ET SI ON S'AIMAIT ?

Chapitre 17: 2/3 LEA

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LEA

Je laisse rentrer l'air dans mes poumons. L'air me brûle la gorge mais je savoure cet air bienvenu. Mes yeux sont écarquillés, fixés au plafond délabré de cette grange infecte. Je respire l'odeur de sang, de sueur et une légère odeur de foin. Lointaine, très lointaine. J'écoute les sons autours de moi. Rien, pas un bruit. Je suis seule. Kyle est parti. Un éclair de lucidité me fais réaliser que c'est le moment ou jamais. Je dois sortir d'ici maintenant. L'adrénaline me saisit et me fais me relever tant bien que mal. Je n'ose même pas poser le regard sur mon corps meurtris qui gardera à vie les séquelles de mes tortures. Je prends appuis sur mes deux mains et tente de me mettre sur le côté. Je grimace de douleur tant chaque mouvement est un supplice. Je serre les dents au mieux que je peux. Ma mâchoire doit être fracturée au vus de la douleur indescriptible que je ressens. Je prends une grande inspiration et tente de me mettre debout. Je tombe aussi vite que je me suis relevée. Ma cheville me fais pousser un gémissement terrifiant. Les larmes montent. Je ne vais pas pouvoir marcher... Je dois trouver quelque chose pour m'aider.

Mais oui c'est ça !!! Léa la fourche !!

Ca ne fait qu'un tour dans mon esprit. Je rampe au sol, mon corps s'écorchant sur chaque brin de foin en direction de la fourche qui est toujours accrochée, suspendue au mur. Je tente de la faire tomber et y parvient après trois essais. Jamais deux sans trois !

Oui je conserve un brin d'humour même maintenant toujours pour contenir la folie et l'évanouissement qui n'attends qu'un relâchement de ma part pour prendre le dessus. J'attrape la Fourche et m'en sers d'appuis pour me relever. Ma cheville est noire... Ca sent pas bon, je vais devoir trouver une solution mais je n'en ai aucune. Je ne peux pas perdre plus de temps je dois partir. Je tente de me diriger vers la porte au fond mais la douleur me fais faire petit pas par petit pas. Je sais que j'en demande trop à mon corps. Je sais qu'il a supporté bien plus qu'il n'aurait jamais dû supporter. Mais s'il te plaît petit corps... Tiens nous encore un peu en vie tous les deux. Je puise toute la force qu'il me reste et avance encore et encore. Ces trente mètres m'en paraissent milles. Je suis à bout de souffle mais j'aurais le temps plus tard de respirer plus calmement.

Je parviens enfin à la porte, en nage et complètement vidée. Je ne dois rien relâcher. Je tente de regarder à travers les planches en bois de la porte suffisamment espacées pour laisser filtrer la lumière de dehors. Je ne vois que du vert devant moi. Un champs d'herbe verte. Je prends une grande inspiration et tends l'oreille. Rien... Je crois que je peux y aller. Je pousse la porte aussi silencieusement que possible et m'aide de celle-ci et de la fourche pour avancer. L'air du dehors me souffle au visage comme une bouffée magique. Mes narines se dilatent tant elles respire l'odeur de la vie. La lumière quand à elle me brûle la rétine. Mes yeux se mettent à pleurer, seul, silencieux. Je vois le ciel bleu azur sans nuage à perte de vue devant moi. Le vert riche et puissant de l'herbe qui plisse sous la caresse du vent. C'est la plus belle chose que je vois depuis mon enlèvement. Un bruit de moteur m'arrache à ma contemplation. L'adrénaline me monte au cerveau. Je me glisse derrière la porte et tente de regarder derrière le mur ce qu'il se passe. Le camion de Kyle vient de se garer derrière la grange.

Je suis foutue !! Je dois m'enfuir ! Sinon il me tueras.

Léa reste calme et réfléchis. Il n'est pas encore sorti du camion alors passe de l'autre côté du mur et sauve-toi pendant qu'il te cherchera. Ca te laisseras quelques minutes pour espérer t'en sortir mais tu auras au moins ces quelques minutes de plus. Juste quelques minutes de plus.

J'attends qu'il sorte du camion et qu'il se dirige d'un côté pour passer de l'autre. Je me traîne aussi vite que possible en direction du camion malgré la douleur insoutenable qui me perce tout le corps. J'y parvient à peine lorsque j'entends un hurlement démoniaque émaner de la grange. Ce son gutturale et animal me glace les os. Mon instinct de survie s'active automatiquement. Je m'élance de toute mes forces sur la portière tout en priant pour qu'elle soit ouverte. Seigneur aide moi s'il te plait ne me laisse pas tomber.

Je m'apprête à m'engouffrer à l'intérieur quant deux mains m'agrippe les cheveux violement.

- Tu pensais pouvoir t'échapper ! Espèce de Salope !

Il me jette à terre comme si je n'étais rien. Mes os se brisent au sol. Ma tête se fracasse contre l'herbe. Il m'assène un coup de pied d'une violence sans nom dans l'abdomen. Je me recroqueville sur moi-même attendant le prochain coup qui arrive presque aussitôt. Mon corps n'en supporte pas plus. Le second coup à raison de moi. Je tombe dans l'inconscience dans un noir complet.

-REVEIL TOI !

Un seau d'eau glacée me ramène brutalement à la réalité. C'est la première fois que j'ai de l'eau depuis plusieurs jours même si elle ne m'est pas donnée en bouche directement. Je savoure la sensation de l'eau qui ruissèle sur mon corps sale et transpirant. Le sang séché qui couvre ma peau se mêle à l'eau et coule le long de celle-ci. Je baisse les yeux et vois avec effroi les dégâts... Mon corps est noir de bleu. Les lacérations sur mon ventre et mes cuisses sont plus nombreuses que la dernière fois que je me suis vus. Je me sens tellement faible. Ma vue est trouble, mon œil droit ne voit plus grand-chose, ma gorge est sèche, mes oreilles bourdonnent, ma mâchoire est complètement anesthésiée par la douleur. Je ne sais toujours pas combien de temps je suis ici. Je me rappel vaguement avoir tenté de m'échapper à mes dépends. J'y étais presque... Mais je suis de nouveau suspendue par les poignets. Je tangue entre conscience et inconscience. Je tente de rester consciente mais mon corps ne me le permet pas. Si Kyle me frappe encore je ne tiendrais pas. Mon corps est à bout de force. Je suis un pauvre lambeau de chaire. Même si je m'en sortais vivante, mon corps ne s'en remettrais sûrement jamais... Mais de toute façon, qui pourrais bien venir me sauver ? Personne ne sait où je me trouve et au vus de ce que j'ai vus dehors nous sommes dans un endroit reculé. Je vais mourir ici. Kyle ne vas pas me garder indéfiniment. J'ai déjà de la chance qu'il ne m'ais pas encore tuée. Enfin ... De la chance... Je ne sais plus si c'est de la chance ou si justement j'aurais préférer ne plus être de ce monde après tout ce que j'ai reçus...

Réfléchir à tout ça me permet de rester le plus possible consciente. Je me rassure comme je peux mais je suis morte de peur. Forte que je me disais... Je ne suis ni forte ni rien du tout. Je n'ai fais que traverser la vie sans me voir vraiment ni m'aimer réellement. J'ai tellement mal débuter sur cette terre... J'aurais aimé voyager, j'aurais aimé ouvrir ma propre librairie, j'aurais aimé être aimé, me marier et par-dessus tout... Avoir des enfants. Tous ces rêves volés. Pourquoi ? La folie d'un malheureux ? Je ne lui en veux même pas. J'embrasse à peine à présent les lèvre de la mort et je n'ai plus ni colère ni rancœur au fond de moi. La peine m'a quittée en même temps que ma colère. J'ai envie de me laisser bercer lentement. J'ai essayé, je vous jure je me suis battue. J'ai résisté. J'ai tenté de m'enfuir malgré la souffrance... Je n'ai pas eu assez de force. Peut-être dans une autre vie qui sait. Je vais bientôt rejoindre mes parents si peu connus. Si longtemps séparés. J'attends de recevoir leurs étreinte, de les serrer contre mon cœur et d'observer de loin ce monde si complexe. J'ai essayé Jared. Vraiment... Je vais venir te retrouver dans peu de temps. J'espère que tu n'as pas souffert, que tu n'as rien sentis lorsque les flammes de l'explosion ont léchées ton corps et t'ont emportées. J'aurais voulus te savoir loin. Je n'aurais jamais dû venir m'excuser. Je n'aurais jamais dû t'inclure dans ma vie... Je t'ai aimé si fort en si peu de temps ça oui, je le sais au fond de moi aujourd'hui. Je t'aime. Je t'aime et je compte bien te rejoindre.

Les larmes qui coulent le long de mes joues entraîne avec elles les dernières traces de remords et de regret qui me hante. Je me laisse enfin aller. Mon esprit est calme. Le bruissement de la brise dehors est si doux que je le perçois à peine. Je me laisse bercer par son rythme lent et mesuré.

- CLIC !

Ce son me fait sursauter. La porte s'ouvre brusquement. Kyle est revenu ! Ca y est... Maman, papa, Jared... J'arrive.

- LEA !!!!!!!!!!