Chapitre 24

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Je n'aime pas ce jour.

Il y a des dates que l'on retient et qui sont associées aux souvenirs heureux. Puis il y a ces dates que l'on retient contre notre propre volonté et qui nous rappellent ces mauvais jours.

Et aujourd'hui, c'en est un.

J'enfonce mes mains plus profondément dans les poches de ma veste un peu trop fine pour la température qu'il fait en Normandie en cette fin d'octobre. Mes yeux s'embuent tandis que je ne cesse de relire l'inscription.

Je haie cette journée.

Dans la poche de ma veste, mon téléphone vibre contre ma main. Je le sors lentement. Le nom de Danail s'affiche une énième fois sur l'écran. Il n'a cessé de m'appeler depuis ce matin. Mais je n'ai répondu à aucun de ses appels.

J'aimerais ne plus exister, juste pour ces vingt-quatre heures infernales.

Ma lèvre tremble, et je me retiens de sangloter. J'ai envie de me recroqueviller par terre, dans ce tas de gravier et de poussière, et de hurler ma douleur.

Comme je l'ai fait il y a un an.

Mes mains se crispent alors que les souvenirs de cette soirée me reviennent en mémoire. Suite à ce jour, j'ai passé une semaine entière à pleurer dans ma chambre. Et les semaines d'après, je n'étais plus que l'ombre de moi-même.

Je secoue la tête, refoule les larmes. Je dois être forte.

Pour lui.

Mais alors que me retenir de pleurer devient de plus en plus difficile, je fuie le cimetière au pas de course. Lorsque je m'apprête à passer les grilles pour rejoindre ma voiture, je me fracasse contre le corps d'un individu.

-Je suis désolée. je m'excuse en reniflant.

Je lève les yeux et manque de faire un bon de deux mètres. Evan se tient debout face à moi, une fleur de lys à la main.

Quelle journée pourrie.

-Qu-qu'est-ce que tu fais là ?

Il ne devrait pas être ici. Nous sommes à une heure d'Evreux. Il n'est pas là par pure coïncidence.

-Je viens rendre visite à quelqu'un. hausse-t-il les épaules avec nonchalance.

Je tourne la tête et balaye les centaines et centaines de pierres tombales sans voir un seul être-vivant à l'horizon.

-Tu viens te recueillir sur la tombe de quelqu'un. j'en conclus donc.

-Aussi.

Je plisse le front et le fixe de mes yeux encore humides.

-Je voulais te voir.

Un frisson d'effroi me parcourt alors que mes doutes se confirment.

-N'en as-tu pas marre de me suivre ?! je m'agace.

Plus question d'avoir peur de lui.

En cet instant, en cette journée, je serais prête à tuer quelqu'un pour déverser toute cette tristesse qui m'habite.

Et si ce quelqu'un est Evan, ça me fera d'une pierre, deux coups.

-Calme-toi, je suis venu en tant qu'ami.

Je ris jaune.

-Toi et moi, amis ?

Je secoue la tête.

-Je crois que tu as perdu la tête, mon pauvre. Toi et moi, on a rien d'ami. Je te haie, et je suis sûre que c'est pareil pour toi, tu ne me supportes pas.

Neslomimiyat VulkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant