La vie à l'université n'est jamais associée à la facilité. On y tombe amoureux, on vit nos premières déceptions, on subit des blessures, autant physiques que morales. Mais l'histoire devient encore plus compliquée quand on y mêle une guerre de clan...
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C'est dans une cave très froide à l'odeur de rouille et de souffre que Minho se réveille, toujours sa tête sous un sac en tissu, respirant difficilement. Il se penche sur le côté alors qu'il est attaché à une chaise pour vomir ses tripes, laissant derrière un goût métallique. Il tente de bouger ses lèvres, mais il les sent bien vite anesthésiées. Il comprend que le goût métallique sur sa langue n'est que le goût de son propre sang. Ça ne pourrait pas être pire ...
« Il y a quelqu'un ? » entend-il. Ah oui, ça pourrait être pire.
La voix est faible, grave, presque inaudible. Mais il la reconnait bien vite. C'est la voix de Felix, étouffée par un toussotement, suivi d'un râle. Il doit être dans un piteux état lui aussi.
« Felix ? »
« Minho ! »
Le plus jeune est heureux d'entendre la voix de son ami. Il est la dernière personne qu'il aurait voulu avoir à ses côtés lors de ce genre de situation, mais il est quand même heureux de ne pas l'affronter seul. Un espoir se forge au fond de son esprit. Tout n'a pas l'air perdu.
Quant au plus vieux, il est moins enthousiaste. Ils ont l'air tous les deux très faibles, et ils se trouvent dans l'antre de l'ennemi. Inutile de perdre son temps à imaginer un plan pour sortir d'ici.
« Tu vas bien ? »
« Bof ... pas trop ... » lui répond le noiraud. « Je crois que j'ai une côte cassée et j'ai très mal derrière ma tête ... »
« Ah. Je crois qu'ils aiment bien assommer d'un coup dans le crâne. »
« Toi aussi ils t'ont eu comme ça ? »
Oui. Ces enfoirés m'ont eu comme ça, oui. Putain ! pense-t-il dans sa tête.Puis un souvenir lui revient. Un flash. Ce bruit. Ce qu'il a entendu et qui lui a coupé les jambes sur le moment ... C'était bien un coup de feu ...
« Felix. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
« Ils ont enfoncé ma porte, pour rentrer chez moi. Je m'étais caché dans le placard de mon balcon, en espérant qu'ils n'aient pas l'idée de chercher là. »
« Ingénieux. »
« Merci. Mais ils ont quand même remarqué que la baie vitrée n'était pas fermée à clé. Il devait y avoir un pisteur avec eux. Ils m'ont bien évidemment trouvé, et même si je me suis débattu, à cinq contre un, c'était impossible ... »
« Ouais ... C'est bizarre quand même. »
« Qu'y a-t-il Minho ? » s'étonne-t-il.
« Je ne sais pas. Tu ne trouves pas ça étrange de venir à cinq contre un ? S'ils sont venus chez toi, ils savaient que tu allais être seul. Ou au pire avec ta mère. »
« Non. Ils savaient que j'allais vous appeler. Ils avaient déjà prévu d'en enlever un de vous ... » dit le plus jeune, comprenant que trop tard son erreur.
« Felix ... Il y a un truc que tu ne sais pas ... »
« Quoi ? Je n'aime pas cette voix que tu prends Minho ... »
« Jisung et Hyunjin ... » lâche-t-il tout en retenant un sanglot.
« Non ... C'est ça le coup que j'ai entendu ? il ... il était lointain ... J'étais déjà assommé quand ... OH MON DIEU ! » l'entend-il crier sa peine et son mal être. « NOOOON ! »
Il entend ses pleurs, et Felix ne se retient pas comme lui le fait. Il laisse sa peine prendre possession de son corps. De son cœur. Le noiraud n'est pas bête, même si l'idée l'a traversé plusieurs fois, il ne voulait pas se faire une raison. Il refusait d'y croire tout bonnement. Qui voudrait y croire à sa place ? C'est absurde. En une fraction de seconde, il a perdu l'homme qu'il aimait et le garçon qui avait pris la place de frère dans son cœur.
« Ce n'est pas bientôt fini ce boucan ! » cri un homme après avoir fait claquer la porte derrière lui.
« Comment avez-vous osé ! » cri le plus jeune.
« Mais de quoi parle-t-il ce gamin ? »
Qui ne serait pas dans son état à l'entente que son meilleur ami et son amant viennent de perdre la vie ? Moi, pense Minho. Lui aussi, vient de perdre son meilleur ami et son amant.
« Toi. » S'adresse au plus vieux leur geolier. « Je te conseille de le faire taire avant que le maître se pointe. Si non, je ne donne pas chère de sa peau. Il vient dans cinq minutes. Tenez-vous prêt. »
« Attendez ! » L'interpelle Minho, alors qu'il est sur le seuil de la porte.
« Qu'est-ce tu veux ? »
« Pourquoi nous sommes ici ? »
« Hmmm. » réfléchit le garde avant de donner sa réponse. « Disons que lui, il est là pour payer. Toi, tu es là pour parler. »
Minho devine que les deux vont subir bon nombre de torture. Mais jusqu'à quel point ? Il comprend pourquoi lui est ici, mais il n'a aucune idée, malgré les explications du garde, ce que Felix fait ici. Va-t-il le tuer si il ne servait que d'appât ? Non, il n'aurait pas pris la peine de le transporter jusqu'ici se raisonne-t-il. Mais alors ... Il va l'inclure dans son trafic ?
« Il a l'air fou mais mignon pour un coréen. Le maître ne se prend pas la tête avec n'importe qui. »
« DEGAGE ! » cri Minho, ne pouvant plus entendre une phrase de plus.
Leur interlocuteur ne répond pas et sort de la pièce non sans claquer la porte. C'est bien ce que Minho pensait. Cet ordure de dealer de prostitués va introduire son ami au visage parfait dans son trafic. La respiration de Felix est saccadée. Il doit essayer de retenir ses sanglots. Mais la chose est dure. Minho se rend donc compte qu'ils ont beaucoup en commun tous les deux, à cet instant là. Ils ont tous les deux perdu un frère, ils ont tous les deux perdu un amant. Comment vont-ils résister à la souffrance qui les attend alors qu'ils n'ont aucune motivation à avancer plus loin ?
« Pour les autres Minho. On doit se battre pour les autres. » rétorque Felix, répondant à ses questions silencieuses.
