Le chasseur et le soldat : Les invisibles

Benny

Sioux falls. Deux jours et quelques heures plus tôt.

10.41PM.

"Laisse-moi t'accompagner ", le supplie Sam.

"Non, Sammy... Pas cette fois... C'est quelque chose que j'ai besoin de faire seul, tu comprends ? ", yeux plantés dans son café noir. " Et puis Bobby a besoin de toi ici ",rajoute-t-il.

Une excuse qui ne convainc personne, lui encore moins qu'un autre. Sam s'apprête à lui répondre, mais garde le silence. Il sait que rien ne le fera changer d'avis.

"Tu es sûr que c'est lui ? ", s'enquiert-il après quelques secondes.

"Ce Benny l'a formellement reconnu sur la photo du site... Ça plus le fauteuil et tout le reste...", appuyé d'un vague geste de la main avant de vider la moitié de sa tasse.

"Tu vas faire quoi ? ", relance le cadet.

"Mon sac ", rire dépité en reposant son mug.

"Dean ! ", soupirant devant sa pirouette.

"Je n'en sais rien foutre rien, Sammy ", en haussant les épaules, nonchalamment. " Je l'ai retrouvé. C'est tout ce qui compte... Pour le reste, j'aviserai sur place ", d'une voix posée. " Pour une fois, j'ai décidé de faire confiance à mon instinct pour autre chose que le boulot. "

"Okay ", après quelques secondes de silence. " Promets-moi juste deux choses ", renchérit le cadet.

"Dis toujours ", en levant les yeux vers lui.

"De un : faire un arrêt durant le trajet... Je n'ai pas envie d'avoir un de ces maudits coups de fil m'annonçant que mon frangin s'est encastré dans un arbre parce qu'il s'est endormi au volant ", en chassant une mèche de cheveux de son front.

"Promis ", en hochant la tête.

"Je ne parlais pas d'une pause café sur une aire d'autoroute ",précise-t-il, suspicieux.

"Tu fais chier ", maugréant entre ses dents.

"Dean ? "

"D'accord ", exaspéré. " Quoi d'autre ? ",en le défiant, les bras croisés.

"Je veux que tu me promettes de téléphoner... à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit et même si tu n'as rien à me dire. "

"Dude !? ", dubitatif, en fronçant du nez.

"Tu sais très bien de quoi je veux parler ", agacé.

"Hum ", de la tendresse plein le regard. " Promis... je tacherai d'éviter les fins de soirée... Je voudrais pas gâcher mes chances d'être tonton ", gouailleur.

"Imbécile ", en dodelinant de la tête, plus amusé que dépité.

"Alors, ça y est ", marmonne Sam après un nouveau silence. " Vraiment ? ", incrédule.

"Il semblerait, oui ", avant-bras calés sur la table.

"Il faudrait penser à contacter Gabriel ", du bout des lèvres. " À moins que ce Benny ne l'ait déjà fait ? "

"Nop... Je lui ai dit qu'on s'en chargerait. "

"C'est le cas ? ", surpris.

"Oui ", sans hésitation. " Mais je tiens d'abord à m'assurer que ce soit bien lui... Pas la peine de rajouter sa déception à la nôtre au cas où...", mots suspendus.

"Tu crois que ce Benny pourrait se tromper ? "

"Non... C'est juste moi.", en grattant le bord de table.