Chapitre 34

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Le lendemain, j'arrive à l'hôpital comme si de rien était. L'absence de présence d'Evan ne saute aux yeux de personne, lui qui n'avait pris aucun jour de congé depuis que je l'ai connus. Cela voulait donc dire qu'encore personne n'a retrouvé le corps du médecin, et que donc personne ici est au courant de ce qu'il lui est arrivé. J'essaie donc d'oublier son ancienne existence, et me mets à travailler comme s'il n'a jamais existé. Et je suis beaucoup moins nerveuse maintenant que le psychiatre n'est plus là pour me croiser dans les couloirs.

C'est horrible, mais je suis heureuse qu'il soit mort.

En fin d'après-midi, je dois aller au laboratoire. Et si les simples employés du service hospitalier n'ont rien remarqué de la disparition d'Evan, les petits chimistes, eux, vont sûrement se douter de quelque chose.

Lorsque j'arrive, les quelques hommes en blanc à l'entrée semblent agités. Timéo arrive vers moi, un peu moins souriant que d'habitude.

-Qu'est-ce qui les rend nerveux à ce point ? je questionne mon collègue, même si je me doute déjà de la réponse.

-Evan n'est pas venu de la journée, et personne n'a réussi à le joindre. On pense qu'il lui est arrivé quelque chose. Et comme il n'arrête pas de fouiner dans les affaires des métamorphes à l'extérieur, c'est fort probable.

Je reste un instant à les observer donner des directives maladroitement, avant de hausser les épaules et d'aller me mettre au travail.

*****

Je suis seule dans la salle d'opération avec un métamorphe lorsque la journée est presque achevée. Je ne doute pas qu'à cette heure-ci, j'ai déjà dû recevoir quelques dizaines d'appels de Danail. Cette réflexion me pousse à me dépêcher de finir le boulot afin de vite retrouver mon âme-sœur loin de cet enfer.

Je m'approche du métamorphe attaché sur la table d'opération, bien en éveil. Il me regarde. Ses iris sont ovales, comme ceux d'un chat. Je comprends alors que cet homme n'est pas un loup. Doucement, pour ne pas l'effrayer plus qu'il ne l'est déjà, j'attrape mon stéthoscope et commence à l'ausculter. Encore fraîchement arrivée au laboratoire, les dirigeants ne me laissent pas faire plus que ça : jouer les petites infirmières afin de s'assurer que leurs joujoux sont en bonne santé.

Ces hommes m'horripilent.

D'un côté, je suis soulagée de ne pas avoir à torturer ces pauvres métamorphes. Je pense - non, j'en suis même sûre - que j'en suis incapable. Mais d'un autre côté, cela m'aurait permis d'en découvrir plus.

Je souris à mon patient, espérant que ça l'aide à se détendre un minimum. Mais non, je parais même l'effrayer encore plus.

Moi, effrayer quelqu'un ? Eh bien, il y a une première fois à tout.

-Ne t'en fais pas, ça ne fait pas mal. je continue d'essayer de le rassurer malgré mon échec cuisant en approchant le pavillon du stéthoscope.

L'homme-chat se crispe un peu plus. Il a un petit sursaut lorsque l'embout métallique froid rentre en contact avec sa peau.

-Tu vois ? Aucune douleur.

Je continue l'auscultation et ne constate toujours aucun problème. Mais soudain, des larmes se mettent à dévaler ses joues. Un peu surprise, je ne sais plus quoi dire.

-Arrêtez, je n'en peux plus. Je préfère mourir que de continuer à subir ça. Faites cesser tout ça. me supplie-t-il.

Je cligne des yeux, abasourdie. Il a le même regard empli de détresse que celui de Danail hier soir. Je jette un regard circulaire dans la pièce, repérant la caméra de surveillance dans le coin. Je me penche vers mon patient et lui murmure comme si de rien était :

Neslomimiyat VulkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant