Le caveau des Black.

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15 janvier 1996, Manoir Malefoy, Wiltshire.


Le regard méprisant de Lord Voldemort se posa sur chacun de ses mangemorts présents dans la salle. Ils étaient misérables devant lui, ces traîtres qui avaient renoncé à leur Maître à la première occasion. Malefoy, Macnair, Crabbe, Goyle... aucun n'avait de valeur aux yeux du Seigneur des Ténèbres.
Puis il y avait les Lestrange. Ils avaient été à Azkaban pour lui, s'étaient battus, avaient attaqué les aurors les plus redoutés, et jamais n'avaient nié leur lien avec Lord Voldemort. Et désormais, ils se tenaient là, devant lui, leur Maître tout-puissant, avec le même désir ardent de le servir.

- Comme vous pouvez le constater, dix de mes plus fidèles serviteurs sont de retour parmi nous. Eux seuls ont tenté de me retrouver. C'est pourquoi quatre d'entre eux participeront à une mission de la plus haute importance.

Le mage noir avait toute l'attention de ses partisans désormais.

- Il y a seize ans de cela, une prophétie mentionnant l'enfant que vous connaissez tous sous le nom d'Harry Potter m'a été rapportée. Néanmoins, je n'ai eu accès qu'à une partie de la prophétie...

Bellatrix sentit sa gorge se nouer. Elle se souvenait de la nuit du 31 octobre 1981 comme si c'était hier. À cause de cette prophétie, son Maître avait disparu durant quatorze longues années.

- La plupart d'entre vous sont déjà au courant, mais Boderick Moroz, une langue de plomb au service du Ministère de la Magie, a accidentellement été tué par un Filet du Diable délivré par Macnair à l'hôpital Ste Mangouste. Moroz y était interné depuis presque un an. L'année dernière déjà, nous avions tenté de récupérer la prophétie au Département des Mystères en le soumettant au sortilège de l'Imperium afin qu'il aille lui-même la récupérer et nous la livrer. Malheureusement, notre ami a totalement perdu la raison au contact de la prophétie, et est donc devenu inutile.
- Souhaitez-vous que nous allions la chercher nous-même ? se risqua à demander Dolohov.
- Je crains que seul les individus concernés par la prophétie puissent la récupérer, répondit Voldemort d'une voix plate.
- Mais...Maître...vous ne pouvez y aller ! C'est trop risqué, dit Bellatrix, soucieuse.
- Allons, allons, Bellatrix... je n'ai pas perdu la raison... non... Harry Potter ira la chercher pour moi.
- Potter ? Pourquoi ferait-il une chose pareille ? s'étonna la mangemort.
- Vois-tu, lorsque j'ai lancé le sortilège de mort sur Harry alors qu'il n'était qu'un bébé, une sorte de connexion s'est formée entre nous. Je peux voir ce qu'il y a dans sa tête avec une aisance que je n'ai jamais connue. Je peux manipuler son esprit avec la plus grande facilité. Et, Bella... Potter est faible. Très faible. Il aime ses amis, et s'attache à quiconque lui donne le minimum d'attention... c'est une immense faiblesse, dont je compte me servir. Je lui ferai voir des choses, lui ferai vivre ses pires cauchemars... puis, quand il sera temps, je le convaincrai de se rendre au Ministère et de prendre la prophétie.

Bellatrix regardait le Seigneur des Ténèbres avec des yeux brillants d'admiration, et un sourire immense aux lèvres. Lord Voldemort soutint son regard, et eut un sourire imperceptible.

- Et c'est là que vous entrez en jeu. Dès que la prophétie sera entre ses mains, vous la lui prendrez, et l'amènerez à moi. C'est aussi simple que cela.

La mangemort frétillait d'impatience sur sa chaise. Ces parties de chasse lui avaient manqué plus que tout.

- Quand cela, Maître ? Quand attaquerons-nous Potter ?
- Pas maintenant, répondit le mage noir. Voyons d'abord comment le garçon accueille les visions que je vais créer pour lui.


****


3 février 1996, cimetière Sainte Hellawes, Wiltshire.


La pelouse gelée crissait sous les pas de Bellatrix. Cachée sous une longue cape noire au large capuchon, la sorcière se dirigeait vers un caveau richement décoré. Ses murs de pierre étaient gravés de runes ancestrales, et le noble et ancien nom des Black était inscrit à l'entrée majestueuse. Le cimetière balayé par le vent glacial de février était vide, et Bellatrix retint son souffle avant d'entrer dans le caveau, sans regarder derrière elle.

Il faisait sombre à l'intérieur. Seul un faible rayon de lumière éclairait les murs recouverts des noms des membres de la famille qui avaient trépassé. Au centre, une statue de marbre représentant un sorcier à l'allure digne trônait. Derrière, un petit escalier de fer menait à la cave où étaient rassemblés les tombeaux. Bellatrix prit une profonde inspiration, et l'emprunta. En bas, l'obscurité était totale. La sorcière sortit sa baguette et alluma les torches afin de mieux distinguer ce qui l'entourait. Autour d'elle, des dizaines et des dizaines de tombeaux bordaient la longue allée dont on ne voyait pas le bout. Les premiers dataient de plusieurs siècles. Plus on avançait, plus les dates de décès étaient récentes. La mangemort marcha longtemps avant d'enfin voir les premiers noms qui lui étaient familiers.
Dorea Potter, née Black, 1920-1977. Orion Black, 1929-1979. Walburga Black, 1941-1985. Pollux Black, 1912-1990. Irma Black, née Crabbe, 1912-1991. Lucretia Prewett, née Black, 1915-1992.


Cygnus Black, 1933-1992.
Druella Black, née Rosier, 1934-1992.


Bellatrix s'arrêta net devant le tombeau de ses parents. Du bout des doigts, elle caressa doucement la surface de marbre lisse. Cela faisait donc quatre ans qu'ils avaient quitté ce monde. Ils étaient morts relativement jeunes, nota la sorcière. Elle espéra un instant qu'elle ne connaitrait pas le même sort. Avec un peu de chance, elle vivrait assez longtemps pour voir le Seigneur des Ténèbres au sommet du pouvoir. Bellatrix chassa cette pensée d'un revers de la main. Ce ne serait sûrement pas le cas. Elle venait de passer treize ans entre les murs d'Azkaban, et elle était prête à se battre pour son Maître et participer à son ascension au pouvoir ; même si elle devait pour cela payer le prix fort.

Bellatrix était prête à mourir si cela était nécessaire. Ce serait un honneur pour elle de tomber en combattant pour Lord Voldemort.

- Il n'est nul besoin de se dire au revoir, murmura Bellatrix. Nous nous reverrons un jour, dans un monde fait pour nous. D'ici là, je continuerai à me battre pour l'honneur de notre noble famille, dans l'espoir que mes actions puissent racheter les tords causés par les traîtres à leur sang. Le Seigneur des Ténèbres est de retour, et je l'accompagnerai jusqu'à la fin. Vous pourrez être fiers de moi, lorsque je rendrai mon dernier souffle. Reposez en paix, chers parents.

La sorcière pointa sa baguette sur le sol et, d'un geste gracieux, traça un cercle dans le vide.

- Orchideus.

Une couronne d'orchidées apparut alors au pied du tombeau de Druella et Cygnus Black, et leur fille aînée quitta le caveau familial.
La lumière polaire du dehors l'éblouit un instant lorsqu'elle sortit de la bâtisse de pierre. Elle ne vit pas tout de suite le couple qui s'était figée à quelques mètres d'elle, et qui la fixait. Quand elle se rendit compte de leur présence, Bellatrix porta immédiatement sa main à sa baguette. Les trois se firent alors face, immobile, hésitant à faire le moindre mouvement. Puis la femme entraina son mari, et les deux se dirigèrent vers la direction opposée à la mangemort. Bellatrix, le souffle court, les regarda s'éloigner. L'avaient-ils reconnue ? Son visage était affiché partout dans les rues, elle l'avait remarqué en se rendant au cimetière. « À approcher avec extrême précaution, si vous avez n'importe quelle information concernant cette personne, vous êtes prié de contacter le Bureau des Auror le plus proche ». Sa tête avait été mise à prix. 1000 gallions pour toute information menant à son arrestation. Bellatrix avait été vexée. Elle en valait au moins 5000, si ce n'est le double.


****


Bellatrix se regarda dans le miroir. Les potions de Narcissa, elle devait l'avouer, avaient fait des miracles. Ses cheveux étaient toujours secs, mais avaient retrouvé leur volume, et les boucles étaient bien plus définies. Ses joues étaient toujours creuses, mais elles ne lui donnaient plus un air maladif. Sa peau était redevenue lisse, et son teint n'était plus grisâtre. Elle avait repris du poids, et avait retrouvé ses courbes. Elle ressemblait enfin véritablement à une femme. Mieux encore, elle faisait plus jeune que son âge actuel. Certes, elle ne ressemblait plus à la jeune femme de trente ans qui était passée devant le Magenmagot, mais elle ne faisait pas non plus quarante-quatre ans. Bellatrix se fit un sourire dans la glace, et secoua la tête. Seules ses dents n'avaient pas été arrangées. Certaines étaient cassées, d'autres étaient noires. Mais la sorcière ne s'en souciait guère. Comme son Maître l'avait dit, elle était un soldat ; pas une courtisane.

- Bella ?

La brune soupira, et se retourna vers sa sœur pour lui lancer un regard interrogateur.

- Le peintre est là.
- Ah, oui, soupira Bellatrix.

Narcissa avait fait venir un peintre italien afin qu'il peigne les portraits des deux sœurs Black. Chacun des membres de la famille avait le droit à son portrait, qui était souvent accroché aux murs du 12, square Grimmaurd. Puisqu'une nouvelle guerre pointait le bout de son nez, Narcissa avait décidé de faire faire le sien et celui de Bellatrix « par précaution ». Autrement dit, la blonde n'était pas sûre que sa mangemort de sœur soit simplement envoyée à Azkaban cette fois ci.

Bellatrix suivit Narcissa jusqu'au salon qui se trouvait au rez-de-chaussée. Là les attendait un jeune homme d'une vingtaine d'année, vêtu d'une blouse blanche, les cheveux blonds en bataille.

- Eduardo, vi presento mia sorella, Bellatrix Lestrange, dit la maîtresse de maison. Bellatrix, voici Eduardo Lombardi, venu tout droit de Milan.

Le peintre lança un sourire rayonnant à Bellatrix, qui se contenta de lui adresser un geste désintéressé de la tête.

- Ça te dérange si je passe en première ? Plus tôt je serai débarrassée de ce truc, le mieux ce sera, dit Bellatrix.
- Oh...très bien, très bien.

Eduardo indiqua à Bellatrix de prendre place dans un sofa vert émeraude qui avait été amené ici exprès, et de s'asseoir bien droite. La sorcière sortit un tube de rouge à lèvre et en appliqua généreusement sur ses lèvres, puis regarda autour d'elle.

- Je veux des roses derrière moi. Quitte à être coincée dans un tableau pour l'éternité, autant que le fond soit agréable à regarder, et à sentir. Cissy, fait apparaître des roses.

Narcissa leva les yeux au ciel, et obéit à sa sœur à contrecœur. Des dizaines de roses rouges se mirent à éclore derrière Bellatrix, et une odeur divine se répandit dans la pièce.

- Voilà, dit la mangemort, satisfaite. C'est bien mieux ainsi. Oh, une dernière chose.

Bellatrix remonta ses manches, et mit son avant-bras gauche bien en évidence sur ses genoux.

- Toi là, capisci l'inglese ? apostropha-t-elle le peintre.
- Sì, je parle un petit peu de l'anglais, répondit Eduardo.
- Je veux que cette marque soit bien visible. Ne t'avise pas de la cacher.
- Sì, madame Lestrange, répondit le jeune homme avec son accent à trancher au couteau.

Enfin, le peintre se mit à faire son travail. Mouvant sa baguette comme un chef d'orchestre, il faisait bouger cinq pinceaux enchantés en même temps. Parfois, il prenait les mesures avec ses doigts. D'autres fois, il venait s'approcher de Bellatrix pour mieux la regarder et retournait auprès de sa toile en marmonnant. Puis, au bout d'une heure seulement, le portrait était fini. Eduardo fit signe à Bellatrix qu'elle pouvait venir voir l'œuvre, et celle-ci se leva immédiatement.
Il était parfait. Bellatrix avait été représentée exactement comme elle le souhaitait. Sur son fauteuil, elle se tenait comme une reine. Ses boucles brunes tombaient en cascade sur ses épaules. Son corset serré marquait parfaitement sa taille fine. Ses yeux noirs regardaient le spectateur avec dédain, et, parfois, elle lui lançait un sourire hautain. La marque des Ténèbres rouge vif était plus que visible sur sa peau laiteuse, et le tissu de sa robe noire paraissait plus que réel.

- C'est parfait, murmura Bellatrix en regardant la toile avec fascination. Grazie mille.
- Per favore. Signora Malefoy, è il suo turno, dit Eduardo en invitant Narcissa à prendre la place de Bellatrix.

Les deux sœurs échangèrent un regard complice, et Narcissa s'assit en face du peintre. La blonde jeta un regard dubitatif au fond de rose derrière elle.

- Je m'en occupe, dit Bellatrix. Evanesco.

Les roses disparurent, mais Bellatrix les remplaça par une autre sorte de fleurs. Narcissa eut un sourire ému, et remercia sincèrement sa sœur d'un geste de la tête. Bellatrix lui répondit par un sourire, et laissa Narcissa Malefoy poser pour le peintre, un fond de dahlias noirs derrière elle.

A Black Tale II : the Dark Lord ascendingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant