Ils ne se parlent pas beaucoup. Ni l'un ni l'autre ne savent quoi dire sur ces mois d'absence. Gabriel est assis sur le bord du lit, Castiel à sa gauche.
Il ne peut empêcher son regard de glisser sur le vide au bout du pantalon que son ami a laissé pendre comme deux membres fantômes.
Les mains serrées sur le bord de l'édredon, plus pour en cacher le tremblement pour que éviter de basculer, Castiel le laisse faire. Il n'y a ni dégoût ni jugement dans ces orbes dorés, juste des questions auxquelles il ne sent pas encore prêt à répondre.
"J'ai quelque chose pour toi ", finit par lancer Gabriel en fouillant la poche de sa veste, abandonnée à sa droite.
Il lui tend une carte postale cornée.
"Tu l'as gardée ? " s'étonne Castiel en n'osant s'en saisir.
"C'est la dernière chose qu'il me restait de toi... avec quelques photos... et pas mal de souvenirs aussi ", en lui heurtant gentiment l'épaule.
"Tout cela paraît si... irréel ", en regardant cette écriture,la sienne.
Heurtée, hésitante comme le sont tous les adieux.
"On t'a cherché si longtemps ", murmure Gabriel, les yeux fixant l'espace entre les mots.
"Je ne voulais pas être retrouvé ", détournant les siens vers son fauteuil roulant.
"Tu as toujours préféré fuir ", en jouant avec la carte. "Pas par lâcheté ", s'empresse-t-il de rajouter. "Simplement parce que tu n'as jamais su comment faire autrement. "
"C'est... C'était mon devoir de vous protéger... même de moi. "
"C'est là que tu fais erreur, Cassie ", en tournant la carte entre ses doigts.
Image. Mots. Image. Mots.
"Nous ne sommes pas tes hommes... Nous sommes tes amis... Et Dean...Dean bien plus encore ", rajoute-t-il.
"Gaby... ", las.
"Laisse-moi finir, tu veux ? ", en levant une main pour le faire taire. " C'est long une année d'angoisse àrésumer en quelques phrases ", de la tristesse dans son sourire, tournant la tête vers lui.
Castiel reste impavide.
"On n'a pas la prétention de comprendre ce par quoi tu es passé et passe encore, mais... mais c'est le passé, Cassie... Tu es vivant...Tu as un avenir... Tu nous as nous... Tu... "
"La ferme ", entre ses dents.
"Non, Cassie ", d'une voix douce mais assurée. " Je sais que tu es en colère... que tu en veux à la terre entière pour ce qui t'es arrivé... pour ce qu'il leur est arrivé ", en pointant la fenêtre comme on pointe l'autre bout du monde. "Mais ressasser tout ça ne va pas les ramener... Ça ne va pas te rendre tes jambes... T.. "
"LA FERME ", éructe Castiel, postillonnant sa rage. " Tu sais RIEN ", gronde-t-il. " Vous ne savez RIEN ", entendant la main pour attraper son fauteuil.
Il se sent glisser... Basculer... Tomber vers l'avant... et être rattrapé.
"Pardon, Cassie. Pardon ", en le ramenant vers lui.
Castiel se débat avant de finalement se laisser aller dans l'étreinte.
"Tu ne sais rien ", lui murmure-t-il à l'oreille, bras ballants, tête dans le creux de son cou.
"Je sais que t'es le mec le plus courageux que je connaisse... Je sais que t'es le meilleur ami que j'ai jamais eu... mais ce que je sais surtout, Cassie ", en l'écartant et l'obligeant à lui faire face. " C'est que tu vas y arriver parce que tu es une putain de tête de mule ", en lui prenant le visage en coupe. " Alors arrête de penser que tu n'as aucune valeur sans l'uniforme, ce n'est pas lui qui a fait l'homme que tu es...Avec ou sans ce fichu fauteuil, tu restes Cassie... Le mec avec qui j'ai fait les 400 coups et avec qui je compte en faire 400 de plus...Le mec dont Meg s'est entichée au point de beugler partout que tu es sa licorne ", ce qui fait sourire Castiel malgré son regard humide. " Le mec qui compte le plus aux yeux d'un stupide chasseur de primes à l'humour douteux ", en le secouant légèrement. " Le mec qui sera mon témoin de mariage. "
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Le chasseur et le soldat : Les invisibles
Hayran KurguUA Destiel. Il aurait dû passer à autre chose depuis longtemps, il le sait. Il a essayé, mais rien n'y fait ; ni les chasses ni ses soirées de beuverie... et encore moins le sexe...Ça le bouffe... Il se déteste pour ça.