Chapitre 12

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Le réveil du lendemain a été difficile, déjà parce que nous nous sommes couchés tard, et que supporter ces ronflements grotesques de loups garous dès le matin m'a d'hors-et-déjà agacée, mais aussi parce qu'aujourd'hui, je dois reprendre du service à l'hôpital. Mes pensées sont souvent captivées par les souvenirs de moi et Danail en train de s'échapper de l'asile depuis hier. Je ne pense qu'à ma démission qui va bientôt arriver, et sans doute la police qui va venir m'arrêter en plus de se mettre à la recherche de Danail. Heureusement qu'il part ce soir pour la Bulgarie.

Cela m'a pris beaucoup de temps, mais j'ai fini par accepter le départ de Danail. Je reconnais avoir beaucoup d'affection pour le loup garou, et peut-être que si c'en n'était pas un, et qu'il n'était pas un fugitif, nous aurions pu être de bons amis.

De très bons amis.

Mais les choses sont comme elles sont. Danail est un loup garou, et moi je vais certainement être envoyée en prison d'ici peu.

Quel dommage.

Garée sur le parking de l'hôpital de Navarre, je cherche à gagner le plus de temps possible. Mes mains posées sur mes genoux tremblent comme des feuilles, tout comme mes jambes, et je me surprends à avoir envie de pleurer.

Huit heure cinquante-trois. Dans deux minutes, il va falloir que je passe cette porte. Mais, tétanisée comme je le suis, je n'ose même pas ouvrir la portière de ma voiture. Je songe à envoyer ma lettre de démission moi-même, mon courage semblant avoir disparu sans laisser de trace. Je secoue la tête.

Non !

Prise d'un élan de courage - ou de stupidité, ou de folie - je sors du véhicule et m'approche avec détermination du gigantesque bâtiment.

À l'intérieur, les gens ne semblent pas vouloir m'arrêter, au contraire, ils me saluent, me sourient, me demandent comment je vais. Ils semblent tous si normaux, comme si rien ne s'est passé, comme si je ne suis pas coupable d'avoir fait évader un patient dangereux.

Ont-ils vraiment remarqué la disparition de Danail ?

Alors que la tension baisse - mais je reste toujours méfiante - Evan apparaît au bout du couloir. Il sourit en me voyant, comme les autres l'ont fait avant lui, et s'approche.

-Salut, Marley ! Alors, tu t'es bien remise de ton dernier service de nuit ? me questionne t-il une fois en face de moi.

Sa question me refroidit. Est-ce qu'il sait ? Fait-il semblant de ne rien savoir pour mieux me torturer ? Est-il le seul à savoir ? En remarquant mon trouble, Evan rajoute.

-Je dis ça parce que tu m'as l'air encore bien fatiguée.

Oh.

Je fourre mes mains dans ma poche en croisant les doigts pour qu'il n'ait pas remarqué ma façon de les triturer depuis tout à l'heure.

-Merci de t'inquièter pour moi, mais je vais bien. je le rassure avec un léger sourire, malgré tout un peu forcé.

-Oh, très bien. se contente t-il de répondre. Au fait, Christophe m'a dit de te dire de faire attention lorsque tu seras seule dehors. Un homme s'est échappé il y a deux jours, impossible de mettre la main dessus ! Danail Aleksandar. Tu le connais non ? Il me semble que c'est l'un de tes patients.

Mes yeux s'écarquillent de stupeur.

Ça y est, il sait.

Je secoue la tête, et lui fait un sourire aussi faux que le premier.

Non, il ne peut pas savoir.

-Eh merde ! J'espère qu'on va très vite le retrouver. Merci de l'avertissement, et bonne journée Evan.

Neslomimiyat VulkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant