Je me retourne une dernière fois et constate que l'homme se rapproche de plus en plus. J'opte pour le moindre mal et attrape sa main. Il m'attire à lui et me soulève par-dessous les bras et les genoux. Je m'accroche instinctivement à lui.–Ferme les yeux, me murmure-t-il.
J'hésite. Il me toise de ses yeux sombres. Je ferme alors directement les miens. Je me jette peut-être dans la gueule du loup mais quelque chose me dit que l'homme derrière moi est cent fois pire. Je suis secouée dans tous les sens. Il court. Vite. Très vite. J'ai envie d'ouvrir les yeux mais mon instinct me souffle qu'il ne vaut mieux pas. Je l'écoute alors. Je ne sais pas ce qui se passe. Je ne sais pas où il m'emmène. Je ne sais pas pourquoi tout ça arrive. Et en plus il faut que ça survienne lorsque mes parents sont partis, bien sûr ! Je dois avoir la poisse en ce moment. Bien que je ne me plaigne pas d'avoir eu l'opportunité de revoir mon apollon aux yeux océans. Je me force à prendre de grandes respirations afin d'éviter une potentielle crise d'angoisse. Au bout de quelques minutes, le rythme de la course s'affaiblit et je me risque alors à lever les yeux sur son visage. Je ne sais pas encore s'il est mon sauveur ou mon bourreau, tout ce que je sais, c'est que son visage possède à mes yeux un côté angélique par son côté pâle et clair notamment. J'observe la cicatrice sur son front. Je me demande bien comment il s'est fait ça. Mon regard descend ensuite inéluctablement vers sa bouche. Ses lèvres m'appellent à nouveau. Je dois me faire violence pour détourner mon regard de celles-ci. Je dois me calmer. Cela ne m'était jamais arrivé auparavant. Je me trouve stupide de fantasmer sur quelqu'un que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. C'est ridicule, enfantin, je dois me reprendre car ce n'est pas mon genre de faire ce genre de choses. Il s'arrête soudainement et baisse les yeux vers moi en me déposant. Je détourne vivement le regard, afin qu'il ne puisse pas voir que je rougis.
–Tu vas bien ?
Je réfléchis un instant. Que lui répondre ?
–Je... Oui. Enfin, non. Je ne sais pas. Je ne comprends pas ce qui vient de se passer.
Confuse, je regarde l'endroit autour de nous. C'est tellement magnifique que j'en oublie de lui demander de me fournir des informations sur la situation. Apparemment, nous sommes toujours dans la forêt. Une sorte de petit lac nous fait face. Contrairement à ce que je pensais, l'eau n'est pas si sale qu'elle aurait dû l'être. Je m'approche doucement, afin de ne pas effrayer les petits oiseaux qui s'y abreuvent. L'eau est bel et bien quasi translucide. Il n'y a aucune végétation au fond. Non, à la place s'y trouvent des galets tout lisses et gris, comme ceux qui bordent l'étendue d'eau. On pourrait carrément s'y baigner, en s'assurant bien sûr qu'aucun poisson n'y nage. Je me retourne et tombe face à une petite maison magnifique. Du côté gauche, celle-ci est recouverte d'un bois noble. Quant au côté droit, c'est entièrement vitré. Je n'avais jamais vu une maison aussi belle que celle-ci. Elle allie le moderne au rustique d'une façon si exceptionnelle ! De plus, j'ai toujours adoré les vitres. Plus il y en a, mieux c'est. L'intérieur doit être actuellement baigné de lumière. J'y distingue faiblement du mobilier ultra moderne, ce qui m'étonne encore plus, vu l'endroit. J'expire bruyamment en regardant autour de moi. Je suis subjuguée. Mon côté professionnel et passionné reprend le dessus et je m'écarte momentanément du jeune homme afin d'immortaliser l'endroit dans mon boitier.
–Cet endroit est à couper le souffle.
–T'étais jamais venue ici ? me demande-t-il, surpris.
–Non. Je n'arrive pas à croire que j'habite dans cette ville depuis bientôt vingt-deux ans et je ne suis jamais venue visiter cet endroit.
–Je dois aussi t'avouer que c'est un endroit assez reculé et secret que seuls les habitants de cette maison connaissent, me raconte-t-il en faisant un geste du menton vers le bâtiment.
–Ils en ont de la chance... répliqué-je.
Et soudain, sa phrase me revient en tête.
–Attends. Ça veut dire que...
Il fourre ses mains dans les poches de son jeans et hausse les épaules.
–Tu habites vraiment dans cette maison ?! lui demandé-je émerveillée.
–En fait, c'est ma maison de vacances. Je la partage parfois avec de la famille aussi, comme en ce moment. Viens, je vais te les présenter.
Il a une maison de vacances ! Ça, c'est la classe. Il attrape ma main, presque trop naturellement et s'élance vers le chalet. Je dois presque trottiner afin de le suivre. Sa main s'imbrique bien trop parfaitement dans la mienne. Sa poigne est ferme, mais douce à la fois. Sa peau est douce. Son parfum, enivrant. Ça y est, je digresse à nouveau. Il faut impérativement que je me reprenne. J'inspire grandement, profitant de cet air merveilleux qu'est celui de la nature mélangé à son délicieux parfum avant de m'engouffrer à l'intérieur. Sur le pas de la porte, il s'arrête et plante son regard dans le mien.
–Prête ? me lance-t-il d'un air narquois.
Je fais la grimace et l'interroge du regard.
–Euh, prête pourquoi ?
Il pince ses lèvres et fait voyager ses yeux un peu partout, symbole de sa réflexion.
–Pour rien. Tu verras, me répond-il ensuite.
Ça ne me dit rien qui vaille...
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Mon ange [terminée]
RomantizmEmmy, 21 ans, fraîchement diplômée, s'apprête à arpenter le monde à la recherche des plus beaux clichés de la nature. Elle a tout pour être heureuse : des parents attentionnés et en bonne santé, un diplôme dans le domaine qu'elle préfère, une belle...