Chapitre 39

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Je lève la tête pour observer le combat. Les loups se ruent sur l'ultime métamorphe, mais il s'en débarrasse tous avec facilité. Un loup brun profite qu'il soit occupé avec les autres pour sauter sur son dos. Le monstre pousse un cri agacé et se secoue dans tous les sens pour le faire tomber, mais, les griffes plantées dans la chair de son ennemi, le loup tient bon. Enragée, la bête recule pour écraser le loup sur son dos. Sous le choc, celui-ci perd un peu sa prise.

L'ultime métamorphe tend l'un de ses gros bras poilus vers l'arrière et saisit une patte du loup, qu'il retire de son dos pour le soulever à la hauteur de ses yeux. Le loup se débat furieusement, mais ne peut rien faire de plus que gesticuler comme un ver en claquant des crocs dans le vide. L'homme-loup gronde et approche sa deuxième patte du métamorphe. D'un geste vif, il plante ses griffes dans la chair du loup brun, au niveau de son abdomen à découvert. Le loup pousse un couinement de douleur qui me fend le cœur. Les yeux dans ceux de son ennemi, il semble le supplier de l'épargner. L'ultime métamorphe retrousse ses babines dans ce qui semble être un sourire cruel.

D'un coup sec, il abaisse ses griffes, lui ouvre les entrailles, faisant peu cas des hurlements du loup qui m'emplissent d'horreur. Le sang du métamorphe s'écoule de son corps au sol à la vitesse d'une averse. Une pluie de sang souille le carrelage. L'homme-loup se met à japper avant d'envoyer balader le métamorphe comme une vulgaire poupée de chiffon qui atterri dans un coin de la pièce, complètement inerte.

Un hurlement déchirant retentit.

Il l'a tué.

Emplie d'horreur, je refoule mes larmes. Mes yeux sont fixés sur le corps du loup brun dont le buste ne s'élève plus.

Ce monstre a pris plaisir à lui ôter la vie.

Je reporte mon regard sur les autres loups, encore vivant, qui se battent contre l'homme-loup. Ma prise se raffermie sur la seringue.

Si je n'agis pas maintenant, un autre perdra la vie.

Déterminée, je m'élance vers l'homme-loup, la rage au ventre. Il me voit arriver trop tard. L'aiguille traverse son épiderme, il ne me reste plus qu'à pousser le piston. Mais alors que je suis à deux doigts de la victoire, je m'en sens incapable.

Mal. Trop mal.

L'air quitte mes poumons. Mes yeux s'écarquillent. J'essaie désespérément de pousser le piston, mais la force me manque et ma main finit par glisser.

J'ai perdu.

Je lève les yeux. L'homme-loup me fixe de son regard sombre. Je sens un liquide épais tremper le haut de mon jean ainsi qu'une partie de ma chemise. Le souffle coupé par la douleur, je n'arrive pas à hurler. Je n'entends plus rien, ne vois plus rien, ne ressens qu'une infâme brûlure dans le bas de mon dos, et quelque chose de dur à l'intérieur de ma chair.

Je vais mourir, comme l'autre loup, et je n'aurai même pas injecté ce putain de sérum.

Un hurlement féroce retentit. Je tourne la tête avec difficulté vers le loup gris qui reprend sa forme humaine. Danail se lève, mais tombe à genoux aussitôt levé. Une peine profonde se lit dans son regard et me fend le cœur. Il tente à nouveau de se lever, de se jeter sur l'ultime métamorphe qui me tient toujours entre ses griffes. Mais il s'écroule sur le sol en hurlant.

Ce spectacle est déchirant.

Danail pousse des cris tantôt humains, tantôt animales. Lorsqu'il relève la tête, ses yeux ne cessent de changer de couleur.

Doré, bleu, or, océan.

Puis son corps se met à se mouvoir de façon étrange. Il change. Mais, contre toute attente, il semble prendre la forme de quelque chose d'autre que son loup. Tout son corps s'allonge, et triple de volume. Une épaisse fourrure ébène recouvre sa peau. Intrigué, l'homme-loup qui me tient l'observe sans plus me prêter attention. Quelques minutes plus tard, Danail se redresse, majestueux, sous une forme que je ne lui connais pas.

Neslomimiyat VulkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant