A Black Tale II : the Dark Lord ascending

Retrouvailles.

15 juillet 1997, Manoir Malefoy, Wiltshire.


- Et bien ? Comment tu me trouves ?
Narcissa regarda sa sœur de haut en bas. Bellatrix avait revêtu une longue robe noire, bien ajustée aux hanches et bien décolletée également. La poitrine de la sorcière semblait avoir doublé de volume, et ses seins laiteux paraissaient vouloir sortir du tissu qui les retenait. La dentelle au bout des manches et du jupon était finement travaillée, et le tissu se mouvait avec une fluidité qui rappelait le mouvement de l'eau. Bellatrix réussissait à mêler grâce et vulgarité avec brio. Elle était splendide, comme toujours, avec ses belles boucles brunes et son unique mèche de cheveux argentés. Ses yeux sombres brillaient d'une lueur étrange, et ses joues creuses mettaient en valeur ses pommettes hautes et sa mâchoire ciselée. Son teint était parfait. À vrai dire, elle rayonnait.

- Tu es... très belle, répondit Narcissa en plissant les yeux. Tourne toi un peu.

Bellatrix fit un tour sur elle-même, faisant voleter son large jupon. Narcissa regarda le corps de son aînée avec insistance, et sembla réaliser quelque chose. Un air suspicieux put alors se lire dans ses yeux lorsqu'elle remarqua à voix haute :

- Tu as pris du poids.
- Merci, Cissy, répondit Bellatrix d'une voix cassante.
- Tu as les joues roses.
- Et alors ? n'est-ce pas joli ?
- Tes cheveux sont incroyablement brillants.
- Cesse donc je vais prendre la grosse tête, dit Bellatrix, amusée.

Narcissa s'approcha d'un coup de sa sœur, qui eut un mouvement de recul et lui lança un regard surpris.

- C'est quoi ton problème ?
- Depuis combien de temps ? demanda Narcissa à voix basse, les yeux plissés.
- Depuis toujours, t'as toujours été bizarre, répondit Bellatrix.
- Depuis combien de temps es-tu enceinte ?

Bellatrix cessa de sourire et recula d'un pas prudent. Son souffle s'était accéléré d'un coup.

- Je ne suis pas en...
- Pas besoin de mentir, Bella, coupa Narcissa. Combien de temps ?
- Deux mois environ, murmura la mangemort.
- Deux mois ! cria Narcissa.
- Shhh ! Pas besoin de gueuler comme ça, siffla Bellatrix en regardant autour d'elle bien que les deux sœurs se trouvèrent dans la chambre de l'ainée, à l'abri des regards indiscrets.

Narcissa, choquée, trouva un fauteuil pour s'asseoir. Bellatrix tordait nerveusement ses doigts, ne sachant que faire.

- Qui est le père ? Ce ne peut être Rodulphus, alors qui ? Yaxley ? Carrow ?
- Ew, arrête de m'insulter de la sorte, répondit Bellatrix en faisant une grimace.
- Severus ? demanda Narcissa, les yeux écarquillés.
- Arrête ça tout de suite, Cissy, gronda Bellatrix. Ce ne sont pas tes affaires.
- Tu es ma sœur ! protesta la blonde.
- Ce ne sont pas tes affaires, répliqua Bellatrix une seconde fois d'un ton plus menaçant.
- Pourquoi es-tu ainsi sur la défensive ? Je me fiche bien de tes affaires d'adultère, c'est votre problème à Rodulphus et à toi. J'aimerai juste savoir qui est le père de mon futur...
- Il n'y a pas de futur neveu ou quoi que ce soit et je t'ordonne d'arrêter tout de suite cette conversation, Cissy, siffla Bellatrix qui était désormais rouge de colère.

Soudain, Narcissa réalisa. Il n'y avait qu'une seule personne pour qui Bellatrix ferait preuve d'une si grande loyauté. Une seule personne dont elle garderait le secret à tout prix. Maintenant qu'elle y pensait, c'était évident. Bellatrix n'avait jamais eu d'yeux que pour lui. Il était sa raison de vivre, de tuer, de mourir. Elle avait toujours refusé d'être mère, et elle n'aurait céder à cette tache que pour un seul homme.

Narcissa étouffa un cri en plaquant la main sur sa bouche.

Sa sœur portait l'héritier du Seigneur des Ténèbres.

- Oh, Bella... dans quoi t'es-tu mise cette fois-ci... soupira Narcissa.

Bellatrix pinça les lèvres et tourna les talons pour sortir de la chambre. Narcissa la suivit, le visage marqué par l'inquiétude. La brune descendit les escaliers et alla jusqu'au salon où elle s'affala devant le canapé posé à quelques mètres de la cheminée. Bizarrement, elle semblait apaisée, et avait posé une main sur son ventre légèrement gonflé. Narcissa, elle, était plus nerveuse que jamais à mesure qu'elle réalisait tout ce que cette grossesse inattendue impliquait. La blonde faisait les cent pas devant sa sœur, se rongeant les ongles.

- Cesse ton cinéma Cissy, siffla la brune, c'est un honneur de servir le Seigneur des Ténèbres.

Une lueur de folie brillait dans les yeux noirs de la femme. Elle abordait un sourire éclatant, si grand que ses joues menaçaient de se déchirer sous la tension.

- Tu ne te rends pas compte Bella... Le Maître... Que va dire Rodulphus... Oh, d'abord Draco, puis toi... qu'allons nous faire... Il veut s'en prendre à nous... nous faire du mal...
- Le Seigneur des Ténèbres ne me fera jamais aucun mal ! Hurla Bella.

Narcissa abandonna l'idée de répondre à son aînée. Il était inutile de discuter avec la terrible Bellatrix.

- Je n'aime pas l'attitude que tu as adopté ces derniers mois Cissy, enchaîna Bella après avoir repris ses esprits. Tu es lâche, tu ne fais pas confiance à notre Maître. Tu agis comme s'il n'avait pas tout sous contrôle. Comme si notre famille n'était pas tombée assez bas ! Regarde où Lucius nous a mené ! Le Seigneur des Ténèbres ne l'a pas suffisamment puni pour ses échecs ! Tu devrais réaliser à quel point notre Maître a fait preuve de miséricorde. Et maintenant, il me confie ce qu'il a de plus précieux au monde Cissy ! Te rends-tu compte ? C'est une bénédiction !

L'épouse Malfoy laissa la mangemort continuer son monologue hystérique sans trop lui prêter attention. Sa famille était décidément maudite. Le Seigneur des Ténèbres voulait se venger de Lucius et il avait déjà commencé avec leur unique fils Draco qui avait dû accomplir une tâche impossible, une mission-suicide. Désormais, Il avait fait de sa dernière sœur une bombe à retardement. Cette chose qui poussait entre les entrailles de Bellatrix serait leur perte à tous, elle le sentait.

Un moment passa avant que Lucius et Draco ne viennent rejoindre les deux sœurs. Quand tous furent réunis, Bellatrix se leva.

- Il est l'heure, déclara-t-elle calmement. Vous avez tout ce qu'il faut ?

Lucius montra la bouteille de champagne qu'il tenait à la main.

- En route, dans ce cas.

Bellatrix prit une poignée généreuse de poudre de cheminette, se plaça à l'intérieur du foyer et prononça distinctement « Château Lestrange » avant d'être happée dans de grandes flammes vertes.


****


Château Lestrange.


L'émotion gagna immédiatement le cœur de Bellatrix quand elle arriva à son ancien domicile. Dans la somptueuse demeure des Lestrange, rien n'avait changé. Chaque meuble, chaque tableau était à la même place que lorsqu'elle avait quitté le Château sur ordre de Lord Voldemort pour aller vivre chez les Malefoy. Avec de grands yeux ébahis, elle inspecta chaque aspect du domicile, menant le groupe jusqu'à la grande salle de bal où se trouvaient les hôtes et les invités. Tous les mangemorts étaient présents pour fêter la libération de ceux qui avaient été capturés lors de la bataille du Ministère, ainsi que la mort d'Albus Dumbledore. Un orchestre jouait un air classique, majestueux, tandis qu'une multitude de petits groupes discutaient autour de verres de diverses boissons.

Bellatrix balaya la salle du regard, et ses yeux s'arrêtèrent au bout de quelques secondes sur celui qu'elle cherchait. Son cœur s'emballa quand elle le vit. Comme il lui était étrange, désormais, d'apercevoir son époux. Un vague de souvenir l'envahit, et soudain, elle se remémora la sensation de Rodulphus contre elle. Elle se souvint de son parfum, de son rire, de ses caresses, du ton de sa voix. Elle se souvint des valses qu'ils avaient partagées, des nuits délicieuses qu'ils avaient passées, des combats acharnés qu'ils avaient menés.
Rodulphus sembla sentir le regard de Bellatrix sur lui, car il tourna la tête vers elle au même moment. Le couple resta un instant à se fixer sans oser faire le moindre mouvement, l'un et l'autre à l'autre bout de la grande salle de bal. Puis, Rodulphus murmura quelque chose à son interlocuteur, et se dirigea d'un pas fluide vers Bellatrix.

- Bonsoir, Bella.
- Bonsoir, Dolph.

Elle lui fit un sourire timide, qu'il lui retourna avant de se racler la gorge de façon maladroite.

- Tu es ravissante ce soir.
- Merci. C'est un véritable plaisir de te revoir, dit-elle à voix basse, le regard fuyant. Je ne pensais pas revenir ici un jour...
- Tu seras toujours la bienvenue, Bella. C'est ta maison ici. Ta famille.

Bellatrix eut un pincement au cœur en entendant ces mots. Ta famille. Rodulphus et elle étaient mariés, mais leur mariage cette dernière décennie n'avait pas été des plus communs. Elle ne lui avait jamais donné de descendance, et avait fini par mettre plus ou moins fin à leur relation lorsqu'elle l'avait surpris dans les bras d'une autre. Pourtant, Rodulphus semblait toujours autant attaché à elle.

- Tu as été et reste la meilleure amie que j'ai eue, Bellatrix Lestrange, dit-il d'une voix émue. Peu importe ce qui s'est passé, et ce qui se passera, je ne peu pas effacer les souvenirs heureux que nous partageons.
- Dolph...

Elle était incapable de dire autre chose. Elle avait envie de se jeter contre lui, de tout oublier, de retrouver celui qui avait toujours été de son côté, sur le champ de bataille comme dans leur foyer. Elle constatait à quel point il avait changé cependant. Lorsqu'il s'était échappé une première fois, sa nouvelle apparence l'avait choquée. Il était ridé, avait une barbe grisonnante, un teint blafard et une longue cicatrice barrait son visage. Mais il avait tout de même gardé son charme d'antan. Il avait conservé le même regard ténébreux, les mêmes boucles qui lui donnaient une allure altière, les mêmes traits ciselés.
Rodulphus dut se rendre compte que son épouse scrutait les moindres détails de son visage, car il eut un sourire gêné et passa une main douce autour de la taille de Bellatrix pour la diriger vers le buffet.

- Vin ou champagne ? proposa le mangemort.
- Jus de citrouille, répondit Bellatrix d'un ton assuré.

Rodulphus fronça légèrement les sourcils mais ne fit aucune remarque, et servit à Bellatrix ce qu'elle lui avait demandé. Suite à cela, il se servit lui-même une flute de champagne.

- Quand je suis retourné à Azkaban, j'ai failli perdre la raison, dit Rodulphus à voix basse. Je n'arrivais pas à croire qu'on me livrait une nouvelle fois aux détraqueurs. Mais je pensais à toi, et au Seigneur des Ténèbres. Je savais que, lorsque je sortirais à nouveau, tu serais toujours à ses côtés.
- Je suis contente d'entendre que ma loyauté t'a aidé à tenir bon, dit Bellatrix avant de prendre une gorgée de son verre.
- Tu as toujours été un exemple pour moi.

Bellatrix remarqua qu'un groupe de mangemorts comprenant Dolohov, Avery, Macnair et Rowle la regardait avec insistance. Elle fit une grimace et fit de son mieux pour les ignorer, mais sa tentative se révéla vaine lorsque ces messieurs décidèrent de rejoindre la conversation.

- Alors les Lestrange, comment vous allez fêter vos retrouvailles ? demanda Dolohov.

Bellatrix nota immédiatement qu'ils étaient tous déjà ivres.

- Miss Bella a décidé de donner le tout pour le tout à ce que je vois, dit Rowle en lorgnant la poitrine de Bellatrix. T'as de la chance, Lestrange, d'avoir une bonne femme comme ça. Je suis sûr qu'elle est super chaude au...

Le poing de Bellatrix lui atterrit en pleine figure, et du sang chaud gicla aussitôt de son nez. Rowle poussa un grognement avant de tomber au sol, sonné. Rodulphus éclata de rire, et fut vite rejoint par les autres.

- Ça vous apprendra à manquer de respect à ma belle-sœur, fit une voix masculine derrière eux.

Bellatrix se tourna, et un sourire ravi se dessina sur ses lèvres.

- Rabastan !
- Salut, Bella, répondit le sorcier en lui adressant un clin d'œil. Tu n'as pas perdu la main à ce que je vois.
- Jamais, dit-elle en levant le menton.

Rabastan posa les yeux sur le verre de jus de citrouille que Bellatrix tenait, puis sur ses seins, puis sur son ventre, puis sur Rodulphus. Il passa sa langue sur ses lèvres et secoua doucement la tête. Rodulphus semblait lui aussi avoir compris.

- Je vous laisse, dit Rabastan qui n'avait aucune envie d'assister à la conversation. J'ai quelques mots à dire à Lucius.

Le couple Lestrange le regarda s'éloigner, puis Rodulphus entraina Bellatrix dans un coin reculé, à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes.

- J'ai raison de croire ce que je crois ? demanda Rodulphus, amer.

Bellatrix haussa les épaules.

- C'est de la folie, Bella. Tu sais qu'il y a déjà des rumeurs qui courent ?
- Quoi ? siffla Bellatrix qui manqua de s'étouffer.
- Parmi les mangemorts, répondit Rodulphus. Certains se doutent de quelque chose entre toi et Lui. D'autres ont déjà remarqué des changements dans ton apparence. Je refusais d'y croire mais...

Il posa les yeux sur ses seins. Bellatrix devint rouge écarlate et posa une main sur sa poitrine pour cacher son décolleté.

- C'est quoi votre problème à tous ce soir ? pesta-t-elle. C'est n'importe quoi. Il ne se passe plus rien entre le Seigneur des Ténèbres et moi, et je ne suis pas enceinte.

Rodulphus lui lança un regard qui montrait à quel point il avait du mal à la croire.

- Je ne suis pas enceinte de lui, affirma Bellatrix en grinçant les dents.
- Tu n'as pas besoin de me mentir à moi, Bella, soupira Rodulphus. Je voulais juste te dire de faire plus attention.
- Oui et bien, tu n'es pas mon père, rétorqua sèchement Bellatrix. Mêle toi un peu de tes affaires, ajouta-t-elle avant de tourner les talons pour rejoindre la fête.