A Black Tale II : the Dark Lord ascending

Harmonia nectere passus.

8 juin 1997, École de sorcellerie Poudlard, Écosse.

Le chant d'un petit oiseau au plumage jaune criard enfermé dans une cage en argent résonnait dans l'étrange salle où se trouvait Draco Malefoy. La pièce était aussi vaste qu'une cathédrale. Filtrant à travers de hautes fenêtres, des rayons de lumière illuminaient ce qui ressemblait à une ville aux immenses murailles constituées d'objets cachés par des générations d'occupants de Poudlard. Il y avait des allées, des rues même, bordées de meubles cassés ou endommagés, entassés en piles vacillantes, relégués là pour dissimuler peut-être les effets des mauvaises manipulations magiques ou entreposés par des elfes de maison fiers de leur château. On voyait aussi des livres par milliers, sans aucun doute interdits, couverts de graffitis ou volés ; des catapultes ailées et des Frisbee à dents de serpent, certains encore dotés d'assez de vie pour voltiger sans conviction au-dessus de montagnes d'autres objets prohibés ; des flacons ébréchés de potions coagulées par le temps, des chapeaux, des bijoux, des capes ; il y avait également des coquilles d'œufs de dragon, des bouteilles bouchées dont le contenu brillait encore de lueurs maléfiques, plusieurs épées rouillées et une lourde hache maculée de sang.
Mais dans la Salle sur Demande, surtout, il y avait l'armoire à disparaître, et celui qui essayait de la réparer depuis tant de mois. Draco savait que cet objet était le seul moyen qui lui permettrait d'introduire les mangemorts dans l'enceinte de Poudlard. Il ne pouvait pas défaire Dumbledore seul, il ne le savait que trop bien. Pas avec tous les professeurs, pas avec les aurors qui patrouillaient dans les couloirs depuis que le retour du Seigneur des Ténèbres avait été reconnu par le Ministère de la Magie. Il avait fourni tous les efforts possibles pour faire fonctionner l'armoire, mais aucun n'avait été fructueux jusque là. Chaque essai s'était soldé par un échec, et chaque échec faisait un peu plus grandir la peur et l'angoisse chez le jeune sorcier. S'il venait à échouer la mission qui lui avait été confiée par Lord Voldemort, il savait que ce dernier s'en prendrait au sien. Il retenait sa mère, et pourrait tuer son père, qui était toujours enfermé à Azkaban, avec une facilité déconcertante. Si Draco ne tuait pas Albus Dumbledore, Narcissa et Lucius Malefoy seraient abattus.

Les muscles du visage de l'enfant étaient contractés, son regard était sombre. Il ne lui restait que peu de temps avant la fin de l'année. Il venait de passer une heure à trafiquer l'armoire à disparaître dont la jumelle se trouvait chez Barjow et Beurk. Là-bas, Fenrir Greyback devait s'assurer de l'avancée du plan en réceptionnant les objets qui devaient être envoyés dans la boutique. Jusque là, aucun artéfact qu'avait envoyé Draco n'avait fait le voyage. Tous ses espoirs reposaient sur l'énième tentative qu'il s'apprêtait à faire.
La pression était immense. Le jeune sorcier avait l'impression qu'il étouffait, qu'une main d'acier serrait son cou et l'empêchait de respirer. Il sentait un sanglot se former au creux de sa gorge, et le réprima en prenant une profonde inspiration. Quand il eut retrouvé un semblant de calme, il se dirigea vers la cage argentée où un petit canari voletait de façon énergétique. Il prit l'oiseau dans ses mains avec une infinie délicatesse, prenant soin de ne pas abîmer ses ailes minuscules, et le posa doucement à l'intérieur de l'armoire. Le petit volatile émit quelques piaillements mélodieux, et Draco referma lentement la porte de l'armoire sur lui. Puis, il pointa sa baguette en direction du meuble.

- Harmonia nectere passus, murmura-t-il avant que l'armoire se mette à trembler.

1, 2, 3.

Il rouvrit la porte. L'oiseau avait disparu.
Il avait fait le trajet jusqu'à l'armoire jumelle.
Le cœur de Draco se mit à pulser dans sa poitrine, son souffle s'accéléra.
Il referma la porte.

- Harmonia nectere passus.

1, 2, 3.

Il rouvrit la porte.