Boite à musique.

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26 février 1997, École de sorcellerie Poudlard, Écosse.


- Je te dis que ça va, Pansy !

La voix dure de Draco résonna dans les couloirs souterrains qui menaient à la Salle Commune de Serpentard. Le jeune homme marchait à vive allure, suivit par une sorcière aux yeux verts qui trottinait derrière lui. Son visage était plus pâle qu'à l'habitude, des cernes violets creusaient son regard clair, et une expression de profonde inquiétude était peinte sur son visage.

- Et bien tu n'as pas l'air, rétorqua Pansy, essoufflée après avoir suivi Draco dans tout le Château. Tu ne travailles plus, tu disparais toujours Merlin sait où, tu maigris à vue d'œil... Slughorn m'a dit que tes résultats étaient en baisse et...
- Cet abruti n'a pas à te communiquer mes résultats ! gronda Draco en s'arrêtant brusquement pour lui faire face. Mêle toi un peu de tes affaires, Parkinson.

Il continua alors son chemin. Pansy resta un instant figée, et le choc pouvait se lire sur son visage. La colère remplaça rapidement ce sentiment de stupéfaction, et elle reprit sa course derrière Draco d'un pas décidé, pointant un doigt accusateur sur le garçon.

- Je t'interdis de me parler sur ce ton, Draco Malefoy ! dit Pansy d'un ton impérieux. Je ne suis pas Crabbe, ni Goyle, je ne suis pas un de tes larbins alors tu vas t'adresser à moi d'une autre façon ! Tu as beau faire le fier avec ton nouveau statut et toutes tes connexions, moi je le vois très bien que tu es complètement flippé ! Mais tu sais quoi, débrouille-toi seul si c'est ce que tu souhaites !
- C'est exactement ce que je souhaite, siffla Draco en se retournant à nouveau vers Pansy et cette fois en se rapprochant dangereusement d'elle. Je n'ai pas besoin qu'une gamine vienne mettre son nez là où il ne faut pas.

Pansy recula d'un pas. Son visage n'affichait plus aucune expression, et son regard vide était braqué sur Draco.

- Parfait alors. Il ne faudra pas venir te plaindre quand tu n'auras plus aucun ami.
- C'est ça, répondit Draco d'un ton empreint d'arrogance.

La jeune Parkinson passa devant lui, la tête haute, sans lui accorder le moindre regard. Draco la regarda s'éloigner, et disparaître au coin de couloir qui débouchait sur la Salle Commune. Il aurait voulu être en colère, ou être triste, mais il était vide. Complètement vide.


****


12 mars 1997, 10, Montagu Road, Oxfordshire, Angleterre.


- Les filles, un peu de calme ! s'impatienta Druella. Par la barbe de Merlin, Andromeda, cessez de courir après votre sœur ! Narcissa, je vous en prie, laissez ces bêtes tranquilles...

C'était la cacophonie dans le jardin de la famille Black. La jeune Narcissa s'amusait à grimper sur le dos des lévriers de son père tandis que ses deux sœurs se poursuivaient en criant joyeusement à travers la pelouse fraichement tondue. La mère de famille tentait en vain de discipliner ses filles, qui avaient décidé, pour une fois, de n'en faire qu'à leur tête. Après tout, Bellatrix venait d'avoir onze ans. Chez les sorciers, c'était un anniversaire qui se fêtait dignement.

- Si tu veux m'attraper, Dromeda, il va falloir courir plus vite ! cria l'aînée par dessus son épaule avant d'éclater de rire.

Sa cadette la poursuivait du mieux qu'elle pouvait, mais Bellatrix était bien trop rapide. Tout à coup, une voix masculine et autoritaire leur ordonna de mettre fin à leur manège, et les trois sœurs cessèrent toute activité. Cygnus se tenait à côté de son épouse, le regard sévère. Bellatrix, Narcissa et Andromeda retrouvèrent aussitôt leur calme, et rejoignirent leurs parents docilement. Puis, le visage du père se détendit.

- Bellatrix, je crois que quelque chose vous attend dans le salon, annonça-t-il d'un ton qu'il voulait sérieux mais qui était tout de même bienveillant.

Le visage de la brune s'illumina, et elle lança un regard malicieux à sa cadette avant de se précipiter à l'intérieur du manoir, ses deux sœurs sur ses talons. Dans le salon, près de la cheminée, il y avait une pile de cadeaux, tous enveloppés dans du papier vert émeraude.

- Oh ! s'exclama Bellatrix. Tout cela pour moi ! Merci père, merci mère.

Elle prit soin de déballer chacun des présents qui lui avaient été offerts. Quand tous furent ouverts, Andromeda s'approcha d'elle et lui tendit une petite boite en bois.

