Chapitre 5

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Il ouvre la porte à l'aide de ses clés, la pousse et me fait signe de passer devant lui. Il la referme ensuite à clé. Je me retourne, les yeux grands ouverts. C'est à ce moment précis que je me rends compte de ma bêtise monumentale. Rentrer dans la maison d'un inconnu. Dans laquelle s'y trouvent peut-être plusieurs inconnus. Au fin fond des bois. Sans que personne ne sache où je me trouve. Alors là, ça craint. Il faut que j'improvise et que je me sorte de là. Il ne manquerait plus qu'il sorte un couteau ! Mon cœur va sortir hors de ma poitrine tellement il bat fort.

Il se retourne vers moi et m'observe, les sourcils froncés et secoue la tête négativement. Il soupire bruyamment.

–Si je ne ferme pas la porte à clé, tout le monde peut l'ouvrir. Si ça te rassure je peux laisser les clés dessus.

C'est mieux que rien, je suppose... Je me demande quand même comment il a su percevoir mes doutes... Je sers mon sac bien près de moi, loin d'être rassurée. Il passe devant moi. J'admire le hall d'entrée. La hauteur sous plafond est immense. La pièce est lumineuse dû à la grande fenêtre au-dessus de la porte d'entrée. Les murs sont brun clair. Un grand escalier design noir se dresse à droite, à côté d'une porte en verre opaque qui, je suppose, mène à la pièce verrée. À ma gauche se trouve une autre porte mais elle est faite de bois. Avant celle-ci se situe une commode surmontée d'un miroir. Au fond de la pièce, je peux voir un porte-manteau avec, en dessous, une étagère qui abrite plusieurs paires de chaussures (des baskets, des chaussures de randonnées, des pantoufles,...). Je me demande bien pourquoi il se balade pieds nus alors qu'il possède une telle collection. Il se dirige vers la porte en verre et pousse celle-ci. Je pensais que ça allait être magnifique. J'en étais bien loin. Ma mâchoire se décroche légèrement tellement cette pièce me sidère. Nous sommes dans le salon. C'est entièrement baigné de lumière, grâce au plafond gigantesquement haut, constitué lui aussi d'une fenêtre. Une télévision à écran plat qui fait presque ma taille trône en face de moi. En dessous d'elle se situe une commode blanche très high tech qui doit sûrement abriter les dernières consoles à la mode, puisque deux manettes de PS4 sont posées de façon symétrique dessus, pile au milieu sous la télé. Celle-ci est d'ailleurs entourée d'un grand canapé blanc ainsi que deux fauteuils de la même matière de part et d'autre du divan. On se croirait presque chez Ikea. Tous les murs sont en fait une seule et grande fenêtre. Je me tourne et m'avance vers la droite afin de contempler la vue sur le lac. Et je ne suis pas déçue. Je n'ai pas les mots pour décrire la beauté de ce panorama. Les yeux grands ouverts, la respiration courte et rapide, le cœur battant à cent à l'heure, il va me prendre pour une folle à tant apprécier l'endroit. Je suppose que c'est l'un des effets de mon hypersensibilité : l'exacerbation de ce que je ressens. Je me retourne et plus loin trône la salle à manger. Tout y est également blanc, avec quelques plantes par-ci par-là. La table peut au moins accueillir une douzaine de convives. Je continue mon chemin en tournant vers la gauche cette fois. Une cuisine, également blanche et bien moderne, me fait face. Il y a en son centre un îlot faisant office de table, autour duquel se trouve deux garçons. Ils se stoppent net de parler pour me fixer dès l'instant où ils ont repéré ma présence. J'écarquille à nouveau les yeux, mais pas positivement cette fois, et me tourne vers Sam, ne sachant que dire ou faire. Je les détaille rapidement un par un. Le premier est à moitié caché par l'espèce de table. Son teint est pâle. Son visage est carré. Ses cheveux sont aussi noirs que du charbon. Quant à ses yeux, n'en parlons pas. Ils y sont assortis. Il porte un t-shirt noir avec des symboles bizarres écrits en blanc. Il me dévisage d'un regard si peu accueillant que cela me donne la chair de poule. Je frissonne et passe au second, assis à côté de lui. On dirait son opposé. Ses cheveux sont si clairs qu'on dirait presque qu'ils sont argentés, voir blancs. Ses lèvres roses se démarquent du reste de sa peau si blême. Sa chemise blanche renforce sa pâleur. Ses yeux sont d'un gris bleu si clair que cela me surprend. Les deux semblent légèrement contrariés par ma présence.

–Emmy, voici mes frères, m'annonce Sam.

Mon ange [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant