1. Le Chaudron m'en fait baver

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Ils avaient marché. Longtemps, très longtemps. Ils s'étaient éloignés des Dursley. Beaucoup mais pas assez. Puis, à bout de force, et à la limite de leur territoire, ils s'étaient arrêtés, juste devant une aire de jeu. C'était celle où Rose s'était rendue tout l'été. L'ambiance était lugubre, incitant aux pires cauchemars et aux grandes peurs des petits enfants au surplus d'imagination. Mais Rose n'avait pas peur. Pas avec Evans. Alors Rose s'élança d'un pas sautant vers la balançoire, effleurant le tourniquet du bout des doigts. Celui-ci se mit à tourner, lentement, alors que Rose s'asseyait confortablement et commençait à se balancer. Le tourniquet tournait de plus en plus vite et elle allait de plus en plus haut, sous le regarda attentif et attendri de son frère. La balançoire à côté d'elle bougeait aussi, mais plus lentement, comme si une âme en peine, essoufflée de toute cette douleur, essayait d'y oublier son mal.

Des petits gloussements ravis s'échappèrent des lèvres de Rose. Elle était loin des Dursley. Ses jambes gigotaient au rythme du balancement, la tête penchée en arrière pour être mieux grisée par la sensation. Le ciel avait cet étrange gris qu'il avait toujours lorsqu'il était couvert de nuages et qu'il faisait nuit.

- Ne fais pas ça, l'avertit Harry avec un sourire.

- Et pourquoi pas ?, rétorqua Rose en lui rendant son sourire.

Elle bascula en arriéré puis repartit en avant, le bout de ses doigts la démangeant d'une chaleur agréable. La balançoire atteignit le summum de sa hauteur dans un grincement épuisé et les doigts de Rose se détachèrent des chaînes rouillées. Son corps partie en avant, soulevée par un pouvoir invisible : la gravité. Rose inspira profondément l'air frais, qui s'engouffra dans ses poumons alors qu'elle fermait les yeux. L'heure de vérité avait sonné : soit elle tombait et se fracturait le coccyx, soit elle restait en suspension et redescendait lentement au sol.

La vérité se fit plutôt aimable, sur ce coup là.

Rose ouvrit en grand les yeux, ne sentant aucune douleur. Elle flottait ! Elle étira grand les bras et les jambes en un :

- TAAAADAAAAAAAA !

Triomphant. Rose était euphorique. Elle qui grelottait de froid il y a quelques instants était à présent envahie d'une douce chaleur. Ça n'était pas que dû à celle que propageait le sourire d'Harry. Il y avait Evans, aussi. Il y aurait toujours Evans. Et elle aurait aimé qu'il y ait Héloïse. Rose perdit instantanément son sourire, le visage pâle d'Héloïse surgissant dans son esprit. Avec ses veines noirs qui transperçaient sa peau... Rose en faisait des cauchemars. Toutes les nuits. Peut-être sa peur était-elle si forte parce qu'elle voulait ignorer la vérité. Rose redescendit doucement au sol, sans même s'en rendre compte. Le tourniquet et les balançoires ne bougeaient plus d'un pouce. Harry l'invita d'un tapotement au sol à s'asseoir à ses côtés et c'est ce qu'elle fit, laissant tomber sa tête sur son épaule alors qu'il lui frottait le dos. C'était presque réconfortant.

Presque.
Héloïse... Pourquoi Rose refusait d'admettre la vérité ?

- Harry ?, dit-elle en relevant sa tête vers lui.

- Oui ?

- Je suis sûre que t'es même pas cap de faire comme moi sur la balançoire, le mit-elle au défi en lui tirant la langue, se relevant fièrement, les mains sur les hanches.

- Même pas vra..., entama Harry en se levant à son tour.

Mais il ne finit jamais sa phrase, enfin, son mensonge, car les buissons en face d'eux gigotèrent. Le lampadaire clignota alors nerveusement et Rose lui lança un regard inquiet, une main dans sa poche. Celle où il y avait sa baguette, évidemment. Elle se tourna vers les buissons et frissonna en entendant les manèges grincer derrière elle. Ce n'était ni sa magie, ni Evans qui produisait ça. Un chien jaillit des buissons, haletant. Sa fourrure noire était emmêlée et un grognement monta de sa gorge alors que Rose rangeait sa baguette en souriant :

Rose Potter et le Prisonnier d'AzkabanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant