, et quand il transplana, il l'emmena avec lui avec une grande brutalité.

Cette fois, Maître et servante atterrirent dans un endroit totalement inconnu à Bellatrix. Ils étaient au beau milieu d'une forêt sombre, à l'orée d'une clairière. La sorcière resta accrochée à son sac, les bras ballants, ne cachant que faire. Elle observa Voldemort, qui s'était éloigné de plusieurs mètres et était occupé à sécuriser les lieux. Refusant de rester inutile, Bellatrix le rejoint.

- Repello Inimicum, protego totalum, salveo maleficia, repello moldum, murmura la mangemort, baguette à la main.

Le soleil ne tarda pas à se coucher. Voldemort avait fait apparaître une espèce de cabane de chasseur dans la clairière, et Bellatrix se douta qu'elle avait dû être protégée par des enchantements pour rester invisible à l'œil des étrangers. Il n'y avait presque rien à l'intérieur. À vrai dire, il n'y avait qu'un lit, un pauvre matelas au sol et une cuisinière. Même pas de salle de bain. Rien. Quand la nuit tomba, Voldemort enchanta le lit afin qu'il soit plus confortable, mais laissa le matelas sur lequel allait dormir Bellatrix tel quel.
Les deux se couchèrent, et la sorcière peinait à s'endormir. Son Maître ne lui avait pas adressé la parole de la soirée, et l'idée qu'elle ait pu le décevoir lui retournait l'estomac. Il était là, à moins d'un mètre d'elle. Elle savait qu'il ne dormait pas non plus. Elle le devinait au rythme de sa respiration, qui était encore trop rapide.

- Je suis désolée, murmura-t-elle, la voix écrasée par le chagrin.

Lord Voldemort resta silencieux. Il l'avait entendue pourtant. Bellatrix n'osait même pas le regarder, mais elle l'entendit se retourner dans son lit. Il lui faisait dos. Son Maître n'avait aucune envie de l'entendre maintenant. Résignée, la mangemort ferma les yeux, et seul le sommeil fut capable d'arrêter ses larmes.

A Black Tale II : the Dark Lord ascendingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant