La soirée a été plus que catastrophique. Après un trajet en voiture qui m'a paru long, nous avons dû - ou plutôt j'ai dû, étant donné que le loup de Danail ne veut pas se faire approcher par Reni - monter le métamorphe dans mon appartement.
Maintenant que nous y entrons, j'ai l'impression de ne pas avoir mis les pieds chez moi depuis une éternité. J'ai passé tellement de temps au QG de la meute ces temps-ci, et on ne peut pas m'en vouloir, là-bas, je suis protégée, qu'ici, si un indésirable se pointe, je suis fichue.
Et puis bon, c'est aussi là-bas que Danail habite.
Je m'avance dans l'appartement et appuie sur l'interrupteur pour illuminer le salon. Près de moi, le loup de Danail ne me quitte plus. Il est continuellement en train de se frotter contre mes jambes, ou à me donner des coups de museau dans le ventre pour que je lui accorde mon attention.
Mon attention, il l'a. Depuis tout à l'heure, je suis morte d'inquiétude. Il n'a toujours pas repris sa forme humaine et ses yeux restent dorés.
Pourquoi Danail ne reprend-il pas le contrôle sur son côté bestial ?
Exténuée, je baille. Ce début de soirée m'a épuisée, d'autant plus que je me sens encore un peu sonnée par le coup qu'Evan m'a donné.
Mon dieu, Evan.
Je pense que jamais je ne réussirai à retirer ces images de ma tête, celles du corps de ce médecin déchiqueté, le ventre ouvert comme l'on fait pour un poisson, et ces organes qui traînent par-ci, par-là. Evan n'est pas mon ami, jamais il ne l'a été, pas même avant toutes ces histoires de métamorphes. Au départ, lui et moi avons été de simples collègues, de vagues connaissances. Puis il est devenu mon ennemi, toujours à m'épier, à me menacer, à foutre le bordel dans ma vie plus si tranquille. J'ai l'impression qu'il n'a vécu cette année que pour le laboratoire et ses objectifs.
Et dire qu'il était prêt à me tuer.
Je titube légèrement, la pièce se met à tourner. Je me pose contre le mur et compte sur lui pour me maintenir.
-Tu devrais aller te coucher. Je vais me débrouiller avec... lui. lance Reni en jetant un regard au loup gris qui la dévisage, les crocs à découvert, prêt à gronder.
-Non, je vais m'en charger. De toute façon, je ne pourrais pas dormir avec tous les grognements qu'il poussera s'il reste avec toi, en supposant qu'on réussisse à l'éloigner de moi.
Elle hausse les épaules.
-Comme tu voudras. Mais soigne-toi au moins.
Je hoche la tête et prends la direction de la salle de bain où le loup de Danail continue de me suivre. D'ailleurs, le loup de Danail, c'est un peu long. Je ne peux pas l'appeler Danail, pour la simple et bonne raison que Danail et son loup ne sont absolument pas les mêmes personnalités.
-Il faut que je te trouve un nom. je conclus.
Le loup s'assit et penche la tête en me fixant d'un air interrogateur. Je pense qu'il songe à ma proposition. De mon côté, je sors la trousse de soin qui est mieux remplie depuis que Danail est entré dans ma vie. Je commence à soigner mon bras en réfléchissant à des noms que je pourrais attribuer au métamorphe.
-J'ai toujours voulu avoir un chien pour l'appeler Lucifer. je commence à narrer avec la désagréable impression de me parler à moi-même.
Après la boucherie qu'il a faite ce soir, ce nom lui irait très bien.
-Mais Loup, c'est bien aussi. je conclus tandis que le dit-loup porte sa patte contre son museau et baisse la tête.
Ouais, ce n'est pas très original, mais moi ça me plaît ainsi !
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Neslomimiyat Vulk
Kurt AdamMarley Seliní est psychiatre dans le nouvel hôpital de Navarre. Mais suite à quelques soucis professionnels, son quotidien est soudain bouleversé par la venue d'un nouveau patient. Danail lui répète qu'il est un loup-garou, qu'il n'est pas fou, et d...