Pourquoi ?

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Une nouvelle fois Castiel esquive les questions et Dean n'insiste pas. Pas encore du moins.

"Et toi ? ", relance Castiel.

Dean soupire en croisant ses jambes sur le matelas de ce lit bien plus confortable que le précédent.

"Dean ? "

"Je suis là ", en lui souriant, mixe de tendresse et de lassitude.

Étrangement,il sait qu'à l'autre bout du fil, ce sourire lui est rendu.

Il se lance alors dans le compte-rendu de sa journée avec beaucoup moins de retenue que la veille.

Un bruit de porte qui se referme. Celui de bouteilles qui tintent et de papiers froissés. La voix de Sam et celle de Dean, étouffée par sa probable main sur le micro.


"À combien de chances avons-nous droit ? ", lâche Castiel à brûle-pourpoint.

"Quoi ? ", confondu.

"Pourquoi suis-je toujours vivant ? Pourquoi pas Gadreel ou Inias ? Pourquoi pas Alfie ? Pourquoi moi ? "

"Je sais pas... Parce que la vie est une putain de roulette russe ?", finit par lâcher Dean, fataliste. " Je me suis posé les mêmes questions quand ma mère est morte et puis mon père... Je n'ai jamais trouvé de réponses, mais, chaque jour, je me lève et je pense à eux... et j'espère juste... bah tu vois ", en haussant nonchalant les épaules, le cœur un peu en vrac. "juste qu'ils sont un peu fiers de moi ", du bout des lèvres, comme l'enfant qu'il est encore en cet instant aux yeux de ses parents absents.

Castiel l'entend, cette main sur l'épaule. Il peut presque voir la grande carcasse de Sam penché au-dessus de son frère. Complice dans cette douleur commune.


"À demain, Dean. "

"Cass ? ", inquiet.

"C'est l'heure du dîner », comme unique réponse.

"O... Okay... À demain ?" les mots en suspens.

"Salue Sam de ma part. »

"Salut, Cass ", fait écho la voix de ce dernier.

Il sourit avant de raccrocher.


À quelques milliers de kilomètres de là, les deux frères échangent un long regard. Sur la table, les sacs transpirent le gras des hamburgers et des frites.

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Le lendemain matin, Jimmy invite Castiel à les rejoindre pour le petit-déjeuner. Lui qui se contentait souvent d'un repas par jour doit aujourd'hui réapprendre jusqu'à ces simples gestes du quotidien.

Le gargouillement de ses intestins fait sourire Jimmy. Il sort en laissant la porte entrouverte.


Ils sont trois autour de la table. Lemuel, vêtu d'un costume sans cravate, journal dans une main et thé dans l'autre. Rob encore en pyjama, la mine renfrognée et le regard fuyant et, à l'extrémité de la table, un homme au visage poupin et au sourire un peu naïf, serviette autour du cou.

"Bonjour ", salue-t-il Castiel en se levant. " Vous êtes le nouveau ? ", en s'approchant. " Sully Torrence ",se présente-t-il, main tendue.

Après une courte hésitation, il la lui serre.

"Castiel Novak "

"Je viens de revenir de chez ma femme ", poursuit-il en reprenant sa place. " Enfin mon ex-femme ", rougissant. "C'était l'anniversaire de notre fils, Nathan... Il a eu huit ans, dimanche ", en redressant fièrement les épaules.

Le chasseur et le soldat : Les invisiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant