A hauteur d'homme

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Deux jours à traîner au bord de la piscine ou devant la télévision à ronger leur frein avant d'avoir enfin des nouvelles de Charlie. L'enquête sur le meurtre de Celia Barnes vient de connaître un nouveau revirement et, par la même, leur chasse. Qu'à cela ne tienne, ils décident de poursuivre celle-ci, Adigan et Bela étant toujours liés par contrat.


Direction Tallulah, à la frontière du Mississippi. Ils mettent moins d'une heure pour atteindre cette petite ville de moins de 8000 habitants, frappée par la crise, dont la majorité de la population, principalement afro-américaine, vit sous le seuil de pauvreté depuis qu'une tornade en à ravagé les terres, dix ans plus tôt.

Dean sent l'attention à la fois curieuse et méfiante des locaux qui s'attardent sur leur passage. Ce n'est pas tous les jours quedeux étrangers traversent leur patelin paumé, encore moins dans une voiture comme la leur, loin de passer inaperçue.

Voiture que l'aîné gare devant la façade rouge brique du bâtiment municipal qui sert de siège à la police locale.

Uneseule voiture de patrouille est parquée devant l'entrée.

Le soleil est haut et la chaleur moite du Sud imprègne leurs vêtements aussitôt le pied sur le bitume. Dean s'évente en tirant sur le bas de son T-shirt tout en jetant un regard oblique sur la rue quasi déserte. Il porte son holster et son badge à la ceinture.

"Ça respire la joie de vivre ici, dis donc ! ",balance-t-il en faisant le tour de la voiture pour rejoindre Sam sur le trottoir.


Ils franchissent le seuil du commissariat et sont accueillis par trois paires d'yeux. Tous policiers. Tous afro-américains.

Tous sombres quand ils notent leurs armes et leurs badges.

"Au moins, on ne pourra pas leur reprocher leur sens de l'hospitalité", pouffe Dean avant d'afficher un sourire contrefait. "Bonjour ", les salue-t-il.

"Dean ", le sermonne Sam, retenant mal son envie de rire.

L'homme derrière le comptoir se contente de les saluer d'un doigt sur le bord de la casquette.

"De mieux en mieux ", rajoute-t-il entre ses dents.

"La ferme... Laisse-moi faire ", le rabroue Sam en s'avançant.

"Avec plaisir ", en s'écartant pour se diriger vers le mur d'affichage où sont punaisées diverses affiches, allant d'un rassemblement d'anciens lycéens à la future fête municipale, en passant par la réunion des AA et, à moitié recouverte par celles-ci, un avis de recherche datant de... 1998.

Dean entend plus qu'il n'écoute son cadet. Il se doute qu'ils ne vont pas se faire des amis ici et que les policiers risquent de leur donner du fil à retordre. Les chasseurs de prime ont plutôt mauvaise réputation, encore plus dans ces petites villes tranquilles où rien, jamais, ne se passe.

Il balance un sourire bravache aux deux autres policiers, l'un en appui sur son bureau et l'autre enfoncé dans sa chaise. Dean jurerait qu'elle et lui ne font qu'un vu l'envergure du policier et ses fesses débordant de son assise.

Qu'importe,au moins, il peut profiter de l'air conditionné, tout en s'éventant une nouvelle fois. Il aperçoit le policier àl'accueil sortant une carte de sous le comptoir. Il se décide alors à rejoindre Sam.


"Dean... Je te présente le sergent Isaac... Sergent, mon frère, Dean", tout en repoussant une mèche qui lui tombe sur le front.

"Sergent ", le salue Dean, appuyé d'un hochement de tête.

"Il paraîtrait que vous seriez à la recherche de Walter Rosen ?", avec cet accent si typique du sud.

Le chasseur et le soldat : Les invisiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant