Chapitre 7 : La soirée partie 5

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Lorsque je voulus briser ce contact visuel, la peau réchauffée par ses doigts qui touchaient les miens, plus aucun doute ne me fut permis : se perdre dans des yeux est possible même si ceux-ci ne sont pas bleus... Je ne pus pas considérer réellement le cadeau avant une bonne fraction de seconde

, l'esprit embrouillé par ses pupilles. 

A l'emballage et à la forme, je compris qu'il s'agissait d'un livre. Je déchirai le papier le protégeant afin de voir le titre : 

"Oups ! J'ai oublié de sortir le train d'atterrissage !" 

La couverture suggérait une histoire drôle. Bleu clair, l'écriture était blanche et prenait de la place au centre formant un bel ensemble avec le fond. Un avion aux contours jaunes se trouvait sur la gauche et était lui aussi de taille plutôt importante. Mes yeux remontèrent aussitôt jusqu'à rencontrer ceux de Lucas qui pétillaient d'un éclat malicieux. L'expression amusée sur mon visage amena un immense sourire à prendre possession du sien. 

- Il a été écrit par un ancien pilote de ligne qui a rassemblé les meilleures anecdotes entendues durant sa carrière dans les aéroports et les hôtels et bars fréquentés par le personnel naviguant. A ce qu'on m'a dit tu devrais passer un bon moment, maintenant tu me diras si c'est vrai !

Le jeune homme avait fait preuve de plus de recherche que les autres dans son choix et le réaliser me toucha et donna à l'objet une dimension toute dimension particulière. 

- Merci, répondis-je avec émotion. Je vais le commencer très vite.

- Je suis content que cela te plaise !

La soirée reprit ensuite son cours. Un peu plus tard, Juliana et Clélia me firent signe de les suivre au-dehors. Une fois dans mon jardin, Juliana s'accouda contre le poulailler et entama après avoir vérifié que personne ne pouvait l'entendre :

- Nous avons observé votre comportement à Lucas et à toi...

- Vous vous décidez quand ? jeta Clélia en me regardant droit dans les yeux.

- Je l'aurais dit de manière plus.. délicate - ne le prend pas mal Clélia - mais nous avons la même opinion, Anaïs.

- Oui mais discourir pendant dix ans pour dire une chose simple n'a pas d'intérêt - sans rancune Juliana, fit Clélia en la fixant d'un regard de meneuse. Tu nous as compris sans qu'on ait tourné autour du pot, ce n'est pas mieux ?  dit-elle en se retournant vers moi comme pour me demander mon appui.

- Comment ça, " se décider quand"?

Leur dispute aurait pu me divertir en temps normal mais en cet instant seuls quelques mots avaient retenu mon attention.

- Tu vois qu'on aurait dû lui expliquer plus doucement pour lui donner le temps que cela lui monte au cerveau, Clélia..., se moqua Juliana.

- Oui, je vois que ma méthode directe ne lui a pas vivifié l'esprit...Ana, pour être très claire, tu vas rentrer dans le salon, lui prendre le bras et l'embrasser.

- Bien que ta manière de l'exprimer soit un peu violente, je suis tout à fait d'accord avec toi et si elle ne nous comprend maintenant, il y a du souci à se faire...

- Vous n'avez pas l'impression que c'est légèrement violent comme comportement...? demandai-je, me retenant de lever les yeux au ciel.

- Peut-être, n'empêche tu m'as -désolée nous as- comprises cette fois !

- Vous êtes sûres ? Il n'a pas l'air très intéressé... D'accord il est gentil, attentionné mais... Enfin, je veux dire, il ne m'a pas embrassé toute à l'heure alors qu'il aurait pu le faire.

- Ah parce que vous en êtes déjà à ce stade ? Vous vous débrouillez mieux que prévu, félicitations ! s'enthousiasma Clélia.

- Petite question, Ana, tu l'as fait toi ? Non parce que c'est simple de reprocher quelque chose à quelqu'un ou de le prendre comme un mauvais signe quand on s'est rendu coupable de la même erreur... Et tu as dit qu'il était, je cite "gentil" et "attentionné". Cela ne tu suffit pas ?

- Un garçon, comme une fille d'ailleurs, ne perd pas son temps à son comporter comme cela avec n'importe qui. Je sais que tu vois le bien partout mais là ce n'est pas que pour être sympa.

- Ecoute, Ana, je comprends que cela te fasse peur même si je ne comprends pas pourquoi, tu ne me l'as jamais expliqué. Si cela te va, continue à te rapprocher de lui tranquillement, quoique pas trop pour ne pas qu'il se décourage, mais nous pensons connaître le fin mot de cette histoire, conclut Juliana d'une voix douce et posée.

- Pour le coup, je préfère la méthode douce, Clélia ! ris-je.

Celle-ci ne put retenir un petit rire et regarda Juliana d'une manière apaisée et presque amicale. Nous ne tardâmes pas à rentrer et je trouvai alors Lucas et Florian qui discutaient tous les deux, confortablement assis à l'écart. Visiblement, ils s'entendaient bien mieux que je n'aurais pu le supposer...

En m'apercevant, Florian posa sa main sur le genou de Lucas une fraction de seconde. Celui-ci tourna la tête vers moi tandis que mon meilleur ami venait à ma rencontre : 

- Dis, Anaïs, tu aurais une seconde ? Je voudrais te parler.


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