Rose Potter et le Prisonnier d'Azkaban

15. Tomber de haut

Rose n'avait pas franchement envi d'assister au match de Quidditch. Une terrible angoisse nouait le nœud dans son ventre et elle se sentait malade. L'arrivée du froid qui faisait tomber les feuilles et le ciel morne ne l'incitait pas non plus à sortir. Rose avait froid de la tête aux pieds et se sentait nauséeuse. Pourtant, elle était dans les gradins des Serpentards, coincée entre Blaise et Pansy, qui hurlaient de toutes leurs forces. Ça aussi, ça ne l'avait pas franchement motivé à sortir. Rose avait l'impression que sa tête allait exploser.

Après avoir vu un balais en feu et un autre se rétamer au sol, Rose commençait un peu à s'inquiéter pour Harry, disparu dans la brume épaisse des nuages. Le vent soufflait dans ses oreilles et la malmenait alors elle n'osait imaginer ce que c'était sur un balais. La pluie tombait sur leur cape et les alourdissait. Rose commençait à ressentir le froid de plus en plus en plus violemment et, elle qui grelottait au début, tremblait désormais de tous ses os. Le tonnerre grondait, affolant le cœur de Rose. Son ventre lui faisait vraiment mal.

Théodore, assis à côté de Malefoy, ne la lâchait pas des yeux.

Un nouvelle éclair tonna et il sembla à Rose distinguer la forme d'un chien dans les nuages. La forme d'un Sinistros. Sa gorge se noua et elle s'agrippa à la rambarde des gradins. Elle tremblait, tremblait, toujours plus fort, tellement qu'elle avait du mal à tenir debout. Quelque chose martelait sa tête. Un cri.

Le cri.

Ce fut à ce moment-là qu'une masse difforme et noire chuta du ciel, malmenée par les éléments, et que le cri s'intensifia au volume maximum dans le crâne de Rose. Le monde vrilla alors qu'elle serrait la rambarde de toutes ses forces, et alors que la foule poussait des exclamations affolées, elle l'entendit.

Son cœur.
Boum.

Une vague de chaleur monta en Rose, aussi brûlante que la lave, alors qu'une onde de choc s'échappait de son corps. Pour une seconde, le monde cessa. Il ne vivait plus, il ne respirait plus. Pas un souffle. Pas un cri. Et ce corps, suspendu dans les airs en face d'elle. Comme porté par une main divine, il flottait lentement vers le bas. Le silence la frappa, un song aïgu vrilla ses oreilles, et Rose, qui retenait son souffle depuis un moment, inspira lentement. Et le monde repartit. Les gradins en délire, le cri désespéré d'Hermione. Et...

- Harry, comprit Rose en se précipitant hors des gradins.

Elle dévala les escaliers à une telle vitesse qu'elle manqua une nouvelle fois de tomber et débarqua sur le terrain de Quidditch juste à temps pour voir son frère s'écraser au sol alors que Fred et George fonçaient vers lui pour le rattraper. Ses yeux s'écarquillèrent et elle marqua un arrêt, abasourdie.

Il n'était pas... Il n'était pas...
Il n'était pas... ?

*

Non, il ne l'était pas.
Agglutinés autour de son lit, les jumeaux Weasley, Hermione, Ron, Neville, Seamus, et à peu près toute l'équipe de Quidditch, attendaient avec Rose qu'Harry se réveille. Son cœur battait encore à toute allure dans sa poitrine. Pendant un moment elle avait vraiment cru qu'il l'était. Et Rose s'était rappelée une fois de plus qu'il ne serait pas là éternellement.

- Il n'a pas très bonne mine, se désola Ron.

Rose releva un regard noir sur lui alors que Fred répliquait :

- Bonne mine ?

- Qu'est-ce que tu espérais ? Il a fait une chute de 30 mètre !, caqueta Georges.

- Viens Ron ! Tu vas sauter de la Tour d'Astronomie !

- Tu verras comment tu seras !

- Il sera sans doute plus beau à regarder..., coassa Harry d'une petite voix.

La main de Rose, qui tenait fermement celle de son frère, passa immédiatement en mode broyeur alors qu'un sourire rassurant s'installait sur ses lèvres tandis qu'elle mitraillait encore du regard Ron. Il valait mieux instaurer les choses en douceur... La réflexion mal placée de Ron l'avait mise en rogne et elle avait besoin de passer ses nerfs sur une victime... Pardon, sur Ron. Koff koff.

- J'en serais pas si sûre, lança-t-elle, provoquant un éclat de rire général alors qu'elle aidait Harry à se relever avec précaution :

- Doucement ! Ça va ? Tu as mal quelques parts ? Tu veux de l'eau peut-être ?, l'assaillait Hermione, au moins aussi inquiète que Rose,

Harry lui adressa un regard perdu et Rose sentit son cœur fondre d'une tendresse inhabituelle. Elle se mit à caresser sa chevelure brune alors qu'Hermione poursuivait son interrogatoire :

- Comment tu te sens ?

- Oh, génial, répondit Harry.

Rose ricana. Si il avait pas perdu son sens de l'humour c'est que ça allait.

- Tu nous as fait une belle peur mon vieux, fit Fred.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Détraqueur, chute, t'as failli mourrir, Dumbledore t'a sauvé et il est franchement pas content.

De nouveaux des mensonges.

- Hein ?!

- Ce que Rose veut dire, c'est que tu es tombé de ton balais à cause d'un détraqueur et que Dumbledore t'a sauvé de la chute.

- C'est vrai ? Et... Et le match, qui a gagné ?

Une expression douloureuse vint peindre les traits de Rose. C'était ça, le pire dans l'histoire quand même... Les autres s'échangèrent des regards gênés, ne savant pas comment présenter la situation à Harry.

- Hum. Personne ne t'en veut Harry, commença diplomatiquement Hermione. Les détraqueurs ne doivent pas entrer dans l'enceinte de l'école. Dumbledore était furieux.Juste après t'avoir sauvé il les a chassé.

Harry ne répondit rien mais son expression en disait bien assez. Perdre contre les Poufsouffles, ça faisait mal, même si leur nouveau capitaine, le beau Cédric, avait un certain talent.

- Il y a... Encore une chose qu'il faut que tu saches, s'avança Ron d'un pas, hésitant.

Il souleva la toile de soutien faite par des supporters qui contenait des débris de bois :

- C'est... Quand tu es tombé de... De ton balais il s'est... s'est envolé jusqu'au Saul Cogneur et..., continua Ron en ouvrant un peu la toile. Bref, il est..., conclut-il maladroitement en montrant un bout de bois.

Cette dernière nouvelle acheva Harry, qui en fut plus que peiné. Il fallait dire que son nimbus 2000 était un beau balais, et un précieux cadeau du professeur McGonagall. Aussi Rose passa le reste de la journée avec lui, et l'aida même pour leur terriblement long devoir de défense contre les forces du mal. Elle était rassurée, cependant. Si elle s'était sentie aussi malade, c'était à cause de la présence de détraqueurs... Mais, pourquoi avait-il cet effet là sur eux et pas sur les autres ? Même Malefoy s'en sortait mieux qu'elle.

Malefoy...