Chapitre 8 partie 1 : Tout s'accélère

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Le mercredi suivant, nous assistions à un cours de mathématiques lorsque mon téléphone vibra puissamment. Assise au second rang, à la gauche de Juliana, j'échangeai avec elle un regard stressé : Mr. Coliguay se montrait toujours strict quant aux sonneries intempestives. Après avoir vérifié que celui-ci nous tournait bien le dos pour écrire quelque formule au tableau, je me baissai rapidement pour rendre muet l'objet problématique. Allumant l'écran dans ce but, un message de Lucas apparut. Mon cœur rata un battement et je ne pus résister à l'envie de le lire, sans prêter attention au claquement de langue discret mais agacé de Juliana. 

" Tu viens au pot de Séverine samedi soir  ? Je te préviens, tu as intérêt !"

Le message me fit sourire. Séverine avait été lâchée en voltige peu de temps auparavant et ferait bientôt partie des rares femmes à pratiquer cette discipline. D'ailleurs, elle serait sans doute la seule et unique du club... Je n'aurais raté cette fête pour rien au monde, d'autant plus que j'appréciais beaucoup la pilote, et je savais que Lucas s'en doutait. Malgré tout, il avait tenu à le vérifier. Il avait envie que je sois présente et cela me provoqua un sourire irrépressible.

Reprenant mes esprits après une fraction de seconde, je me rappelai que j'avais besoin d'une règle depuis plusieurs minutes et que je n'avais pas encore pris la mienne. Je reposai donc promptement mon téléphone pour la saisir, bien décidée à ne pas répondre tout de suite à Lucas, autant pour le laisser mariner que pour ne pas risquer de me faire prendre la main dans le sac.

- Hmm, hmm..

Ce toussotement était bien trop rauque. Il ne ressemblait en rien à celui que Juliana pourrait émettre. Le sang me monta à la tête en comprenant de qui il provenait et je me relevai précipitamment tout en me félicitant d'avoir ma règle à la main et mon portable remis à sa place au fond de mon sac et non simplement déposé en surface, sur mon cahier. 

- Anaïs Blanco, pourrais-je savoir ce que vous faîtes la tête dans votre Longchamp ? Mon cours est-il donc si ennuyant ? demanda Mr. Coliguay d'un ton acerbe. 

Je déglutis sans parvenir à refouler le rougissement qui s'emparait de mes joues.

- Aurais-je raison de penser que vous avez préféré regarder votre portable plutôt que ma démonstration ? interrogea le professeur d'un ton doucereux.

Il me fut cette fois impossible de retenir mon rougissement face à cette accusation parfaitement fondée :

- Non monsieur, répondis-je prudemment. Je voulais prendre une règle ! ajoutai-je précipitamment en montrant l'instrument, pas peu fière de mon argument.

- Oui  bien sûr, voilà pourquoi vous avez passé autant de temps la tête dans le sac.

- Eh bien c'était parce que je ne la trouvais pas au milieu de tous mes cahiers et manuels...

La manière dont le professeur m'observa prouvait qu'il ne me croyait pas le moins du monde. Heureusement du monde, rien ne prouvait ses dires :

- Que je ne vous y reprenne pas .

Je hochai la tête puis il retourna au tableau. Ce ne fut  qu'à cet instant que je réalisai que tout  le monde me regardait. Je déglutis, rendue très mal à l'aise par ce qui venait de se passer. Lorsque la cloche sonna la fin de la leçon et que nous eûmes quitté la salle de classe, Juliana rit :

- Eh bien dis donc, tu y as échappé belle ! Et je note qu'un message de Lucas te pousse à prendre un risque ! Tu dois vraiment être amoureuse pour réagir comme cela, toi qui ne voulais même pas nous suivre en boîte !

Je haussai les épaules :

- Vous avez passé un bon moment, d'ailleurs ?

- Oui, vraiment génial ! s'exclama mon amie, très enthousiaste. J'ai pu apprendre à mieux connaître Clélia et c'est vraiment une fille bien, tu avais raison ! Contre toute attente, blagua-t-elle.

- Super alors !

- Que te voulait Lucas ? insista Juliana avec un clin d'œil.

- Me demander si je serai bien présente à une petite fête au club samedi.

- Ah oui, vous êtes vraiment très proches tous les deux ! taquina Juliana. Son ton montrait toutefois qu'elle pensait vraiment ce qu'elle disait.

Je haussai à nouveau les épaules, ne sachant que répondre. Cette situation avec Lucas m'interpellait tellement que je ne savais qu'en penser. Une seule chose devenait indéniable : il m'attirait vraiment. 

Mon téléphone se remit alors à vibrer.

- Eh bien décidément...

Pile à cet instant, le portable de Juliana émit une brève sonnerie. Nous échangeâmes un regard : les deux messages provenaient peut-être de la même personne ?

" Coucou, le spectacle est le 24 ! Je compte sur toi !"

Notre question muette venait d'être confirmée : 

- Je ne pensais pas que vous vous entendiez aussi bien !  Cela tombe dans dix jours, un samedi soir ! On y va ensemble bien sûr ? m'exclamai-je.

- Avec grand plaisir ! Il faut que je découvre cette danse, que j'actualise un peu mon avis dessus ! En plus, je voudrais vraiment donner une seconde chance à Clélia !

Deux heures plus tard, Leo, Gaétan et Florian nous rejoignirent pour déjeuner au self et, à ma grande surprise, nous découvrîmes qu'eux aussi comptaient se rendre au show. 

A portée d'ailesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant