Tout recommencer

Chapitre 31

Mon sang se glaça. Mon cœur s'arrêta. Et pendant une fraction de seconde, mon cerveau n'était plus en état de marche. Je m'étais trompée, il ne dormait pas. Puisqu'il se tenait debout devant moi, uniquement vêtu d'un jogging et tenant un verre dans la main. Voyant que je ne répondais pas, il ajouta :

- Déstresse, je juge pas.

Un sourire niait se colla à son visage. Qu'est-ce qu'il avait vu ou bien même entendu ?

- Depuis quand t'es ici ? demandai-je.

- Techniquement, depuis le début de la soirée, mais si tu veux vraiment savoir, assez longtemps pour avoir entendu votre conversation. Quelle idée de laisser la porte ouverte.

Il se dirigea vers la cuisine ouverte tandis que je me décollais peu à peu de la porte. Je retirai ma veste et la posai sur une chaise.

- T'inquiète pas, enchaîna-t-il. Je ne dirai rien à Em.

- Il n'y a rien à dire.

Il haussa un sourcil tout en s'appuyant sur le plan de travail, l'air de dire que ça ne servait à rien de gaspiller mon énergie en faignant l'innocence.

- T'en es sûre ?

Je me sentis rougir sans le vouloir. Ça ne servait à rien de nier. De toute façon il avait tout entendu.

- Et de ce que j'ai compris ça ne date pas d'hier.

- Oula calmos, c'est pas du tout ce que tu crois ! me défendis-je.

Je le rejoignis et me servis un grand verre d'eau. Il me fixa, attendant probablement que je m'explique.

- Il ne s'était absolument rien passé avant, du moins pas comme tu le penses.

- Hmmm, fit-il tout en me laissant seule dans la cuisine pour aller s'assoir sur le canapé, devant la télé qui était déjà allumée.

Je me plantais entre l'écran et lui. Il lâcha un soupir.

- Je te jure, dis-je les mains sur les hanches. Et puis je ne vois même pas pourquoi on parle de ça, ça ne te regarde pas.

Ma vie privée ne le concernait en aucun cas. Je commençai à partir lorsqu'il ajouta :

- C'est toi qui t'emportes pour un rien. Et de toute façon je le savais déjà.

Je me replaçai à l'endroit exact où je me trouvais quelques secondes plus tôt. Assez déconcertée par ce que je venais d'entendre.

- Comment ça ?

- Je me demandais juste quand t'allais craquer.

- Mais de quoi tu parles à la fin ? m'énervai-je.

- Jake m'a tout raconté. Je t'ai dis qu'on était pote. D'ailleurs il culpabilisait de t'avoir embrassé alors que t'étais bourrée. Même s'il est vrai que parfois, c'est difficile de te faire taire.

Non mais je rêve ! Il le savait depuis tout ce temps et il ne m'avait rien dit. Honnêtement je ne savais plus quoi dire. Désormais seul le son de la télé transperçais la pièce plongée dans une atmosphère pesante. Je m'apprêtai à répliquer lorsqu'il ouvrit la bouche.

- Tu sais, fit Matt presque en chuchotant. C'est pas parce qu'au début tu ne l'appréciais pas que tu ne peux pas changer d'avis. Après je dis ça je dis rien.

Il s'allongea tranquillement dans le canapé, me faisant comprendre que je gênais un peu. Je partis alors dans ma chambre, me remémorant ces dernières paroles. Je rentrai dans la pièce avant de m'affaler sur mon lit. J'en pouvais plus. Après avoir rassemblé le peu de force qu'il me restait, je me redressai et partis prendre une douche puis me glissait sous mes draps froids. Etonnement, je ne mis pas longtemps à m'endormir.