Chapitre 7 : La soirée partie 4

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Le contact de sa main sur ma hanche me parut durer plus longtemps que ne le demandait le pas. Je n'aurais su dire si j'avais raison ou si c'était juste la chaleur qui provenait de cette partie de mon corps et se répandait partout en moi qui m'induisait en erreur. Si c'était simplement les papillons dans mon ventre, la légère contraction de mon ventre, cette sensation encore inconnue qui irradiait dans mon être ou si lui aussi appréciait ce geste. Hésitante, je levai les yeux vers lui et rencontrai son regard. Il avait en effet légèrement incliné sa tête vers moi sans doute attiré par mon propre mouvement.

La chaleur se transforma en feu lorsque je me perdis dans ses prunelles et qu'il m'adressa un large sourire. Le temps sembla suspendre son cours. Je ne savais pas quoi faire mais, en cet instant, cela me paraissait égal. Je me trouvais à l'endroit où je rêvais d'être, me sentais parfaitement bien. Puis, si brusquement que cela m'en fit presque perdre l'équilibre, Lucas brisa l'enroulement renvoyant mon corps au bout de son bras.

- Je crois que j'ai réussi le pas cette fois ! s'exclama-t-il, visiblement ravi.

- Effectivement, tu progresses vite... Bravo...

Son regard pétillait tellement que j'eus du mal à penser que sa réussite le justifiait à elle seule. Comment expliquer ce qui venait de se produire ? Avait-il désiré plus ou faisais-je fausse route ? Je ne pouvais m'ôter de l'esprit l'intensité de ce regard, de ce moment hors du temps, de son contact et de ce que celui-ci provoquait en moi. Jamais aucun garçon ne m'avait fait cet effet. A la réflexion, je n'avais jamais ressenti quoi que ce soit pour l'un d'entre eux. Ce que je découvrais m'était tout à fait nouveau et cela m'excitait et m'effrayait d'une manière que je n'aurais pas crue possible.

Lorsque la musique changea, nous nous séparâmes enfin et je regagnai le canapé, touts mes pensées encore tournées vers le feu d'artifices que je venais de découvrir, espérant qu'il l'avait également perçu. Juliana avait tort : les sentiments ne tombaient pas du ciel mais s'y envolaient, nous emmenant avec eux.

« Dans mon cas, c'est doublement vrai ! » ris-je intérieurement en songeant à l'endroit où j'avais croisé la route de Lucas...

- C'est l'heure du gâteau ! s'exclama soudain Clémence.

La jeune fille rousse, que j'avais rencontrée au lycée, partait déjà le chercher dans la cuisine. Amina l'accompagnait. Sans se consulter, Lucas et Florian bondirent sur l'ordinateur pour choisir le prochain morceau. Réagir de la même manière sembla les surprendre et une vague d'affection envahit mon cœur. Un instant plus tard, « Joyeux anniversaire » de Patrick Sebastien retentissait tandis que mes amis hurlaient les paroles à tue-tête. Clémence céda le gâteau et Amina et elle me le portèrent en se dandinant sur la musique. On aurait dit deux cannes qui traversaient le salon et je ne fus pas la seule à éclater de rire. Elles me le tinrent ensuite pendant que je soufflais mes bougies et que, autour de moi, chacun tapait en rythme dans ses mains produisant un véritable raffut.

- Nous te souhaitons un joyeux anniversaire !

Au centre, Leo brandissait une bière dont il semblait avoir bu une bonne partie et se tenait proche de Clélia. Ils venaient juste de danser un second rock ensemble. Dans mon dos, les cris de Florian et de Lucas se mêlaient tandis que Gaétan, qui venait de préparer la musique suivante, se retournait pour filmer la scène en s'exclamant:

- Et encore une bougie de soufflée ! Et encore une année de moins avant le cimetière !

 Je fis tout mon possible pour graver à jamais cette scène dans ma mémoire, transportée par l'énergie positive que mes amis dégageaient.

A ma grande surprise, la chanson qui succéda fut « Sous le vent » de Garou et Céline Dion. Plus surprenant encore, tous les garçons se mirent à hurler les paroles d'une même voix. Gaétan sauta par derrière sur Juliana et Amina, manquant de leur faire perdre l'équilibre. Heureusement, nous avions eu la présence d'esprit de poser le dessert sur la table. Lucas l'imita presque aussitôt en s'exclamant :

- Et si tu crois que j'ai eu peur / C'est faux...

C'était mon tour d'être à deux doigts de tomber.

- Tu connais sérieusement les paroles ?

- J'ai un minimum de culture, merci ! Respire un peu le souffle d'or qui me pousse en avant...

Ce disant, il pointa son index vers un point qui se situait juste au-dessus du canapé.

- Quelle direction passionnante ! me moquai-je.

Florian le rejoignit, me prenant par le cou comme un fou en s'écriant :

- J'ai sorti la grand'voile et j'ai glissé sous le vent !

Il m'arracha ainsi à Lucas qui éclata de rire. Je regardai mon meilleur ami, à la fois rieuse et dépitée de le voir se comporter ainsi : on aurait dit un gamin. Visiblement, Amina et Clélia, qui subissaient respectivement les attaques de Gaétan et Leo, tenaient le même raisonnement. Je coulai un regard vers Juliana. A mon grand étonnement, si son expression affichait les mêmes sentiments, un certain regret semblait également percer chez elle.

Heureusement, les garçons semblèrent vite comprendre qu'ils s'amuseraient plus entre eux et formèrent une ronde en sautant et hurlant. Malheureusement, c'était sans compter sur Florian et Lucas qui, encore une fois spontanément, me prirent par le bras pour me forcer à entrer dans la danse en hurlant :

- Et si tu crois que c'est fini / Jamais...

Bientôt, de nombreuses autres filles se retrouvèrent incorporées à cette débauche de folie. Quand la musique se termina, Gaétan voulut la remettre. Allant à l'encontre de la volonté de l'ensemble des garçons, Juliana le bloqua.

- Anaïs n'a pas ouvert ses cadeaux avec tout ça...

Amina se porta à sa rescousse mais n'eut pas le temps d'intervenir car Gaétan s'était immédiatement ravisé et Leo me poussait déjà vers le tas de présents. Nous nous assîmes tous en cercle pour procéder à ce moment incontournable des soirées d'anniversaire. Je m'installai entre Lucas et Clélia et Juliana à ses côtés, tâchant sans doute de faire amende honorable.

Je découvris que les deux filles m'avaient offert des soins pour les cheveux et du maquillage. Les garçons s'étaient associés à Amina et Clémence pour acheter un Polaroïd. Florian avait choisi un bracelet en plus de sa participation au cadeau de groupe. Les autres avaient opté soit pour des bijoux soit pour de la décoration pour ma chambre.

Le dernier présent que j'ouvris fut celui de Lucas. Quand il me le tendit, il plongea son regard brun dans mes yeux et me dit :

- C'est un clin d'œil, tu vas vite comprendre !

A portée d'ailesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant