Mon ange [terminée]

Chapitre 20

Je me retourne et aperçois Sam, au loin, soutenant Rémiel qui semble vraiment être mal en point. Une fois devant nous, ils s'arrêtent. Sam nous observe brièvement, contrarié, les sourcils froncés et les lèvres pincées. Puis il se reprend et s'adresse à moi, paniqué.

–Emmy ! Vous avez déjà testés tes dons en rapport avec la douleur là?

J'observe Rémiel. Sa peau exsangue ne saurait pas être plus blanche. Il est si pâle que cela fait ressortir encore plus le contraste entre elle et toutes les ecchymoses mauve foncé qui parsèment sa peau. Ses lèvres gonflées sont fendues à divers endroits. Ses paupières ne cessent d'essayer de se soulever avant de retomber mollement, preuve de sa grande faiblesse. Ses mains ensanglantées pendent dans le vide. Ses habits d'une blancheur extraordinaire sont maintenant tachés d'un rouge foncé. On dirait un cadavre battu à mort. Mon cœur se tord.

–Emmy ?! hurle Sam.

Je reviens à moi et détourne le regard, en réprimant un haut-le-cœur.

–Tu veux dire, ceux qui me permettent apparemment de transmettre la douleur que je ressens à un autre et inversement ?

–Oui ça ! Alors ?!

Je ne vois pas où il veut en venir.

–Pas encore non. Pourquoi?

–Je suis désolé de te demander ça mais il faut que tu essaies avec Rémiel. Il faut que tu prennes un peu de sa douleur afin qu'il puisse enclencher le processus de guérison.

Azaël passe devant moi et faisant barrage entre ses frères et moi.

–Il est hors de question qu'elle fasse ça. T'imagines ce qu'elle va ressentir ?! Elle a pas l'habitude d'être exposée à la douleur putain ! Trouve une autre solution !

Ses poings sont fermés, sa respiration forte et lourde. Il est en colère, mais ça n'est pas à lui de décider de mes actes, aussi touchant que cela soit. Après tout, ils sont là à cause de moi. Prenant mon courage à deux mains, je le contourne et m'adresse à Sam.

–Allonge-le. Je vais essayer.

Je regarde Azaël et tente de l'amadouer de mon regard. Son visage est déformé par la colère, à nouveau.

–Vous faites chier. Allez vous faire foutre.

Je suppose que ça a anéanti nos légers progrès en ce qui concerne notre entente. Sur ce, il s'enfonce dans les bois et disparaît en un claquement de doigts. Je m'assieds près de Rémiel et secoue la tête, essayant de retenir mes larmes.

–Je ne sais pas comment je dois faire Sam...

–Touche-le, regarde-le, je ne sais pas mais fais quelque chose bon sang je t'en prie !

Je décide me fier à mon instinct. J'entoure son bras de ma main et me concentre sur ma tristesse de le voir comme ça, sur ma volonté de vouloir qu'il guérisse mais rien ne se passe.

–Ça ne marche pas ! Peut-être que je n'ai pas ce don-là, annoncé-je à Sam.

–Tu dois l'avoir Emmy, il ne peut pas mourir.

Les larmes qui menaçaient de couler m'échappent enfin. Je ferme les yeux et parle à Rémiel dans ma tête. Tu dois guérir Rémiel. Donne-moi une partie de ta douleur, s'il te plaît. Je me montrerai forte. Laisse-moi t'aider. Soudain, une douleur fulgurante me traverse et je ne peux retenir un cri déchirant qui vient troubler le silence dans lequel nous étions. Des larmes s'écoulent à nouveau, celles-ci témoignant du mal que cela me fait. Il s'empare de tout mon être et s'enroule à moi comme un serpent. Et dire qu'il est entrain d'endurer ça en ce moment... Je tombe en avant et m'allonge à ses côtés, m'accrochant à son bras. Plus je lui aspire sa douleur, plus ma respiration s'affaiblit. Je sens que quelque chose s'échappe de mes lèvres. J'entends des cris, au loin, mais je suis trop concentrée à essayer de le sauver. Je ne sens plus mes mains, ni mes pieds. Quelque chose transperce petit à petit mon estomac et un nouveau cri m'échappe à nouveau. Je sens deux mains me soulever et je sais que je ne suis plus sur le sol.