- Mère m'a aidée à le faire, dit-elle timidement. J'espère que ça te plaira.

Bellatrix saisit la boite, impatiente de découvrir ce qu'il y avait à l'intérieur. Quand elle l'ouvrit, une douce mélodie s'en échappa et trois petites sorcières apparurent à l'intérieur et se mirent à danser. L'une était blonde, les deux autres étaient brunes.

- Mais... mais c'est nous ! Merci ma Dromeda, merci ! et merci, mère, pour votre aide, dit Bellatrix avant d'embrasser sa cadette sur la joue. Je la garderai toujours près de moi.


Andromeda regarda la boite à musique posée sur sa table de chevet avec amertume. Lorsque Druella et Cygnus avaient été enterrés, elle avait réussi à revenir dans la maison de son enfance. Narcissa avait refusé qu'elle emporte quoi que ce soit, ou même qu'elle n'y reste plus d'une heure, mais Andromeda était parvenue à la convaincre qu'elle devait la laisser s'y rendre dans une longue lettre. En l'envoyant, elle n'avait pas pensé que sa petite sœur lui répondrait. Mais elle avait fini par recevoir une réponse une semaine plus tard.

« Madame Tonks,

Vous êtes autorisée à vous rendre à la résidence des défunts Druella et Cygnus Black le 25 février 1992 à partir de quatorze heure. Votre présence en ces lieux ne sera tolérée qu'une heure durant, et vous devrez obligatoirement être accompagnée par un parent de la famille Black désigné par la seule héritière des défunts, Madame Narcissa Malefoy. Nul autre individu, sorcier ou créature magique, ne pourra vous escorter. Il vous est interdit de subtiliser tout objet ayant appartenu à Madame Druella Black née Rosier, Monsieur Cygnus Black III, Bellatrix Lestrange née Black, Narcissa Malefoy née Black, ou Andromeda Tonks née Black. Si, suite à votre visite, l'absence d'un bien est constatée, nous serons contraints de contacter les autorités et de vous poursuivre en justice.

Madame Malefoy. »

Voilà ce que la lettre disait. Andromeda était donc allée une dernière fois chez ses parents, morts quelques jours avant sa visite, accompagnée de Melusine Crabbe. Retourner là-bas avait été extrêmement difficile pour la sorcière. Rien n'avait changé. Toutes les pièces étaient restées les mêmes et l'ambiance sinistre qui caractérisait la demeure régnait toujours entre les murs du manoir Black. Tonks avait réussi, en profitant d'un instant d'inattention de son accompagnatrice, à dérober la boite à musique de Bella. Cette dernière n'avait visiblement pas tenu à l'emporter avec elle lorsqu'elle avait emménagé chez les Lestrange après son mariage avec Rodulphus, ce qui ne surprit aucunement sa sœur cadette.
Pourquoi elle avait choisi de rapporter cet objet en particulier chez elle, Andromeda n'en avait pas la moindre idée. Mais désormais, et depuis plusieurs années, il trônait sur sa table de chevet, et elle n'osait pas le jeter.
Narcissa ne s'était pas aperçue de la supercherie. En tout cas, si elle avait réalisé que la boite avait disparu, elle n'avait rien fait. Pas de plainte déposée, pas de visite d'aurors, rien.

Aucun autre contact n'avait été établi à nouveaux entre les sœurs.

Pourtant, dans cette petite boite à musique, elles continuaient de danser, ensemble.
À jamais.


****


14 mai 1997, Manoir Malefoy, Wiltshire.



- Fais pas cette tête, Cissy. Personne n'est mort, dit Bellatrix en levant les yeux au ciel.
- C'est la première fois qu'il ne rentre pas pour les vacances de Pâques, répondit la blonde avec inquiétude.
- Il a mieux à faire, répliqua sèchement Bellatrix. D'ailleurs, il devrait déjà avoir fini.
- Il a toujours été présent pour mon anniversaire...
- Oh, bordel Cissy, cesse de pleurnicher comme une gamine, grogna sa sœur en laissant tomber sa tête sur le siège du sofa dans lequel elle était assise.

Tout à coup, la sonnerie de la porte principale du Manoir retentit. Narcissa se leva d'un bond, et se dirigea vers l'entrée. Bellatrix se figea. Personne ne devait savoir qu'elle était là. Quand elle entendit les voix s'approcher, elle transplana.
Narcissa arriva dans la pièce quelques secondes après, suivie de Maisie Parkinson, Suzan Greengrass et une autre femme qui accompagnait Maisie. Elle était grande, avait de longues tresses noires qui battaient ses flancs, et une allure digne de la plus haute noblesse.

- Je vous remercie d'être venue...je sais que par les temps qui courent...
- C'est tout à fait normal, Cissy, répondit Maisie qui n'avait pas l'air très à l'aise cependant. Nous n'allions pas manquer ton quarante-deuxième anniversaire. Au fait, je te présente Makoma, dont je t'ai parlée.
- Enchantée, Makoma, dit Cissy en adressant un large sourire à la nouvelle venue. Depuis quand vous connaissez-vous ?
- De même, Narcissa, répondit la belle femme. Oh depuis... deux ans ? bientôt trois ?
- Trois dans un mois et douze jours pour être exacte, précisa Maisie en regardant son amie avec un sourire malicieux. Nous nous sommes rencontrées en France. Makoma a été à Beauxbâtons, tu sais.
- Oh... est-ce aussi bien que ce qu'on raconte ? demanda Narcissa.
- Oui, c'est une excellente école. Les élèves sont très disciplinés, et les professeurs sont parmi les meilleurs du monde magique.
- Je vois...et, sans indiscrétion, qui sont vos parents ?

Un rictus amusé se dessina sur les lèvres de Makoma, et elle toisa Narcissa d'un air hautain.

- Je suis issue de la lignée des Kama, madame Malefoy. Vous n'avez pas à vous inquiéter pour les fréquentations de Maisie.

Narcissa sentit qu'elle devenait écarlate, et s'empressa de balbutier :

- Oh...ce...ce n'était pas ce que je voulais dire...
- D'après ce que j'ai pu observer ici, les anglais ont un certain sens de... la communauté. Vous savez, les événements sordides qui ponctuent vos journaux sont également relatés dans les autres pays européens. Autant vous dire que la réputation du Royaume-Uni n'a jamais été aussi mauvaise. Avec toutes ces disparitions et une deuxième guerre qui vient de commencer... je crois qu'il n'est plus nécessaire de continuer à questionner ses invités sur leurs origines. Je risquerais de croire que vous compter parmi les partisans de celui qui se fait appeler Lord Vol...
- Makoma ! coupa Maisie, affolée. Ne dis pas son nom.

La femme eut un sourire déplaisant alors, et continua de regarder Narcissa.

- Je suis une sang pur tout aussi attachée à la tradition que vous, madame Malefoy, et Maisie vous a dépeinte comme étant une femme formidable. Je suis là aujourd'hui pour m'assurer que celle que j'aime ne fréquente pas les mauvaises personnes. Si vous cautionnez les actions de Vous-Savez-Qui, alors je ne saurais que condamner votre amitié à vous et ma fiancée.
- Fiancée...répéta Narcissa, hébétée.

Maisie, à côté de Makoma, était à deux doigts de s'évanouir. Narcissa, elle, était rouge de honte, et la pauvre Suzan qui n'avait pas dit un mot depuis le début semblait vouloir s'enfuir en courant.

- Écoutez Makoma, je crains que vous ayez mal interprété mes propos. Tout ce que je souhaite- que nous souhaitons toutes ici dans cette salle- c'est que la pureté du sang soit préservée. Je n'ai jamais pris part dans les actions du Seigneur des Ténèbres. Quoi qu'il en soit, même si je comprends votre inquiétude pour Maisie en ces temps de guerre, je vous prierai d'utiliser un autre ton quand vous vous adresserez à moi.

Il y eut un silence, puis Makoma explosa de rire avant de se tourner vers Maisie.

- Je l'aime bien, ta copine, dit-elle en parlant de Narcissa qui se sentie aussitôt soulagée.

Le reste de l'après-midi se déroula dans la bonne humeur, si bien que Narcissa en oublia presque l'absence de Draco. Elle apprit beaucoup de chose sur la fiancée de Maisie, notamment qu'elle allait bientôt devenir la tante d'une petite fille. Sa sœur Makeda allait donner naissance à l'héritière Beaufort en juin, si tout se passait bien.
Quand ses invitées furent parties, Narcissa se sentie tout de même soulagée. Elle avait mal pris les accusations de Makoma, même si celles-ci étaient en partie juste. Narcissa Malefoy n'avait peut-être commis aucun crime, mais elle abritait le Seigneur des Ténèbres sous son toit, ainsi que sa sœur qui devait avoir bien plus d'une dizaine de meurtres à son actif. Sans parler du fait qu'elle avait un pauvre homme dans ses cachots, et qu'elle était au courant d'un plan qui visait à éliminer un des plus grands sorciers de tous les temps.

En fin de compte, Madame Malefoy, de par son inaction, était presque aussi fautive que n'importe lequel des mangemorts. Il n'y avait plus qu'à espérer que le Seigneur des Ténèbres gagne la guerre.

A Black Tale II : the Dark Lord ascendingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant