Chapitre 11

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Une question me trotte néanmoins dans la tête. Je me relève pour me rasseoir sur le lit.

–S'ils avaient l'obligation de me protéger, pourquoi arrêter maintenant ?

Rémiel et Samaël échangent un regard gêné. C'est Monsieur l'Ange (dont je comprends mieux ses choix vestimentaires si.... blancs maintenant) qui me répond :

–Parce que ton père est devenu bien trop puissant. Te défendre et donc s'opposer à lui déclencherait inévitablement une guerre entre le royaume de ton père et le Paradis.

–Mais tu as continué à me protéger ? demandé-je à Samaël.

–Cela ne fait que quelques années qu'il a gagné énormément en puissance et ensuite, ils n'ont pas pensé à me démettre de ma fonction. Ça m'arrangeait je dois dire.

Je rougis immédiatement.

–Est-ce que ça veut dire que tu avais accès à ma chambre et... ma salle de bain par exemple ?

Il rigole et un sourire en coin se forme sur son visage.

–On n'est pas autorisé, sauf en cas d'extrême urgence, de vous observer dans des pièces qui vous sont intimes. L'accès nous y est carrément refusé, sauf en cas de danger évidemment.

J'étrécis les yeux.

–Et ce ne fut pas le cas, pas vrai?

Son sourire s'agrandit.

–J'aurais aimé !

Je soupire un grand coup pendant qu'il se met à rire.

–Et Azaël, est-ce également un ange ?

Cette fois-ci, se sont les deux frères qui explosent de rire.

–Azaël, un ange ! C'est la meilleure celle-là, rétorque Samaël.

–Alors, qu'est-il ?

–Un ange déchu, répond Rémiel d'un air réprobateur.

–Fait-il partie de l'armée de... cet homme ?

Le considérer comme mon père est une chose totalement improbable à cet instant. Rémiel poursuit en secouant négativement la tête :

–Non, heureusement. Il est le genre de mecs à ne pas supporter l'autorité.

–Je vois le genre...

–Ça vous dit que j'aille chercher des pizzas ? propose Samaël.

–Volontiers ! m'exclamé-je en même temps que son frère.

Mon ventre gargouillait tellement, cela fait une éternité que je n'ai plus mangé et je le ressens. Nous allons dans le salon, pour nous y asseoir. Samaël passe commande et quitte la petite maison.

–J'en ai pour cinq minutes grand max ! annonce-t-il avant de claquer la porte.

Cinq minutes... L'air intriguée, je me tourne vers Rémiel qui me coupe l'herbe sous le pied.

–On est capable de se déplacer cent fois plus vite que les humains, les anges déchus y compris. On a également beaucoup plus de force. Et... on sait lire dans les pensées.

Mon visage prend une teinte rouge tomate. Toutes les pensées pas très catholiques que j'avais eues à propos de Samaël devant celui-ci.... Je ne vais plus être capable de le regarder en face en sachant qu'il a tout « entendu » !

–Que se passe-t-il ? me demande Rémiel.

Oh zut, et maintenant lui aussi est au courant !

–Au courant de quoi ?

Je fronce les sourcils.

–Tu devrais le savoir, puisque tu lis dans les pensées.

–Non. Cela requiert beaucoup de concentration. De plus, j'essaie de bloquer cette capacité. Je sais à quel point cela peut être agaçant. Mais tu n'es pas contrainte de nous laisser faire, ça se contrôle, tu verras. Tu peux apprendre à bloquer la présence des autres dans ton esprit.

Soulagée, je m'affale dans le divan, les yeux fermés. Quelques secondes plus tard, Samaël rentre dans le salon, les bras chargés de quatre boîtes de pizza. Quatre ? Tout s'explique lorsque Azaël jaillit derrière lui. Je sens qu'il va bien plomber l'ambiance... Mon ange gardien (cette notion me semble toujours aussi improbable) dépose tout sur la table du salon. Chacun saisit une boîte et je me rends compte que je ne lui avais pas dit ma pizza préférée. Lorsque j'ouvre le carton, j'ai la bonne surprise de tomber sur une à la margherita. Il a dû me voir en manger lorsqu'il me surveillait. Nous entamons chacun la nôtre. Je repense à ce que j'ai vécu depuis qu'il a débarqué au pas de ma porte. À son départ, à la soi-disant comète et enfin à mon sauvetage in-extremis de cet homme à la prestance incroyable duquel émanait une sensation de puissance telle que ça m'a fichu la frousse.

–C'était qui, l'homme qui me poursuivait dans les bois, avant que tu m'aides à fuir de lui ? lui demandé-je avant d'engloutir la dernière part de ma pizza.

Encore une fois, Samaël échange un regard rempli de sous-entendus avec son frère l'ange. Il a l'air à nouveau contrarié.

–Aucune idée, répond-il enfin. C'est toi qui fuyais de lui, je me suis dit que tu avais besoin d'aide.

Azaël soupire bruyamment et n'attend pas de finir sa bouchée pour déclarer nonchalamment :

–C'était ton père.

Les deux autres frères se retournent et le fusillent du regard. Cette révélation me fait avaler ma dernière bouchée de travers. Je tousse un coup avant de déposer la boîte sur la table, fixant un point dans le vide et je me rassieds bien au fond du divan.

–Quelle journée de merde... murmuré-je plus pour moi que pour eux.

Mon ange [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant