Chapitre 23

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–Ma chérie ! s'exclame... ma maman. Que fais-tu là? Tu n'es pas censée être dans les alpes françaises pour ton nouveau travail ?

Je les observe. Ils sont installés confortablement dans le divan, devant la télévision.

–Ma... Maman, papa...?!

–On dirait que tu as vu un fantôme. Tu vas bien? s'inquiète ma maman.

Je dois me faire violence pour ne pas tomber à genoux. Je mords l'intérieur de mes joues afin de retenir mes larmes. Je ne peux pas croire qu'ils se tiennent devant moi! Je les ai vu ! Dans la boîte... enfin, je l'ai cru du moins.

–Oui... Oui. Ça va.

–Nous avons été très surpris par ton message, poursuit mon père. Nous pensions que tu allais nous attendre avant de partir mais il est vrai qu'une telle opportunité ne se refuse pas.

Je me précipite dans les bras ouverts de ma maman. Je hume son parfum que je ne pensais plus sentir. Je la sers fort elle, et puis mon papa.

–Mais enfin Emmy, cesse dont tes manières. T'avons-nous manqué à ce point ? me demande mon papa.

Je hoche vivement la tête.

–Oui. C'est pour ça que je suis revenue d'ailleurs. Être loin d'ici, ça ne me correspond pas du tout !

Ma maman se rassoit dans le divan et continue de regarder le téléfilm de l'après-midi. Je suis si heureuse de les avoir retrouvé que je m'installe à côté d'eux. Là, à cet instant, je souhaite tout oublier et ne profiter que de leur présence. Prétendre que rien de tout ça n'est arrivé. Que je viens de finir mes études, que tout se passe et se passera bien.

–Sinon... Quand nous présenteras-tu ton charmant petit copain ? me questionne ma maman.

Je tourne brusquement la tête vers elle en fronçant les sourcils.

–Quel copain ?

–Tu sais, le guide de montagnes. Celui que tu as rencontré quand tu faisais ton entretien pour ton job ?

Je me décompose sous ses mots en me levant du canapé. De qui me parle-t-elle ?

–Oui, nous sommes au courant, Emmy. Nous n'avons pas arrêté d'essayer de te sonner, pour te féliciter et te dire qu'on rentrait bientôt à la maison. Et, après quelques innombrables essais, c'est ce jeune homme qui a répondu et qui nous a tout expliqué. Georges, comment s'appelait t'il encore ?

–Bonne question. Max ? lui répond mon père.

–Non... pas Max. Mais c'était un nom court tu as raison ! S.... Sean ?

–Par S, oui, ça me dit quelque chose... Sasha ? Je ne sais plus...

–Je sais, s'écrie ma maman en bondissant sur ses pieds. Il s'appelle Sam !

Cette nouvelle fait le poids d'une bombe dans ma tête. Cette atrocité, d'abord invraisemblable, me semble de plus en plus logique au fur et à mesure que j'assemble les pièces du puzzle. C'est la seule personne qui avait les clés en mains pour orchestrer une telle scène. Le salaud. Il était là. Il avait tout prévu. Il m'a empêché de vraiment regarder le contenu des boites, qui sait, est-il capable de détourner la réalité comme moi je sais le faire depuis peu ? Il a mon téléphone depuis le début. Depuis le début, il est là. Mais pourquoi ? Dans quel but ? Qu'est-ce qui était vrai, et faux ? Je n'y comprends plus rien. Si seulement cet espèce d'imbécile d'Azaël était resté ! Était-ce pour ça qu'il m'a déposée chez moi ? Il savait pour Sam et voulait que je le découvre par moi-même ? Non. Il aurait pu simplement me le dire. Pourquoi se tuer à m'amener jusqu'ici alors qu'il pouvait me le dire ? Mais ça justifierait toutes leurs messes-basses et leur mésentente. Et Rémiel dans tout ça ? Son frère l'aurait laissé se faire tabasser ? Non. Ça ne colle pas avec la personnalité de Sam.

–Quel adorable garçon... Quand nous le présenteras-tu ? me questionne mon papa.

Je me rends compte que je suis entrain de faire les cent pas dans le salon et je les observe. Eux. Mes parents. Mes parents qui sont vivants. Ou bien, est-ce un autre tour? Une autre déformation de la réalité d'Azaël? Souhaite-t-il me faire détester Sam? Oh Emmy... tu vas loin là. Je ne sais plus quoi penser.

–Emmy, tu vas bien ? Tu es toute pâle. Ça ne t'a pas réussi la France on dirait.

Un petit rire nerveux m'échappe.

–Non, en effet. J'ai besoin d'air. Je reviens.

Je sors dans le jardin et m'éloigne le plus possible. Je commence à arpenter la pelouse de long en large, en réfléchissant. C'est mon ange gardien. Mon géniteur lui met la main dessus. Il sait où je suis. Il a un moyen de m'approcher plus discrètement qu'un espèce de pervers de cinquante ans (enfin, physiquement parce qu'il doit avoir plusieurs centaines d'années en réalité). Il chute du ciel. Viens prendre la température chez moi. Bien évidemment, pour que je veuille partir de chez moi et afin d'évaluer mes capacités, il fallait trouver une raison en béton, autrement dit la supposée mort de mes parents. Il me « sauve » ensuite de mon géniteur. Me ramène chez lui. Me mets en confiance. Lui et Azaël se disputent car celui-ci trouve que c'est une très mauvaise idée. Il tente de m'amadouer. Bizarrement, je me fais kidnapper dans son endroit secret hyper sécurisé et il est le seul à ne pas en ressortir blessé. Il n'est pas non plus venu me chercher. Azaël me sauve pour je ne sais pour quelle raison. On revient. Par malheur, Sam nous retrouve, ils se battent. Az découvre des choses sur mes pouvoirs, des trucs que Sam n'avait pas vraiment anticipé. Il repart pendant qu'on les essaye. Il nous a peut-être observé pendant qu'Az et moi mettions cela en pratique, qui sait ? Puis, je dois sauver Rémiel qui pour une raison qui m'échappe, a les ailes brûlées et a été refusé du Paradis. Voulait il tester l'ampleur de mes capacités ? Je m'évanouis et me réveille ailleurs et voilà. Quelques jours après (qui me semblent être une éternité), je me retrouve au point de départ.

Je me dirige vers la piscine pour m'allonger sur un des sièges et je sursaute quand je vois une forme sortir des buissons. Je soupire lorsque je vois qu'il s'agit d'Azaël. Il sait comment faire une entrée lui.

–Rebonjour, me sort-il le plus naturellement du monde en s'époussetant.

Je bondis sur mes pieds et croise mes bras, furieuse.

–Est-ce que tu le savais ?!

Il soupire et s'assied sur le siège d'à côté. Il tapote la place à côté de lui et me fait signe de le rejoindre.

–Tu ferais mieux de t'asseoir, annonce-t-il d'un air sérieux.

Mon ange [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant