Le chasseur et le soldat : Les invisibles

Le perron

Dimanche.Jour de repos par excellence.

C'est ce que maugrée Dean en remontant ses manches avec, à ses pieds, un seau de peinture et une boîte où se trouvent pèle-mêle pinceaux,rouleaux et papier de verre.

Il fixe le perron, mains sur ses hanches, avant de laisser un lent sourire se dessiner sur ses lèvres.

Qui aurait cru qu'un jour, lui, Dean Winchester se transformerait en Handy Mandy*, pro du bricolage.

Ces derniers mois, il a fait tellement de travaux dans cette maison que Charlie, qui n'y a plus mis les pieds depuis un an, en est restée bouche bée quand il l'a invitée à la pendaison de sa nouvelle crémaillère.

Il a fait réparer le toit. Puis tout repeint de la cave au grenier.Grenier qu'il a transformé en chambre de futur tonton, balançant,sarcastique, à son frère qu'elle ne serait probablement jamais occupée vu le peu de vigueur que mettaient ses spermatozoïdes à faire mumuse avec les ovaires de madame.

Il a aussi réaménagé le salon et la cuisine et transformé la chambre de Sam en bureau.

La seule pièce qui a échappé à l'ouragan étant sa propre chambre.

Aujourd'hui,ne lui reste plus que le perron, après quoi il pourra contacter son courtier en assurance pour faire réévaluer celle de la maison.

Et après ?

Cela fait près de huit mois qu'il a commencé ces fichus travaux, y investissant chaque dollar économisé. Histoire d'occuper son esprit entre deux chasses, se tuant à la tâche pour éviter que son cerveau ne parte en vrille.

Suite à l'histoire Digan et au savon magistral de Bobby qui n'a visiblement pas apprécié qu'on le prenne pour une bille, Dean a décidé de se bouger, de tourner enfin la page et d'avancer.

Seulement voilà, il doit bien avouer que son superbe plan des douze travaux d'Hercule version Winchester n'est clairement pas une réussite.Personne n'est dupe, lui encore moins qu'un autre.

Il n'arrive pas l'oublier et ça le ronge. Parce que rien de tout ça n'a de sens... Toute cette histoire est totalement irrationnelle, pour ne pas dire complètement absurde.

On ne peut pas décemment être sain de corps et d'esprit et se poser encore mille questions sur une relation qui n'en a jamais vraiment été une, après s'être pris le pire râteau de toute son existence, vies antérieures comprises...

Putain de karma.

Surtout que depuis ce fameux râteau, ce n'est pas de l'eau qui est passé sous les ponts, mais la mer entière.

Même si la douleur est moindre et les souvenirs éthérés. Même s'il ne pense plus à lui tous les jours et noie moins ses déprimes dans l'alcool. Il lui suffit de ramener un amant pour la nuit pour se réveiller le matin avec encore ce fol espoir que ce soit lui et non un inconnu couché à sa droite.

Depuis, Dean évite les plans cul masculin pour ne se concentrer que sur ses maîtresses, mais rien n'y fait.

Dean s'est découvert sur le tard plus gay qu'hétéro.

Putain de soldat.

Il soupire et se baisse pour attraper le paquet de papier de verre. Il est 10 heures. Sam a promis de passer l'aider dans l'après-midi.Il lui faut préparer le terrain avant et vu l'état de la peinture, défraîchie et écaillée, il va y avoir du boulot.