A portée d'ailes

Chapitre 4: Prébey

Je sentais le soleil darder sur moi ses rayons de mai alors que je me tenais vers l'entrée du club, prête à rentrer et à retrouver Philippe.

Je n'avais pas volé durant plusieurs semaines, notamment du fait des vacances de Pâques qui m'avaient permis de partir sur l'île de Ré.

Par conséquent, j'étais à la fois impatiente et légèrement stressée à l'idée de reprendre seule les commandes de l'ULM. Philippe volerait avec moi le temps de faire un tour de piste. Il s'assurerait ainsi de ma disponibilité et de la perfection de mon contrôle de la machine. Ensuite, je partirais seule. J'espérais qu' il me trouverait en mesure d'effectuer mon second lâcher solo tout en craignant que ce ne soit pas le cas. Non, je n'avais pas franchement progressé quant à la confiance que je plaçais en ma propre personne. Je devais bien m'avouer que je risquais d'être incurable sur ce point...

Je pénétrai dans le club, me dirigeai vers la salle pilote. J'eus à peine le temps de voir la grande table blanche, la commande de rangement des papiers des avions, de la même couleur, ainsi que mon instructeur, qui m'attendait derrière ladite table, avant que mon regard ne rencontre...celui de Lucas.
Je marquai un temps d'arrêt.

Je ne m'attendais pas à le revoir maintenant mais cela me faisait réellement plaisir. Nous ne nous étions jamais recroisés depuis le meeting, neuf mois plus tôt. Et à en juger par l'expression sur son visage et son sourire aussi chaleureux que communicatif, ces retrouvailles le contentaient aussi.

-- Anaïs ! Salut ! s'exclama-t-il aussitôt.

-- Lucas !

Il me fit la bise en me prenant le bras, toujours tout sourire. Je perçus à nouveau les bonnes ondes qu'il émettait, retrouvant avec plaisir son côté amical et enjoué.

-- Comment tu vas ? Ça fait plaisir de te revoir !

-- Oui, c'est sûr ! Et bien, merci !

-- Je te présente Clément, il prenait ses cours de BIA avec moi., annonça-t-il en se détournant légèrement pour joindre le geste à la parole.

Ledit Clément venait en effet de pénétrer dans la salle via la porte du fond. Celle-ci donnait sur les bureaux des instructeurs.

Plus grand que Lucas, sa peau paraissait mate, ses cheveux et ses yeux très foncés, presque noirs. Il portait des lunettes de soleil qui, pour le moment, reposaient en équilibre sur le sommet de son crâne.

-- Salut, inutile de me présenter, me salua-t-il en venant se planter aux côtés de Lucas quoique légèrement en retrait.

-- Anaïs ! dis-je en m'avançant pour lui faire la bise.

Sitôt fait, Philippe intervint en venant se placer près de moi, les papiers et les clés de l'Eurostar à la main.

-- Gère la pré-vol, je te rejoins dans dix minutes.

-- Pas de problème ! acquiesçai-je. A tout à l'heure ! ajoutai-je en me tournant vers les garçons, obtenant un gentil hochement de tête en retour.

Je préparai l'avion à la fois rapidement et efficacement, concentrée. Une fois Philippe arrivé, je suivis la check-list habituelle pour démarrer la machine.

Je décollai rapidement, dès que le badin m'indiqua une vitesse de 80 km/heure, adoptant une pente de montée normale. J'optai ensuite pour un tour de piste ULM, plus court qu'un tour avion. Cette différence de longueur entraînait une variation de la hauteur à laquelle nous longions la piste durant l'étape nommée "vent arrière". Ainsi, l'appareil était toujours à un rapport suffisant entre sa hauteur par rapport au sol et sa distance horizontale avec la piste. Il atterrissait donc sans problème en cas de coupure moteur.