Ondulys, Tome 1 - Les Souffleurs de Nuages [Terminé]

Chapitre 11

      - Cahya ! Sors de ta cachette, je sais que c'est toi !

Eldric, rouge de colère et de fatigue, venait de passer l'arche du village, chargé comme un mulet.

     - Cahya ! Montre-toi ! hurla-t-il sans contrôler sa rage.

Féline, la jeune femme à la peau mate et aux longs cheveux noirs sortit de derrière une colonne de granit avec un grand sourire. Elle s'avança en direction de Ric sans prêter attention aux messes basses des passants.

     - Eldric, mon aimé ! La route a été bonne ? dit-elle en basculant ses cheveux d'un côté de sa tête pour les réunir en une longue tresse.

Ondulant tout son corps à chacun de ses pas, elle se pavanait en sautillant gaiement.

     - Arrête de faire l'enfant, Cahya ! gronda le jeune homme.

Cahya couru vers le beau voyageur et lui sauta au cou. Il la rattrapa de justesse, une main sous les genoux, l'autre derrière le dos. Exactement ce qu'elle attendait de lui. Satisfaite, elle caressa langoureusement le torse du jeune homme avant d'émettre un commentaire :

     - Ton odeur de transpiration m'avait manquée... Et ces muscles... hm, ces muscles aussi beaucoup ! Et si je fais ça, tu me traiteras toujours d'enfant ?

Elle approcha ses lèvres du cou du jeune homme pour lui décocher un baiser transi d'excitation.

Ric levait les yeux au ciel pendant que la jeune femme se rinçait l'œil.

     - Pourquoi as-tu fait ça ? continua-t-il en la jetant au sol.
     - Tu n'aimes pas mes lèvres ?! se vexa Cahya en fronçant les sourcils.
     - Je ne parle pas de ça et tu le sais très bien !
     - Je voulais juste jouer un peu avec toi ! Comment est-ce que je pouvais deviner qu'après n'être parti que quelques jours, tu reviendrais avec... ça ? lâcha-t-elle, écœurée, en pointant du doigt l'entrée d'une maisonnée, de laquelle dépassait la tête d'Evaëlle.

A peine avait-il eu le temps de jeter un œil vers la porte qu'il l'entendait déjà claquer.

Les habitants du village, peu surpris par les éclats de Cahya qu'ils connaissaient bien, prêtaient peu attention à ce qu'ils se disaient. Ils n'avaient pas vraiment intérêt à se mettre en travers de son chemin... Enfin, la plupart d'entre eux seulement. Certaines femmes âgées, adeptes des commérages, n'en loupaient pas une miette. Elles étaient admiratives du comportement de Cahya et s'étonnaient qu'elle n'ait pas déjà explosé.

La jeune femme tournait autour de Ric comme un fauve autour de sa proie. Elle ne se gênait pas pour laisser balader ses mains sur le corps du jeune homme qui tentait malgré tout de garder son sang-froid.

     - Lâche-moi, Cahya, menaça-t-il sèchement.
     - Quoi, cette femme débarque et tu m'oublies déjà ? se lamenta-t-elle avec un rictus mauvais.
     - Il faudrait déjà que je m'intéresse à toi pour pouvoir t'oublier, pesta Eldric en repoussant la jeune femme d'un revers de main. Pour le reste, ça ne te regarde pas.

L'éblouissante jeune femme s'arrêta devant lui, la tête légèrement penchée, et plongea son regard au plus profond de ses iris noirs pour l'analyser. Une mine interrogatrice s'affichait sur son visage tandis qu'elle sondait littéralement son âme à la recherche de réponses.

Soudain, elle sursauta et recula d'un pas avant d'éclater de rire.

     - C'est elle, n'est-ce pas ?! railla-t-elle.

Le sourire qu'elle présentait s'étirait jusqu'à ses oreilles. Les yeux pleins de malice, elle lâcha :

     - Eh bien, mon pauvre Eldric, tu n'es pas sorti d'affaires ! Mais quelle bonne nouvelle pour moi !