La promesse

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Dès son retour à Baker's house, Castiel a pris en compte les conseils de Corbett. Il a abandonné son fauteuil dans un coin de sa chambre après avoir posé ses livres sur la table. Puis s'est rendu sur ses deux prothèses jusqu'à la salle à manger, rejoindre les autres résidents pour le déjeuner.

Ils ne sont que quatre autour de la table. Quatre à se retourner vers lui dans une lente communion. Castiel se tient debout dans l'embrasure de la porte, une main en appui sur le mur. Il les salue d'un de ces sourires qui leur devient familier. Mélange de pudeur et de distance.

Abner se lève et lui tire sa chaise alors qu'il s'avance. Castiel doit encore apprendre à gérer les obstacles ordinaires. Il lui faudra quelques mois pour complètement maîtriser l'usage de sesprothèses, il en a conscience, mais là, pouvoir marcher, s'asseoir à hauteur d'homme... Pouvoir tendre la main pour saisir un bout de pain, se servir un café sans l'aide de personne. Se réapproprierces petits gestes anodins du quotidien.

Ce sont ses victoires sur une guerre perdue et une paix à gagner.

"Café ? " propose-t-il, hésitant, et la glace se brise.

Les tasses se tendent et les conversations reprennent comme si tout cela n'était que la suite logique des choses.


Comme l'opération de Lemuel programmée au mardi suivant. Un implant cochléaire et l'espoir de retrouver, si pas une meilleure audition, d'au moins diminuer son acouphène qui n'a cessé de s'aggraver et l'handicape bien plus que la quasi-surdité de son oreille.

Chacun y va de ses questions, mais Castiel lui n'y voit au final qu'une seule chose : cette opération, réussie ou non, signera la finde son séjour ici et probablement le glas de leur étrange lien noué au fil des pages.

Lemuel détourne la conversation vers la réunion du groupe de parole. Il croise le regard de Castiel et lui sourit, affable en se frottant le coin de la bouche du bout de sa serviette. Vestige d'une éducation d'un autre temps, d'un homme ayant fait une guerre par choix pour se mettre au défi d'exister autrement.

Jimmy vient prendre place, suivi de Martin et Rob. Rob dont les yeux s'attardent sur Castiel. Entre mépris et respect.

Rob qui n'arrive pas à sortir de ce cercle vicieux de haine et de rejet qui le ronge. Il les abhorre d'avoir ce courage, celui de vouloir s'en sortir, lui qui ne l'a plus et ne l'a probablement jamais eu.

Il les maudit de partir et de ne jamais revenir échouer entre ces murs auxquels il semble être voué. Incapable qu'il est de trouver sa place dans ces mondes qui ne sont plus les siens.

Même Martin commence à lui échapper.

Il perd le contrôle.

Le rictus qu'il lance à Castiel reste sans retour.

Qu'importe...

Un autre prendra bientôt sa place et peut-être que celui-là partagera sa haine.


Cesar et Sully quittent la table, cédant leur place aux nouveaux venus. La conversation dévie sur l'actualité. Le journal télévisé en toile de fond nourrit les débats.

La présentatrice évoque la Russie, la Chine, la baisse du Down Jones et les dernières élucubrations de leur président fantoche.

Pas un mot sur l'Afghanistan, la Syrie ou l'Irak.


Pendant ce temps, quatre vétérans viennent de mettre fin à leurs jours dans l'indifférence générale.

Le chasseur et le soldat : Les invisiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant