Chapitre 21

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Je suis arrivée en trombe devant le pas de la porte après une trentaine de minutes à déposer Maël chez lui, et Danail à l'entrée de la forêt où se trouve la maison actuelle de la meute. J'ai frappé une fois, deux fois, puis une cinquième, mon poing va et vient contre le bois dur. Puis on est venu m'ouvrir. Jaelyn se trouve face à moi, les cheveux attachés en un chignon relâché.

Toujours en vie.

-Enfin, tu arrives !

Elle me laisse entrer.

Afin de garder assez d'argent pour les études qu'elle a passé et de vivre convenablement, Jaelyn vit en colocation. Depuis onze ans, elle enchaîne les colocataires comme jamais, mais attention, tous des femmes. Il y a tout d'abord eu moi pendant cinq ans, puis un an avec une amie qu'elle a rencontré à l'université, huit mois avec une femme qui a fini par se faire arrêter pour vente de drogue - j'espère d'ailleurs que mon amie ne traînait pas dans ses histoires louches - deux ans et quelques mois avec la petite sœur de Gabrielle, et depuis, avec Gaby elle-même.

Elle change de coloc' comme de chemise !

J'avance dans le salon et m'assis sur le canapé. Jaelyn me suit et s'installe à côté, tournée face à moi.

-Bon, alors, c'est quoi ce truc important dont tu veux me parler ? je la questionne, anxieuse.

Elle se met à se tripoter les mains nerveusement.

-Ça n'a vraiment pas l'air d'aller. je grimace.

-En fait si, je vais même super bien. C'est juste que...

Elle est interrompue par la venue de Gaby. Notre amie débarque dans le salon, toute souriante.

-Salut, toi !

Elle s'approche et m'étreint. Je serre mes bras autour d'elle. Avec toutes ces histoires de métamorphes, j'ai fini par m'éloigner de mes amis, j'ai l'impression de les délaisser, de ne plus les avoir vu depuis une éternité.

Et le pire, c'est que pendant tout ce temps, je n'ai pas pensé une seule fois à eux.

Gabrielle se recule et nous observe toutes les deux.

-Ah, elle ne t'a pas encore dit. fait-elle.

Pas encore dit quoi à la fin ?

Elle tape dans ses mains.

-Bon, je retourne à ma peinture.

Et elle s'en va.

Gabrielle aime l'art, c'est sa passion. Plus jeune, elle passait son temps à peindre des toiles et à les offrir à ses proches. Aujourd'hui, elle est illustratrice. Comme Jaelyn et moi, elle a fini par réaliser son rêve.

Oui, enfin moi quand je m'imaginais psychiatre, je ne me voyais absolument pas jouer les médecins avec des loups-garous.

Je soupire et me tourne vers Jaelyn. La tête baissée, elle fixe ses mains entortillées.

-Dis-moi ce qu'il se passe maintenant.

Elle se mord la lèvre.

-J'ai reçu un mail ce matin. Une riche entreprise qui aurait entendu parler de mon talent. Ma patronne aurait apparemment parlé de moi à leur chef. Et du coup, ils m'ont proposé un job là-bas. Ce serait cool, les conditions de travail seront meilleures, le salaire plus élevé, et je me débarrasserai enfin de mon collègue ultra-collant qui me pourrit la vie avec son haleine de chacal.

-C'est génial ! je me réjouis pour mon amie.

J'hésite.

-Pourquoi je sens qu'il y a un " mais "?

Neslomimiyat VulkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant