Chapitre 3

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Je me retrouve dans mon hall seule, confuse, déboussolée. Je me repasse les évènements mentalement Quelle étrange rencontre. Sam... Je me demande si c'est son prénom ou un diminutif. Samuel, Sammy, Samir, ou même Samantha ! Mon humour stupide m'arrache un sourire en coin. Je retourne dans le salon et arpente la pièce de long en large. J'ai besoin de me vider la tête. Je réfléchis et opte pour une sortie photo dans le coin. Les petites bêtes sont de sortie, les arbres sont fleuris, c'est parfait. Je rassemble donc mon matériel dans un sac à dos et m'en vais à la conquête de belles images. Je m'engage dans ma rue et réfléchis à un endroit où aller. Comme rien ne me vient à l'esprit, je vagabonde le long des prairies. Je traverse la forêt, convaincue que je pourrai en tirer quelque chose, ce que je fais d'ailleurs. Une petite rivière la traverse, ce qui lui confère encore plus de charme. Je prends beaucoup de clichés, la lumière matinale se répercutant parfaitement à travers les branchages des arbres. Je suis convaincue que j'aurai de nouvelles superbes photos à poster dès ce soir. Je vagabonde ainsi pendant bien une demi-heure avant de sortir de l'autre bout de la forêt. Quelque chose attire mon regard au loin et je constate en m'approchant qu'il y a un rassemblement, à moins d'un kilomètre. Je m'avance donc jusque-là. Peut-être y aura-t-il quelque chose qui satisfera ma curiosité. Plusieurs camionnettes de chaînes régionales et nationales sont arrêtées en plein milieu de la petite route qui longe les prairies. C'est justement au milieu de l'une d'elle que j'aperçois, en me rapprochant des journalistes, un cratère de quelques mètres de profondeur. Je commence à prendre quelques clichés, de loin et je me rapproche ensuite. Je fais immédiatement le lien avec la boule orangée qui a traversé le ciel hier soir. Elle a dû s'écraser ici. Pourtant, il n'y aucune trace de météore, de rien du tout. Or, c'est certain, quelque chose s'est bel et bien écrasé ici. Pourquoi est-ce que ça ne serait pas des extraterrestres ? Des frissons me parcourent le corps instantanément. Je refuse d'y croire. Je tends l'oreille afin d'entendre les premières hypothèses des journalistes. La Nouvelle Heure présente ceci comme étant l'œuvre d'une petite météorite qui arrivait si rapidement qu'elle s'est entièrement disloquée en atterrissant. ETxplore affirme qu'une soucoupe volante se serait écrasée ici, et que les aliens auraient appelés des renforts afin de nettoyer la zone et repartir comme si de rien n'était. Quant au petit journal local, il ne se prononce pas encore et se contente de décrire le cratère. Il ferait apparemment dix mètres de diamètre et deux mètres de profondeur. Tous sont néanmoins d'accord sur une chose : ce n'est pas normal et aucun astronome n'a su le prédire. Un autre bruit attire mon attention. Il s'agit d'une grosse berline noire qui arrive en trombe et se gare à côté des journalistes. C'est un homme en costume cravate qui en sort, côté passager, accompagné de son chauffeur ou plutôt son garde du corps, vu la carrure de ce dernier. L'homme a la cinquantaine, les cheveux gris, est grand et svelte. Son regard est sombre et il me fiche instantanément la chair de poule. Il s'agit sans aucun doute d'un homme important. Il balaie l'endroit, et plante ses deux iris bruns, presque noirs, sur moi pendant un moment qui me semble durer une éternité. Il étrécit les yeux et fronce les sourcils. Il paraît contrarié. Ma respiration s'accélère. Il commence à sérieusement me faire peur. Qu'est-ce qu'il me veut ? Voyant que je le dévisage ouvertement moi aussi, il reporte toute son attention sur les journalistes. Il s'avance vers eux. Quant à moi, je m'éloigne à reculons. Il ordonne aux journalistes de couper les caméras. Ceci fait, il leur glisse quelques mots et ceux-ci commencent à montrer des signes évident de stress. À force de les expérimenter, je les reconnais. Regard fuyant, lèvres pincées que l'on mord, mains qui gesticulent, balancement d'un pied à l'autre, etc. Il doit vraiment être quelqu'un d'important. Les journalistes remballent aussitôt leur matériel et s'empressent de déguerpir. Je me retourne et presse le pas, jusqu'à trottiner. Mon intuition me souffle de fuir, de prendre mes jambes à mon cou et de m'en aller illico de là. Cet homme respire le danger à plein nez. Mais, ce n'est pas le genre de danger excitant qui amène de la bonne adrénaline, non, c'est le genre de danger qui vous font vous retrouver dans la tombe. Je le sens. Je le sais. J'entends une voix m'appeler au loin :

– Mademoiselle !

Je ne sais pas si c'est lui ou un journaliste et je ne souhaite pas le savoir. Je presse le pas, jusqu'à me retrouver entrain de courir. Je m'engage dans le bois et tente d'éviter du mieux que possible les racines qui dépassent de la terre ainsi que les branchages assez bas qui risquent de me fouetter le visage à tout moment. Et soudain, je le vois. Lui. Le jeune homme de tout à l'heure. Tête baissée, poings fermés. Là, dans la forêt, à moins de dix mètres de moi. Il porte cette fois-ci une chemise noire comme le ciel lors d'une nuit sombre, ainsi qu'un jeans de la même couleur. Il est pieds nus et je me demande pourquoi. Je m'arrête brusquement et me retourne. Je vois au loin l'homme en costume se rapprocher. Il crie quelque chose mais il est trop loin pour que je ne l'entende. Je suis coincée. Sont-ils de mèche ? Que me veulent-ils ? Je suis coincée. Je songe à m'enfuir par le côté mais Sam vient à la vitesse de l'éclair à ma rencontre. Il me tend sa main et me fixe de ses yeux bleus.

–Alors, tu viens ?

Je le regarde, les yeux exorbités. Comment savoir si je peux lui faire confiance ou non ? C'est insensé...

Mon ange [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant