Chapitre 1

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J'observe les étoiles, allongée sur un transat, dans le jardin. Les nuits de début août sont les meilleures pour observer le firmament. De plus, nous sommes en pleine période des étoiles filantes. C'est tout simplement magique. De la musique classique s'échappe faiblement du haut-parleur de mon téléphone afin de parfaire cette soirée. Je remonte la couverture sur mes épaules dénudées en frissonnant.

J'inspire et expire lentement, m'obligeant à profiter de ce moment. J'ai été diplômée en photographie cette année et j'aimerais bientôt partir à l'étranger, là où le vent me portera. Je me sens sereine, apaisée. Tout va bien en ce moment. Enfin, aussi bien que ça pourrait aller dans ma vie.

Je reporte mon attention sur le ciel. Juste à ce moment-là, une étoile filante passe et je dois immédiatement trouver un vœu. Je souhaite... Je souhaite passer la meilleure année de ma vie. Argh, comme quoi je n'ai jamais été douée pour prendre des décisions sans réfléchir et je pense que ça ne changera jamais. Je devrais peut-être réfléchir à quelque chose de mieux pour la prochaine qui passera. En parlant du loup, j'en vois une qui arrive au loin. Zut ! Quoi que non, ce n'en est pas une.

-Mais qu'est-ce que c'est que ça ?

Une sorte de météore orangé traverse l'atmosphère à grande vitesse. Il semble s'agrandir à chaque seconde. J'espère qu'il ne va pas s'écraser sur la maison de quelqu'un ! Et puis il disparaît derrière la forêt. Étrange. Et je n'ai même pas fait un vœu du coup. Je regarderai au journal télévisé demain, ils en parleront sûrement. En attendant, je me blottis dans ma couverture et la serre contre moi, en fermant les yeux, prête à sombrer dans mes sempiternels cauchemars.

***

La vive clarté transperce mes paupières et me réveille doucement. Enfin, doucement... jusqu'à ce que j'ouvre les yeux et que le soleil me brûle les rétines. Je me cache sous la couverture et émerge lentement. Après quelques minutes, je m'étire en baillant et repousse le plaid. Je m'assieds et observe le paysage autour de moi.

Ma petite maison, se situant sur une colline, m'offre une vue imprenable sur Braksville, qui se trouve à une quinzaine de kilomètres de chez moi. Il n'y a aucun voisin à l'horizon. Nous sommes bien espacés grâce à plusieurs champs, parfois boisés, qui nous assurent une certaine tranquillité et liberté. Pratique, mais parfois flippant. Surtout depuis que j'habite la maison seule. Mes parents ont eu la merveilleuse idée de partir arpenter l'Europe en mobilhome, me laissant ainsi la maison. Ils sont partis depuis plus d'une semaine maintenant. Ma maman ne voulait pas rater mon anniversaire mais, comme ça risquait de contrarier leur plan, je les ai poussés à y aller. Et puis, ce n'est pas comme si on allait faire quelque chose pour le fêter de toute façon !

Je regarde le grand jardin. En face de moi à une vingtaine de mètres au fond, se trouve une belle piscine à débordement. Ma mère a dû supplier mon père pendant toute une année avant d'enfin l'obtenir et je dois dire qu'il a bien fait de craquer, car je l'adore. Nous avons également quelques arbres colorés ici et là, qui rendent le paysage plus vivant. À gauche se trouve la fierté de mon papa : une serre avec un potager. Il y passe le plus clair de son temps et à même commencé un petit commerce afin de revendre ce qu'il fait pousser. Il y a également quelques maisons pour les oiseaux, avec de la nourriture ainsi que quelques décos et petites lampes modernes.

Je glisse mes pieds dans mes pantoufles, lorsque je me stoppe net. À côté de celles-ci se trouve une grande plume d'un blanc immaculé. Elle est si propre que je pourrais jurer qu'elle brille. Je m'en approche doucement, intriguée par sa taille disproportionnée et la soulève. Elle doit faire plus de la moitié de ma taille ! Bon oui, je suis petite, mais pour une plume ça reste grand. Je la tiens entre mes deux mains. Je suis si subjuguée par sa beauté, par sa pureté que je décide de l'entreposer dans ma chambre. Je me demande à quel oiseau elle appartient...

Je trottine jusque dans ma pièce favorite (ma chambre) et la dépose sur ma coiffeuse blanche avant de grimacer en apercevant mon reflet. Des cernes énormes entourent mes yeux vert foncé. Mes cheveux blonds sont tout emmêlés. Et pour couronner le tout : j'ai un visage d'une blancheur cadavérique. Eh oui, c'est ça de ne pas vraiment aimer le soleil. On ne peut pas bronzer sans aller dehors.

Un petit-déjeuner, une douche, une nouvelle tenue, un brossage de dents, une touche de maquillage et un coup de brosse plus tard, me voilà fin prête pour affronter cette nouvelle journée. Je suis impatiente de voir ce qu'elle va m'offrir. Surtout que je dois recevoir dans le courant de cette semaine un colis surprise que mes parents m'ont commandé pour mon anniversaire ! Je me demande ce qu'ils ont bien pu me prendre... Je me réjouis tellement de le recevoir, même si mon anniversaire n'est pas avant une semaine. Je me dirige vers le salon, ne sachant que faire. Je raffole des vacances d'été, vraiment ! Mais ma vie sociale extrêmement limitée ne me permet pas de faire des sorties et de m'amuser. Je suis par conséquent quasi toujours obligée de trouver quoi faire toute seule. Enfin, parfois je sors avec Mathilda (elle me tuerait si elle savait que j'avais utilisé son vrai prénom! Elle préfère le diminutif "Mattie". Mais nous n'avons pas beaucoup de choses en commun. D'ailleurs, trouver quelqu'un qui a les mêmes passe-temps que moi n'est pas une mince affaire.

Un bruit me sort abruptement de mes pensées. Quelqu'un sonne à la porte. Je regarde l'heure en fronçant les sourcils. Dix heures trente, c'est encore tôt pour que ce soit le facteur. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Qu'est-ce que je déteste ces situations ! J'entrouvre la porte et retrouve mon sourire. Le facteur se tient sur le porche, une grosse boite en carton dans les bras. Je le remercie, prends le colis, referme la porte et vais le déposer sur la table du salon.

Je m'apprête à l'ouvrir lorsque l'on frappe à nouveau à la porte, lourdement. Presque comme si la personne n'avait pas assez de force pour toquer normalement. Ce doit être le facteur, je devais peut-être signer quelque chose pour attester de la bonne réception du colis. Je me dirige alors vers la porte et ouvre celle-ci en grand, ce que je regrette instantanément puisqu'une silhouette tombe alors violemment dans le hall...

Mon ange [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant